• Réalisation : Arthur Harari
• Acteurs principaux : Niels Schneider, August Diehl, Hans Peter Cloos
• Durée : 1h55min
L’histoire : Pier Ulmann ne conserve de son père que l’image manquante d’un trauma familial. Issu d’une famille de riches diamantaires d’Anvers, Pier a coupé les ponts avec cette origine, du fait de l’accident terrible et auréolé de mystères qu’a vécu son père. Le jour il fait quelques chantiers, la nuit il cambriole avec doigté des maisons bourgeoises. Sa vie change lorsqu’il apprend la mort de son père : sa famille veut le revoir, lui ne pense qu’à se venger.
DIAMANT NOIR est un prisme à l’image de son objet. Comme le dit l’un des personnages : dans un diamant taillé, la lumière entre comme dans un miroir mais en ressort pourtant amplifiée. Premier choc, l’esthétique du film épouse parfaitement le genre du film noir, tout en restant très lumineuse. L’atmosphère du film n’est pas sans rappeler certains films policiers des années 70, comme si les œuvres d’Alain Corneau (Police Python 357) ou Jean-Pierre Melville (Le cercle rouge) étaient traversées d’une lueur d’optimisme malgré la terrifiante réalité dépeinte.
L’image trauma qui initie le film, va résonner au travers chaque situation, chaque personnage, pour en démultiplier sa portée mais aussi créer une série d’infimes variations qui exploseront dans un final à la fois introverti (un dialogue, passionnant) et extraverti (une scène d’action, sèche). Arthur Harari prend son temps pour poser son intrigue, mais jamais il n’oublie le plaisir du spectateur. Chaque scène révèle un aspect original des relations entre les personnages, sans-cesse mouvantes. En plus d’une direction d’acteurs remarquable (formidable interprétation du mentor de Pier Ulmann, par Abdel Hafed Benotman) le réalisateur réussit à traduire cette instabilité des personnages par des mouvements de caméras précis. Personnellement, Arthur Harari a réussi à me réconcilier avec l’utilisation des zooms.
« Sans tomber dans le maniérisme ou l’élégie philosophique désincarnée, DIAMANT NOIR parle avec finesse de la vérité intérieure à chacun »
Si au départ, le personnage de Pier (Niels Schneider, charismatique, juste et sensible) et le spectateur partagent un besoin de se venger de l’infamie faite à son père par les diamantaires, chacun de ces « monstres » s’humanise progressivement. L’empathie du spectateur envers Pier est d’autant plus forte que nous partageons son inconfort d’avoir détesté des personnages qui souffrent autant que lui, qui lui ressemblent bien plus qu’il ne désire s’en persuader. Sans tomber dans le maniérisme ou l’élégie philosophique désincarnée, DIAMANT NOIR parle avec finesse de la vérité intérieure à chacun, cette pierre brute qu’il faut polir afin d’en apercevoir la myriade de reflets.
Film noir introspectif et lumineux, le film de Arthur Harari réussit à la fois, à prendre aux tripes par son suspense et à toucher le cœur par ses résonances chez tout à chacun. Chaque famille dissimule ses secrets, parfois il faut oser forcer le coffre pour les rendre chatoyants à la lumière du jour.
Thomas Coispel
D’ACCORD ? PAS D’ACCORD ?
DIAMANT NOIR a été récompensé du prix du jury au festival du film policier de Beaune édition 2016. Chroniqué en partenariat avec CanalSat et 13ème Rue