Yippee- Kay- Ay, motherfuckers, John McClane is back après douze ans d’absence et fort est de constater qu’il n’est plus que l’ombre de lui-même.
Devenu lieutenant de la police de New-York, il apparaît comme un héros désabusé qui a divorcé et se retrouve dans une situation conflictuelle avec sa fille (dire qu’à un moment Britney Spears était pressentie pour jouer le rôle ?!?), fervent patriote limite kamikaze obéissant docilement aux ordres de ses supérieurs.
Mais où est passé notre bon vieux McClane plein de verve et effrontément rebelle ??? Là, on retrouve un moraliste au rabais avec des punchlines en berne (même sa phrase culte « Yippee- Kay- ay, motherfucker » est tronquée au profit d’une détonation et de bruits de verre) et à part quelques dialogues inspirés notamment la scène avec Kevin Smith, l’humour est bien moins présent dans cet opus que dans la trilogie que nous aimions…
Une chose ne change pas, il a toujours le don de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment… Une mission somme toute banale : appréhender un hacker et le ramener aux fédéraux voulant l’interroger le projette dans une opération de terrorisme car le jeune homme y est impliqué malgré lui et plusieurs sbires déchaînés sont à ses trousses pour lui faire la peau. McClane fait office de garde du corps pour le freluquet, à grand renfort de bastons musclées et de cascades explosives, avec une certaine efficacité mais une propension au ridicule tant elles peuvent être illisibles et où la bouillie numérique a la part belle, ce qui n’aide pas vraiment à rentrer émotionnellement dans le film.
Les adversaires de cet opus sont d’une brutalité et d’un professionnalisme irréprochable, bien que ceux qui connaissent la Miss Q, dans ses œuvres précédentes, regretteront sa sous-exploitation – comme le fut Jet Li à l’époque de L’Arme Fatale 4. En revanche, le méchant en chef (Timothy Olyphant) est d’une transparence incroyable et son charisme doit être à peu près celui d’un grain de poussière. A aucun moment, on ne ressent une menace comme pouvaient nous l’inspirer Alan Rickman ou Jeremy Irons dans les autres opus.
Son organisation criminelle, bien qu’ambitieuse, laisse plutôt indifférent vu que personne ne craint immédiatement pour sa vie à part les sbires s’acoquinant de trop près avec McClane. Dans les deux premiers films, quelques otages étaient à la merci des terroristes ; dans le troisième, la ville de New-York était la cible toute entière avec des explosions massives ici et là. Dans cet opus, on en veut à votre carte de crédit. Le bad guy n’a pas de personnalité. Et ce n’est pas l’interaction finale qu’il trouve avec McClane qui viendra lui donner de l’épaisseur puisqu’il disparaît aussi anonymement qu’il était apparu sans laisser aucune empreinte sur le film.
Die Hard 4 est-il un mauvais film ? Non, pas vraiment, c’est même un bon film d’action non stop bénéficiant d’une intrigue jeuniste mais en tant qu’un Die Hard, c’est un échec total ! Réveiller une franchise en sommeil douze ans pour ça ? Le bourrin Len Wiseman (Underworld 1 et 2) a pensé un film d’action à la Michael Bay mais n’a en aucun cas rendu justice à la franchise de John McTiernan. Ridiculiser et faire sombrer le héros cool d’une franchise qui l’était tout autant est un crime de lèse majesté : Wiseman au bûcher…