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[critique] D’Une Seule Voix

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Israéliens et Palestiniens, juifs, chrétiens et musulmans, ils sont avant tout musiciens. Partant du constat qu’il est maintenant impossible pour eux de se rencontrer en Israël ou dans les territoires palestiniens, le Français Jean-Yves Labat de Rossi, va les chercher chez eux, de part et d’autre du mur, pour les inviter à une tournée surprenante qui les réunira en France pendant trois semaines. Un pari audacieux qui se révèle rapidement risqué. Dès le début de la tournée, les rivalités apparaissent inévitablement. Sur scène, c’est un triomphe alors que dans les coulisses, le ton monte…

Note de l’Auteur

[rating:8/10]

Date de sortie : 11 novembre 2009
Réalisé par Xavier de Lauzanne
Film français
Avec Jean-Yves Labat de Rossi, l’Ensemble musical de Palestine, le Chœur d’enfants de Taibeh, la Chorale de l’Université de Bethléem
Durée : 1h25min
Bande-Annonce :

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=t78K3vW-nMI[/youtube]

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En visionnant D’une Seule Voix, mon esprit, viscéralement, s’est connecté avec une fiction dont j’ai déjà péroré avec toi, Lecteur, sur ce Blog, ‘La Visite de la Fanfare’ (d’Eran Kolirin). L’approche – fictive pour Kolirin et documentaire pour de Lauzanne – est identique : l’échine filmique s’articule autour de l’art musical. Engoncés dans un Conflit séculaire, Palestiniens et Israéliens sont iniquement dépeints au travers de l’unique prisme médiatique, prisme empreint d’un partisanisme doctrinaire estampillé ‘Occident’ – Lecteur, rends-toi service, amnistie la bouille sépulcrale de Jean-Pierre Pernaut, ‘D’Une Seule Voix’ n’est pas le fruit d’un acte manqué.

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Avec des moyens plus que minimalistes, Xavier de Lauzanne embarque sa caméra sur l’épaule – à la manière de Paul Greengrass dans Bloody Sunday, autre combat des Extrêmes – pour s’immiscer à bride abattue dans l’entrelacs relationnel de cette communauté hybride de musiciens. Rassembler ces composites provenant d’horizons culturels et religieux (les ‘trois’ monothéismes sont représentés !) aussi diversifiés peut paraître de prime abord prosaïque – Lecteur intellectuel de tout bord bien-pensant, délaisse cette page pour te préparer une suave infusion à la verveine. Après un décorum qui s’installe à son rythme, nous faisons connaissance avec les musiciens, les choristes, les chanteurs, l’organisation échafaudée par Jean-Yves Labat de Rossi Lecteur, ce Monsieur n’est personne d’autre que le maître d’œuvre aux synthétiseurs sur le premier opus du groupe Utopia, géniteur d’un rock progressif en pleine euphorie. Le plan du mur de béton, séparant les deux communautés, constitue le caractère ontologique de l’espace-temps qu’orchestreront les musiciens tout au long de la tournée en France. L’objectif de la caméra se glisse subrepticement dans les coulisses pour capter les moindres tensions qui s’attisent au gré des représentations, une parole de trop, un geste instinctif mal accepté, le spectateur se trouve immergé dans le cœur du conflit : la symbolique gestuelle, la symbolique vestimentaire et la symbolique sémantique apportent une profondeur de réflexion que nous ne pouvons esquiver. Les sensibilités s’exacerbent, le débat politique se fixe, le système se met en branle, le livre de la vie s’ouvre à notre regard, avec ses chapitres d’interrogations et de doutes, avec cette peur de l’autre et de l’inconnue qui plane en filigrane – ‘la vérité n’est pas le contraire du mensonge, la vérité, c’est la découverte de l’inconnu’ (Abbas Kiarostami).

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Quel chemin poursuivre ? Celui de l’espérance, incarnée par cette jeunesse israélo-palestinienne. La lumière se trouve blottie dans les tréfonds du regard d’Eti, cette israélienne qui chante en arabe coiffée d’un Keffieh, arborant son sourire comme le flambeau d’une génération. Les amitiés s’enfantent naturellement, sans fioritures, les gestes deviennent complices, les sanglots s’écument d’une ivresse frivole, les embrassades s’enveloppent d’un halo de franche cordialité. Nous sommes les témoins d’une communication restaurée entre israéliens et palestiniens, ne fut-ce que le temps d’une escapade hors de leur enceinte respective. Ne trouve-t-on pas là le message prophétique qui augure un embryon de reconstruction essentiellement bâti sur les volontés de chacun à surmonter ses propres phobies, que ce ‘chacun’ devienne cette singularité en marge d’une communauté dogmatique en métamorphosant le présent vers une forme de société annihilant les clivages, que ce ‘chacun’ fasse table rase de cette réalité, et redonne un sens et de la confiance au monde ? La démarche de Xavier de Lauzanne est en cela louable, le documentaire fournit ce terreau indispensable à une compréhension plus profonde, moins édulcorée, sans jamais naviguer dans l’outrecuidance d’une œuvre ‘politique’.

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La musique est peut-être l’exemple unique de ce qu’aurait pu être – s’il n’y avait pas eu l’invention du langage, la formation des mots, l’analyse des idées – la communication des âmes.’ Marcel Proust. D’Une Seule Voix diffuse un zéphyr d’espoir à l’adresse des générations futures investies de la responsabilité d’édifier les assises d’un nouveau modèle de société. L’Art constituera inévitablement l’un des enjeux majeurs de cette renaissance, que ce soit par la musique, la poésie ou la littérature, comme nous le prouve sublimement ce projet initiatique.

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Jérémy
Jérémy
Invité.e
27 décembre 2010 19 h 26 min

Très beau documentaire.

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