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[CRITIQUE] THE SHAMER

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Adaptation du premier tome d’une saga littéraire destinée aux adolescents, THE SHAMER débarque cette semaine sur les plateformes VOD et les linéaires de DVD. Puisqu’il existe peu de film d’heroic fantasy danois, cette production qui ne manque pas d’ambition, a réussi à se faire remarquer ces derniers mois dans différents festivals européens comme le BIFF ou Gérardmer. Au-delà du simple objet de curiosité qu’il représente dans le tout-venant du direct-to-video actuel, où la tendance est plutôt au post-apocalypse et à l’épouvante minimaliste ; le film de Kenneth Kainz part confiant grâce à un postulat de base, qui permet aussi bien de créer des interactions intéressantes entre les personnages, que de questionner les lois morales d’une civilisation imaginaire, miroir évident du système féodal établi dans notre monde réel au moyen-âge. Dina, fille d’une sorcière, hérite de son don de clairvoyance, qui consiste à révéler au grand jour le fond de l’âme d’un individu, simplement en le regardant dans les yeux.

Pas de tentative de spectaculaire ici, donc pas d’effets pyrotechniques pour exprimer la puissance et la singularité du protagoniste, mais au contraire un atout psychologique qui pourrait permettre à la jeune et innocente héroïne de tracer son parcours initiatique tout en subtilité, dans un univers médiéval rustre et manichéen où l’utilisation de la violence semble a priori plus efficace. Justement, le réalisateur affiche clairement son intention de traiter son film comme un récit initiatique, en gardant la caméra à hauteur du point de vue de Dina, et le spectateur est ainsi plongé en même temps qu’elle dans un monde d’adultes aux lourds enjeux politiques, où l’on règle le sort des opposants en les jetant dans la fosse aux dragons. A la différence de bon nombre d’œuvres d’heroic fantasy cherchant à séduire le jeune public (le paresseux Septième fils par exemple), THE SHAMER fait l’effort de ne pas coller de trop près aux codes ultra-balisés de l’appel de l’aventure, tel que le définit Joseph Campbell.

Photo du film THE SHAMER
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Dina ne quitte pas son doux foyer car un vieux mentor la guide vers un long voyage, où elle devra trouver un artefact aléatoire ; non elle doit participer au procès d’un homme, et se retrouve ainsi très vite impliquée dans les jeux de pouvoir du palais royal. Dans ses grandes lignes, le film se distingue donc de ses rivaux anglo-saxons, du moins dans sa première demi-heure, car passé ce timing, l’intrigue se délite dans un premier temps car les enjeux de cette première partie disparaissent sans laisser place à de nouveaux, alors que les parcours de notre jeune héroïne – comme celui des personnages secondaires qui se succèdent à l’écran – ne sont pas encore clairement dessinés. C’est finalement lors d’un troisième et dernier acte que le rôle de Dina se clarifie, et suit le même archétype que ses grandes sœurs de Divergente ou de Hunger Games, face à un tyran qui ment à son peuple. Je vous sens brusquement déçu, non ? D’une certaine façon, cela prouve les qualités parsemées au cours de l’histoire, car porté par Rebecca Emilie Sattrup, une jeune comédienne sincère, et délesté de tout l’environnement commercial qui accompagne généralement les productions américaines du même genre, le film avait jusqu’à ce point déterminant de son récit, de quoi gagner notre sympathie.

« La confrontation entre candeur et violence pourrait donner lieu à un contraste fort. Au lieu de ça, les deux forces se neutralisent mutuellement »

En fin de compte, la déception apparaît lorsque THE SHAMER nous rappelle qu’il est une adaptation de roman pour adolescents. Bien qu’on puisse lui reconnaître le mérite de ne pas prendre son public pour des idiots et d’oser traiter des problématiques adultes, quelque chose brime l’élan artistique du film. La confrontation entre candeur et violence pourraient ici donner lieu à un contraste fort, tant sur le plan visuel que scénaristique ; au lieu de ça, les deux forces se neutralisent mutuellement, sur les deux tableaux. La THE SHAMER pour rendre compte de l’âpreté de l’univers présenté, et la mise en scène est trop fonctionnelle pour s’autoriser quelques écarts poétiques. Certes le principe de l’œuvre est cohérent puisque c’est par son don particulier que Dina progresse dans sa mission héroïque, mais le réalisateur ne prend pas le temps de nous montrer les conséquences sur son esprit de petite fille, de ce qu’elle vit et de ce qu’elle voit dans le regard des autres. Comme si la jeune clairvoyante n’était qu’une fonction dans le récit, un symbole plutôt qu’un être humain, un miroir des autres personnages ironiquement privé de son propre ressenti.

Arkham

D’ACCORD ? PAS D’ACCORD ?

[divider]INFORMATIONS[/divider]

Affiche du film THE SHAMER

Titre original : Skammerens datter
Réalisation : Kenneth Kainz
Scénario : Anders Thomas Jensen d’après le roman de Lene Kaaberbøl
Acteurs principaux : Rebecca Emilie Sattrup, Jakob Oftebro et Maria Bonnevie
Pays d’origine : Danemark
Sortie : 4 mai 2016 en DVD, Blu-ray et VOD
Durée : 1h36 min
Distributeur : AB Vidéo

[toggler title= »Synopsis :  » ]Au royaume de Dunark, Dina est la descendante d’une longue lignée de Shamers, ces sorciers capables de lire dans les pensées de chacun et d’en révéler les secrets les plus honteux. Lorsque la famille royale est sauvagement assassinée, Dina est appelée à la Cour afin de faire parler le suspect que tout semble accuser…[/toggler]

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