[critique] Eldorado

Yvan, dealer de voitures vintage, la quarantaine colérique, surprend le jeune Elie en train de le cambrioler. Pourtant, il ne lui casse pas la gueule. Au contraire, il se prend d’une étrange affection pour lui et accepte de le ramener chez ses parents au volant de sa vieille Chevrolet.

Commence alors le curieux voyage de deux bras cassés à travers à un pays magnifique, mais tout aussi déjanté.

Note de l’Auteur

[rating:7/10]


Date de sortie : 18 juin 2008
Réalisé par Bouli Lanners
Film français, belge
Avec Bouli Lanners, Fabrice Adde, Philippe Nahon…
Durée: 1h 25min
Bande-Annonce:
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Un film d’une originalité certaine qui est l’occasion de retrouver Bouli Lanners derrière et devant la caméra après s’être fait remarqué dans des films aussi divers qu’attirants tels qu’Un Long Dimanche De Fiançailles, Enfermés Dehors, Cowboy ou encore dernièrement le très bon J’ai Toujours Rêvé D’être Un Gangster.

Ici, derrière une histoire somme toute banale et des dialogues légers se cache une réflexion intéressante sur la condition humaine à travers des émotions fortes comme la solitude, la vie, la mort.

Avec un récit solidement charpenté, une B.O. qui saisit le cœur du spectateur et une photographie digne des plus grands, Bouli Lanners réalise un véritable tour de force : le voyage de ces deux hommes atteint du même mal, de la même blessure, en quête d’un monde meilleur, leur Eldorado, qui mettrait un terme à cette souffrance, cette solitude qui les ronge peu à peu est passionnant.

C’est en fuyant cette monotonie qu’ils pourront trouver le salut.

Commence dès lors un road-movie filmé à la manière des grands classiques du 20ème siècle, traversant des régions aussi vides qu’inquiétantes, un voyage psychédélique fait de rencontres qui influenceront les choix de nos deux baroudeurs, un voyage intemporel oscillant intelligemment entre humour et déchirement.

D’autre part, Eldorado tire sa véritable force de l’interprétation magnifique de ses personnages qui vont au bout des choses sans retenues quelconques, sans barrières, sans limites.

Ainsi, on peut découvrir un Bouli Lanners au summum de son art dans un subtil mélange de sobriété fatiguée, de classe cabossée et de magnétisme animal ou encore un Phillippe Nahon (Haute Tension, Irréversible, Calvaire, Seul Contre Tous) plus inquiétant et énigmatique que jamais.

C’est également l’occasion pour nous cinéphiles attentifs d’assister à la naissance d’un nouveau talent à l’image de Fabrice Adde (découvert dans Paul Dans Sa Vie) qui nous offre une prestation poignante grâce à une désinvolture, un style inimitable nous plongeant dans la dure réalité d’un homme rongé par les remords.

Eldorado étant une comédie, le rire n’est cependant jamais très loin malgré les moments dramatiques avec des dialogues savoureux et des situations hilarantes : ainsi, le film est l’occasion d’apercevoir Alain Delon entièrement nu dans une scène déjà culte.

Un tel assemblage de maîtrise des règles et de capacité de les transgresser, de puissance d’incarnation et d’abstraction désarmante, de tristesse profonde et de liberté comique ne pouvait et n’avait pas le droit de passé inaperçu.

Eldorado est un trip sensoriel impressionnant qui séduit autant qu’il inquiète, une œuvre nécessaire qui donne à réfléchir, qui prend aux tripes si l’on se laisse embarquer dans ce voyage psychologique et psychédélique.

Une belle leçon de vie qui se regarde avec respect et admiration.

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