Voguant sur la mode de ces enfants tueurs instaurée il y a bien des années par un certain Luc Besson avec Léon et remis au goût du jour avec l’excentrique Kick-Ass, Hanna est une sorte d’ovni dans lequel les dangers de l’éducation parentale sont mis en exergues avec pour toile de fond un thriller politique se dévoilant au compte-goutte.
Savoir qu’un réalisateur comme Joe Wright est aux commandes d’un film du gabarit d’Hanna avait de quoi inquiéter. Présenté comme un film noir composé de scènes dures voire crues, comment quelqu’un comme lui, habitué aux drames intimistes entre deux personnes, allait-il faire pour effacer cette image dans l’esprit des spectateurs et surtout allait-il réussir à nous faire vibrer comme il avait réussi à le faire avec un film comme Le Soliste ? Et bien dès les premières minutes, le réalisateur parvient à nous faire tirer un trait sur sa filmographie pour nous présenter un film orchestré d’une main de maître.
Malgré quelques fautes pendant le parcours, Hanna reste un très bel exercice de style, dynamique et électrisant, nous embarquant dans une chasse à l’Homme à travers plusieurs pays. Hanna est une fillette élevée seule par son père en plein milieu de la forêt. Son éducation a été orchestrée du début à la fin par cet homme rongé par la haine, haine qu’il s’évertue à transmettre à sa fille. Cours de langue, de géographie mais surtout d’auto-défense, Hanna se doit d’être un caméléon hors pair pour remplir une mission : tuer Marissa la « sorcière » pour de sombres et mystérieuses raisons. Bien qu’un pu convenu, le scénario d’Hanna prend le temps de s’installer et se dévoile au compte-goutte pour se dévoiler entièrement dans un dernier quart d’heure électrisant à la fois dur et métaphorique avec ce parallèle instauré dès le départ avec les contes de frères Grimm.
Car Hanna est avant tout un conte sur un idéal de vie, un idéal de pensée d’une fillette qui découvrira la vie telle qu’elle est réellement au cours de sa traque. Désillusions, découvertes et rencontres humaines viendront pimenter le voyage « philosophique » de cette fillette n’ayant connu que la parole de son père.
Saoirse Ronan est peut-être la seule preuve que la nouvelle génération d’acteurs est encore capable de faire de grandes choses.
Pour rendre forte cette histoire humaine à échelle internationale, Joe Wright se devait de taper fort avec des acteurs reconnaissables – mais pas trop – et dotés d’une crédibilité sans faille. Le moins que l’on puisse dire c’est que, bien que ses choix soient quelque peu culotés, le casting d’Hanna est des plus convaincants. Eric Bana (très bon acteur quand il ne joue pas dans des soupes populaires) est parfait dans le rôle de ce père rongé par la haine, Cate Blanchett est magnétique au possible mais c’est avant tout la jeune Saoirse Ronan qui parvient à nous éblouir. Froide et glaciale à l’image de l’environnement dans lequel elle a été élevé, elle est la tueuse parfaite, celle qui nous attendrira avec son visage d’ange avant de nous briser la nuque avec ses petites mains douces et délicates. Après un rôle émouvant dans le Lovely Bones de Peter Jackson, Saoirse Ronan est peut-être la seule preuve que la nouvelle génération d’acteurs est encore capable de faire de grandes choses.
Antithèse du décevant Colombiana avec lequel il possède de nombreuses ressemblances, Hanna est un film d’un charme inébranlable, chirurgical et implacable à l’image de ses scènes d’action d’un réalisme très cru saupoudrée d’une bande originale magnétique signée par les Chemical Brothers. Joe Wright a réussi de la plus belle des manières ce virage à 180°.