Tout est bon dans Happiness Therapy et comme dans le cochon, ça fait beaucoup d’abats ! En clair, le film est séduisant dans son originalité et franchement indigeste lorsqu’il emprunte les sentiers battus.
David O. Russell, à qui l’on doit le très réussi Fighter, tente ici de calquer son univers au genre éculé et si normé de la comédie romantique. La singularité de Happiness Therapy tient à la folie qui entoure les personnages, à commencer par les protagonistes. L’un et l’autre sont aux prises avec la dépression ou la bipolarité donnant une scène de rencontre savoureuse. Pour point commun, ils compareront leurs traitements médicamenteux respectifs, scène jouissive qui échappe aux conventions du genre. La bonne idée est d’étendre la folie à toute la classe moyenne américaine : une cocotte minute sous pression, remplie d’individus déséquilibrés chacun porteur d’une névrose, d’une folie certaine. Qu’ils soient diagnostiqués ou non, institutionnalisés ou en liberté, ils présentent tous un déséquilibre. La plupart sont tangents moralement, on ne les aime pas immédiatement, ils ne sont pas les monolithes que l’on rencontre habituellement. On apprécie de ne pas devoir aimer avec le couteau sous la gorge.
Tout est bon dans Happiness Therapy et comme dans le cochon, ça fait beaucoup d’abats !
Les familles sont dysfonctionnelles et demeurent pourtant soudées. Dans Fighter déjà, les familles, les couples restaient unis par une force quelque peu mystérieuse. Tous fous ? Oui, mais fort heureusement nous nous trouvons dans une comédie romantique et le film oublie vite sa folle fraicheur. Pour David O. Russell, le couple est notre planche de salut. Le réalisateur, probablement touché par le discours d’Aristophane dans un fameux Banquet, filme l’individu hors-couple comme partiel, démembré et déséquilibré. Ainsi, le leitmotiv du personnage est de trouver littéralement sa moitié et l’équilibre. Le climax du film est d’ailleurs d’obtenir 5,0/10 à un concours de danse. L’histoire du cinéma compte des moteurs narratifs plus dingues. In fine, les comédies romantiques se clivent entre daube rance et filet mignon gourmet sur la seule question de l’attachement aux personnages. Là, le film se sauve par ses interprètes, surtout Bradley Cooper franchement convaincant (même Robert De Niro retrouve un peu de son talent). La midinette en nous ne peut s’empêcher d’être content pour les amoureux ; le film fonctionne donc en partie.
C’est surtout l’histoire d’un film d’horreur, d’une industrie cinématographique américaine, d’une moissonneuse-batteuse qui, sans pitié pour d’innocentes idées originales, resservira au-delà de la nausée les mêmes histoires et les mêmes scènes ; malheureusement les spectateurs ne se renouvellent pas assez vite. Il devient insupportable de regarder les films en creux et d’imaginer ce qu’ils auraient pu être.