HOUSE OF TIME
© Blue Moon Distribution

[CRITIQUE] HOUSE OF TIME

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Mise en scène
6
Scénario
6
Casting
6
Photographie
6
Musique
6
Note des lecteurs2 Notes
7.6
6
Note du rédacteur

HOUSE OF TIME est définitivement un ovni dans le cinéma français. Il appartient à une catégorie de films maladroits et terriblement attachants dont l’hexagone peu compter ses rejetons turbulents sur les doigts d’une main : la série B. Porter à l’image un scénario comportant un tant soit peu d’éléments fantastiques semble déjà un pari follement audacieux, alors j’ose imaginer que lorsque les frères Helpert ont démarché les boites de productions en proposant un récit de voyage dans le temps, la plupart des décisionnaires leur ont probablement conseillé d’arrêter la consommation de certaines substances, tel que l’entend le personnage de Robert lorsqu’il invite ses convives au voyage (intéressante mise-en-abîme, n’est-ce-pas ?)

Sur le papier, on pourrait croire que le concept est éculé et qu’il n’y a pas de mérite à s’essayer à ce type de récit piégeux, même avec un budget limité, puisque des productions modestes telles que Timecrimes ou Primer ont déjà réussi leur pari en leur temps. Si le projet de HOUSE OF TIME tient la route, c’est avant tout parce qu’il a su trouver une approche inédite du concept en proposant un huis clos où les personnages partagent jusqu’à la dernière minute leur doute quant à la véracité du voyage. Ce groupe individus des années 2000 a-t-il vraiment fait escale dans les années 1940 ? Ou bien n’était-ce qu’une immense supercherie, un jeu de rôle taille réelle concocté par leur hôte ? Dès les premières minutes, le spectateur comprend qu’il lui est permis de douter, puisque le réalisateur choisit de traiter l’intrigue à la Agatha Christie ou à la William Castle, dans un huis clos prétexte aux faux-semblants et aux confrontations des point de vue, jusqu’à ce que le puppet master (celui qui tire les ficelles dans l’ombre) accepte de révéler la mascarade. Là encore, on peut voir une mise en abyme pertinente, lors de laquelle le public doit accepter d’être baladé par le cinéaste, en même temps que les personnages se laissent balader par leur hôte. Hélas, les défauts nombreux et évidents du film risquent de rendre les spectateurs les plus exigeants réfracteurs au voyage.

Photo du film HOUSE OF TIME
© Blue Moon Distribution

La première chose qui frappe quand la scène de pré-générique présente les différents personnages, c’est le jeu hasardeux des comédiens, clairement à la peine pour ce qui est de donner une existence crédible à des figures soit trop effacées, soit trop caricaturales. Mais bien étonnamment, minute après minute, je me suis fait à cette direction d’acteurs. A mon avis, elle est parfaitement assumée par Jonathan Helpert qui a certainement pensé ses personnages comme sortis d’une bande-dessinée, d’une œuvre fondamentalement pop. Là où ce parti pris aurait pu m’agacer et rendre l’histoire totalement hermétique, j’ai su accepter cette filiation avec des récits populaires d’aventure ou de science-fiction, puisque cela participe d’ordinaire à ma sympathie pour les séries B. Le choix de l’Occupation et de ses grands méchants nazis comme point de chute de la faille spatio-temporelle, peut également être justifié par le traitement « BD pop » qu’ont choisi les frères Helpert. On leur excusera cette facilité pour renforcer le côté dramatique de l’aventure, sachant qu’ils ne disposent que du décor du château et de seulement une heure vingt de métrage pour broder une intrigue efficace.

L’ennui, c’est que l’indulgence du public a des limites, et qu’il est en droit d’attendre un minimum de crédibilité; là où la direction artistique bancale aurait plutôt tendance à renforcer le sentiment d’artificialité, déjà causée par le jeu des acteurs et le caractère même du huis clos, son décor théâtral l’isole de tout contexte. Un officier nazi d’opérette par ci, un costume ou accessoire qui sonne faux par là. Si ces irrégularités et ces imprécisions sont volontairement là pour nous faire douter du sens global de cette aventure, alors l’effet est clairement manqué, et au lieu d’osciller entre conviction et doute, on décroche tout simplement de l’intrigue.

« Malgré ses maladresses et ses carences, HOUSE OF TIME reste un film attachant. »

Le problème ne pourrait être qu’un problème de reconstitution, et je le mettrais alors sur le compte du manque de moyens de la productions. Mais les faiblesses apparaissent sur les différents plans du film : de la justification du procédé fantastique aux détails que le scénario met en place pour émulsionner les tensions et les questions que doit provoquer le genre, tous les éléments apparaissent sans qu’on ait vraiment le temps de comprendre en quoi ils étaient justifiés et s’ils semblaient cohérents. Par exemple, que fait l’américain dans cet histoire, si ce n’est sortir une expression anglo-saxonne tous les deux mots alors qu’il se retrouve en territoire ennemi sous la France occupée ? Et la jeune femme juive qui se demande si tout ça n’est pas une plaisanterie de son ami Robert. Pourquoi ce malade mental l’a-t-il invité et lui demande-t-il de ne pas perturber le continuum espace-temps alors qu’elle est personnellement impliquée par cette période de l’Histoire ?

Oui, définitivement, le spectacle est trop artificiel. Et si encore le fun et la surprise étaient garantis, au bout du compte, cette artificialité serait un mal nécessaire. Mais là où le film est frustrant, c’est qu’il n’utilise pas jusqu’au bout son concept de voyage dans le temps. En fin de compte, on aura assisté ici à un voyage vers un film d’époque, vers une destination certes dépaysante, mais sans les imbroglios qui rendent si savoureux les paradoxes temporelles et les enchevêtrement de causes et de conséquences. Malgré ses maladresses et ses carences, HOUSE OF TIME reste un film attachant, qui ne pêche pas par excès d’ambitions, mais parce qu’il ne va pas au bout de ses ambitions. On peut deviner dans certains de ses dialogues bien ciselés, qu’il prétend à un sens du romanesque à l’ancienne, un romanesque qui manque aujourd’hui au cinéma de genre. Une sorte de petit frère de C’était Demain de Nicholas Meyer, ou de Quelque Part dans le temps de Richard Matheson.

D’ACCORD ? PAS D’ACCORD ?

LES AUTRES SORTIES DU 13 JANVIER 2016
Carol, Creed, Bang Gang, Et ta soeur, A Second Chance, Le garçon et la bête, etc.

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Affiche du film HOUSE OF TIME

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Titre original : House of Time
Réalisation : Jonathan Helpert
Scénario : Jean Helpert
Acteurs principaux : Pierre Deladonchamps, Laura Boujenah, Maxime Dambrin
Pays d’origine : France
Sortie : 13 janvier 2016
Durée : 1h26 min
Distributeur : Blue Moon distribution
Synopsis : Robert d’Eglantine, invite des amis dans son château perdu dans la campagne afin de leur faire partager une expérience… Selon ses calculs, à 23h37, une faille s’ouvrira dans le continuum espace-temps, et les projettera 70 ans en arrière, en mai 1944, en pleine occupation allemande. Jeu de rôle savant ou véritable voyage dans le temps ? Les événements qui se dérouleront au cours de leur séjour pourraient changer le cours du temps

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