[critique] Jesus Camp

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Plongée dans un camp de vacances religieux aux Etats-Unis. Des enfants de familles chrétiennes intégristes attendent d’y recevoir la parole divine, et s’agitent, en transe, comme possédés, quand l’Esprit-Saint parle en eux. Des mômes qui maudissent Harry Potter – parce qu’un héros sorcier est une chose sacrilège ; des gamins qui vénèrent le leader de leur pays, et embrassent son effigie en carton…

Note de l’Auteur

[rating:8/10]

Date de sortie : 18 avril 2007
Réalisé par Heidi Ewing, Rachel Grady
Film américain
Avec Becky Fisher, Ted Haggard, Mike Papantonio
Durée : 1h24min
Bande-Annonce :

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=3ScKGQp60NM[/youtube]

Jesus Camp, ou la continuation du fascisme par d’autres moyens…Becky Fisher est une femme pasteur pentecôtiste, cette branche du protestantisme dont la foi s’exprime avec exubérance. Elle s’est investie de la mission d’endoctriner des enfants de 7 à 9 ans dans le but d’adhérer aux préceptes évangélistes dans toute leur splendeur : interdire l’avortement aux Etats-Unis, imposer la doctrine créationniste, fusionner l’Eglise et l’Etat.
Et lorsque Fisher affirme au début du documentaire ‘nous détenons la vérité’, une chape de plomb vous écrase la conscience !

Ewing et Grady vont suivre 4 enfants dans leur préparation et leur participation à un Camp d’été dans le Dakota du Nord. Tous les moyens seront mis en œuvre pour contribuer au bon déroulement de cet endoctrinement par la ‘base’, cette ‘base’ représentée par des enfants dont le cerveau absorbe comme une éponge tout ce qu’on lui ingère.
Le clou du spectacle sera le moment où l’effigie en carton pâte de Georges Bush sera offerte en pâture aux enfants, provoquant un élan de contemplation et de recueillement envers le leader controversé ! L’épisode de l’élection du juge de la Cour Suprême, Samuel Elito, dépeint parfaitement les collusions qui existent entre la politique gouvernementale et le mouvement évangéliste.
Que penser face à ces lobbyistes ‘pro-life’ agitant leurs poupées embryonnaires devant l’assemblée, pour dénoncer les milliers de meurtres par le biais de l’avortement ? Comment réagir devant ce ‘laveur de cerveau’ prêchant le créationnisme comme absolue vérité ?

Le documentaire pèche par son côté trop narratif, et laisse le spectateur en apesanteur intellectuelle, sans jamais lui permettre de marquer les pauses nécessaires pour digérer l’abondante matière. Les réalisatrices ont également pris le parti de se cantonner au Camp d’été, sans trop se pencher sur le poids réel que représente cette société extrémiste et fondamentaliste, qui recense près de 30 millions d’adeptes aux Etats-Unis, et qui joue un rôle prépondérant sur la scène politique nationale.
Hormis ces reproches mineurs, le film catalyse de nombreuses vertus de par son approche directe et nuancée, ne s’adressant pas uniquement aux ‘anti’ ou aux ‘pro’, refusant le traitement manichéen trop souvent de mise dans pareil sujet ! La violence de l’endoctrinement et le fanatisme exacerbé sont magnifiés par les longs plans séquences (certaines transes infantiles sont dérangeantes), le spectre de la caméra élargissant son champ de vision en filmant tour à tour les acteurs (enfants, prêcheurs) et les témoins (parents d’enfants).

Au sortir du film, notre regard s’ouvrira peut-être vers une analyse différente de la pratique religieuse. Le mimétisme avec l’endoctrinement des enfants dans les Jeunesses Hitlériennes plane en filigrane comme l’épitaphe d’une catastrophe annoncée.
A l’heure où les intolérances des uns servent les desseins d’une certaine frange fondamentaliste, ce documentaire a le mérite de démontrer que la violence religieuse n’est le monopole d’aucune confession !

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