C’est marrant le marketing.
Ça permet de vendre la caution sociale de la grande messe annuelle du cinéma, un film d’amour rédempteur sur fond de juge pour enfants, comme un film « coup de poing ». Mais que l’on ne s’y trompe pas. Oui, La Tête haute nous conte l’histoire du jeune Malony, délinquant depuis le berceau, voguant entre le bureau d’un juge, l’appartement de sa mère plus infantile que lui et les centres éducatifs. Oui, Emmanuelle Bercot, avec un réalisme quasi documentaire hérité de son passage à l’écriture du fabuleux Polisse, dresse le portrait d’un système judiciaire pour mineurs qui fait tout pour éviter de tomber dans la répression pure et simple. Malgré les injonctions d’un procureur novice plutôt amateur de la case prison, ne touchez pas 20.000 €. Oui, le film permet d’aborder la question du pénal chez les jeunes, de l’intérêt pédagogique de la prison et tout un tas d’autres trucs sociaux très intéressants.
Sauf qu’en fait, et c’est là qu’il y a tromperie marketing, la Tête haute nous parle surtout d’amour. L’amour qui fait mal. L’amour qui fait grandir. Un message louable, mais qui n’évite pas de tomber dans les écueils du drame social type et du gamin incapable d’exprimer ses sentiments autrement qu’à travers des extrêmes (pleurs, accès de violence, hurlements, c’est au choix). C’est sans doute vrai. C’est même sans doute comme ça que ça se passe en vrai. Mais on a déjà vu Mommy. Et Dolan, qu’on aime ou pas, sait mettre en scène cette « folie ».
Parce qu’à trop jouer la carte d’un réalisme radical, Bercot commet une faute. Son message se perd et on finit par ne plus savoir si elle tend à l’universel où si elle veut juste nous raconter un parcours, parmi d’autres. Celui de Malony, plus sauvé par la rencontre avec Tess que par les adultes pourtant présentés comme centraux. Et tant pis pour tous les autres jeunes qui n’auront pas la chance de trouver l’amour ?
« Entre bonnes idées, puissance et gros ratés, c’était bien, mais pas top. »
Reste des émotions intactes et des scènes d’une intensité certaine portées par des acteurs bien dirigés. Magimel, tout en retenue, fait un boulot formidable dans le rôle de l’éducateur. La reine Deneuve est incroyable en juge pour enfant. Rod Paradot crève l’écran et sera sans doute la révélation de la Croisette. Seule Sarah Forestier, erreur de casting, sonne faux, comme ses dents.
Bref, entre bonnes idées, puissance, et gros ratés, c’était bien, mais pas top.
Étienne
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• Titre original : La Tête haute
• Réalisation : Emmanuelle Bercot
• Scénario : Emmanuelle Bercot, Marcia Romano
• Acteurs principaux : Rod Paradot, Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Sara Forestier
• Pays d’origine : France
• Sortie : 13 mai 2015
• Durée : 2h0min
• Distributeur : Wild Bunch Distribution
• Synopsis : Le parcours éducatif de Malony, de six à dix-huit ans, qu’une juge des enfants et un éducateur tentent inlassablement de sauver.
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