On les appelle les Maras. Construits sur le modèle des gangs de Los Angeles, ces groupes de jeunes sèment la terreur dans toute l’Amérique Centrale. Plongée dans les banlieues de San Salvador dans le quotidien des membres d’une armée invisible. Nouveau fléau mondial qui détruit par la violence aveugle les principes démocratiques et condamne à mort une jeunesse privée de tout espoir d’avenir.
Note de l’Auteur
[rating:6/10]
• Date de sortie : 30 septembre 2009
• Réalisé par Christian Poveda
• Film mexicain, français, espagnol
• Durée : 1h30min
• Titre original : La Vida Loca
• Bande-Annonce :
La vida Loca – Bande-annonce VOST
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La Vida Loca n’est ni un film ni un documentaire à part entière. Il est à la limite de ces deux termes, dans un no man’s land situé entre un grand reportage et un moment volé.
Un reportage sur ceux qu’on appelle les Maras, groupes d’individus vivant au San Salvador et qui ont un seul but, un seul fil conducteur, une seule famille : leur gang. Un moment volé car on s’immisce au cœur de leur vie, entre pleurs, morts, drogue et musique.
La Vida Loca est donc un témoignage à ciel ouvert, sans barrières ni frontières, sans ajouts d’émotions ou d’effets spéciaux. Un simple miroir de ce que vivent tous les jours ces jeunes en mal d’espérance, en mal de vie.
Christian Poveda, réalisateur, co-producteur et directeur photo de ce film, a réussi à transcrire cette vie de tous les jours du gang qu’on nomme la Mara 18. Une descente aux abimes maculés d’assassinats et de règlements de comptes entre bandes rivales. Il ne laisse aucune place à une description, une narration qui pourrait souiller, flouter les prises de vues réalisées sur le vif.
Et c’est bien là que réside le plus gros soucis du film. A force de trop omettre, on ne comprend pas la signification des choses primordiales du documentaire, comme l’histoire de cette rivalité entre ces gangs, l’explication des tatouages, le fond propre du pourquoi ce long-métrage a été fait.
On passe d’homicides aux pleurs d’une famille, d’une boulangerie servant de lieu de réinsertion en tribunal d’instance, de représailles en peines de prison sans comprendre réellement le fond du problème.
Le film n’en est pas moins poignant et criant de vérité. On ne peut qu’être abasourdi face à cette violence, face à ce non-sens total de ces « frères » qui se battent au nom de leur gang. Ce dernier représente tout à leurs yeux et ils risqueraient sans hésiter leurs vies pour défendre ce chiffre, 18.
Des visages, des corps défigurés par tant de tatouages, de sigles et par ce chiffre ultime. Par ce simple fait, on pourrait aisément comparer ces gangs à du bétail qu’on a marqué avant de les emmener à l’abattoir. Cet abattoir qui n’est pas un mot trop fort car tous ses jeunes savent où ils iront pour la plupart. Enfermés, déposés dans une caisse en bois six pieds sous terre. Ils connaissent leur avenir mais ils ont cette foi qui transpire en eux et qui fait oublier toute peur, toute crainte face à cette guerre urbaine.
Alors oui, La Vida Loca est un bon film documentaire, bien tourné, qui nous emmène au cœur de ce gang, qui montre également tout le malaise qu’il y a au sein de la police qui n’arrive pas à juguler cette ultra-violence. Mais il subsiste cette amertume de ne pas tout savoir sur ce qu’on regarde, de ne pas connaître le début ni la fin de l’histoire. Il manque ce petit plus, ces petites explications qui auraient pu amener tellement plus de vitalité et de discernement au film.
Christian Poveda a réussi cependant à réaliser avec La Vida Loca un documentaire tout en émotion sur une situation que peu de gens connaissent réellement. Il est bien dommage et regrettable qu’il soit mort ce 2 septembre 2009 sous les balles de ce pour quoi il est venu au San Salvador : montrer simplement à la lumière du jour la noirceur de l’être humain.