Ah, Vincent Van Gogh… Icône de la peinture impressionniste s’il en est, icône mondiale de l’artiste torturé submergé par la grandeur de son chef d’œuvre. Avec son oreille coupée et sa rousse barbe hirsute, Van Gogh s’attire les regards des amateurs et des simples curieux depuis bientôt cent-trente ans. Depuis sa mort, dramatique, par suicide, en 1890. Il avait auparavant effectué plusieurs séjours en maison de santé, surmontant chaque enfermement par une nouvelle vague de tableaux incroyables, fous et lyriques. Chez le Néerlandais, Français d’adoption, les champs de blé deviennent or, les cieux se couvrent de spirales éclatantes, les êtres sont transfigurés par la couleur d’un regard ou l’inclinaison d’un poignet, détouré sur décor à motifs.
Avec cette Vie passionnée de Vincent Van Gogh, Kirk Douglas, immense acteur de légende aux multiples visages, revêt pour Vincente Minnelli les cheveux en bataille et les chemises tachées du peintre, qui se rêve pasteur avant de trouver dans la création artistique un exutoire aux idées qui le traversent constamment. Travesti en Parisien, le requinqué Van Gogh côtoie Pissarro, interroge Seurat sur sa méthode et fait la connaissance de Paul Gauguin, sa fine moustache portée par le brillant Anthony Quinn (oscarisé pour ce rôle). Gauguin, son ami et confident, à la vie, à la mort. Dans leur bicoque retapée du centre d’Arles, les deux esprits électrisent l’air en confrontant leurs perspectives respectives. Un génie en bouleverse souvent un autre.
La vie de Van Gogh est l’existence d’un danseur sur le fil du rasoir, d’un homme tiraillé entre son infinie générosité et sa pitié profonde pour les malheurs de ses contemporains, et la haine qu’il éprouve à ne pouvoir trouver en ce monde la beauté qu’il voudrait offrir à la contemplation de tous. D’où l’appui que le films trouve dans les toiles mêmes, qui appuyant la réalité montrée par Minnelli, en magicien du cinéma, qui prétend tel Georges Méliès donner corps aux merveilleuses silhouettes des tableaux (le postier Roulin, le docteur Gachet), aux magnifiques tons de la nature qui s’éveille ou s’endort. L’on voit un Van Gogh, puis l’on pénètre l’univers, qui renaît grâce à des dizaines de figurants, que les équipes du tournage filment sur les lieux et non en studio, s’il vous plait ! Paris, le Midi, Auvers-sur-Oise. La France des Impressionnistes au travers de la vision amoureuse d’un géant du spectacle américain.
« Un divertissement de première classe. »
Minnelli, celui du Chant du Missouri, d’un Américain à Paris ou de Gigi, reste dans l’histoire l’un des maîtres du cinéma grandiose et démesuré sorti des usines mais enrichi de prises de vues authentiques. Dans ces biopics à l’allure englobante du Hollywood classique, il y a ce lyrisme qui manque sûrement aux convenances des biopics actuels. Lyrisme que Steven Spielberg osait encore à grands frais dans son Lincoln, en 2012. Il y aurait peut-être par ailleurs cette conception du destin individuel comme d’une fatalité gréco-romaine antique. Troie devait être assiégée par le cheval qui abritait l’ennemi, ainsi le prêtre Laocoon fut tué par les serpents de la rusée Athéna. Van Gogh était un esprit rebelle mais sans espoir, ainsi il se devait d’avoir une carrière fulgurante mais courte, quittant ce monde à 37 ans à peine.
Par ses prestations sans reproche, sa musique soignée et sa photographie léchée, La Vie passionnée… rejoint la grâce des pièces de théâtres d’avant notre ère et la figure de Van Gogh celle des artistes incroyables que l’on élève au rang de héros mythologiques. Un divertissement de première classe, un bouquet de passion(s).
LES AUTRES SORTIES DU 05 AOÛT 2015
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• Titre original : Lust for Life
• Réalisation : Vincente Minnelli
• Scénario : Norman Corwin, d’après le roman de Irving Stone
• Acteurs principaux : Kirk Douglas, Anthony Quinn, James Donald
• Pays d’origine :
• Sortie : 1956 – ressortie 5 août 2015
• Durée : 2h02
• Distributeur : MGM
• Synopsis : Une biographie sélective de la vie et l’œuvre de Vincent Van Gogh, artiste génial mais tourmenté, entre inspiration, désespoir et démence.
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