LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM
© Mars Films Distribution

[CRITIQUE] LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM

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Scénario
7.5
Dialogues
9
Mise en scène
7.5
Casting
8.5
Humour
8.5
Musique
7
Note des lecteurs15 Notes
5.7
8

Les films de Michel Leclerc sont toujours réjouissants. Ils traitent de sujets graves par le biais de la dérision, de l’autodérision, de l’ironie, du décalage, de la finesse d’esprit, de dialogues affûtés et d’un sens comique des situations. Longtemps après la vision de ses films, on y repense avec un sourire aux lèvres et une petite réflexion qui trotte dans nos têtes. Il en était ainsi pour Le nom des gens ou Télé GauchoLA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM n’échappe pas à cette règle. Avec ce petit plus cette fois-ci, c’est qu’il n’est pas né entièrement du travail conjugué du réalisateur et de sa compagne co-scénariste Baya Kasmi, puisqu’ils se sont inspirés du livre éponyme de l’écrivain britannique Jonathan Coe. La rencontre de ces deux univers si proches et l’adaptation du roman sur l’écran sont réussies.

François Sim (Jean-Pierre Bacri) est un dépressif joyeux, sa vie n’est pas rose, mais il n’est pas pour autant triste. Il est souvent à côté de la plaque, à côté de ses pompes même, très premier degré, sans pour autant être un imbécile heureux. Il n’a pas appris les codes pour être un mari, un père, un homme tout simplement. On le verra dans ses multiples tentatives d’échanges avec son propre père, son ex-femme (Isabelle Gélinas), sa fille adolescente, sa patronne, les clients qu’il démarche et les gens qu’il croise. C’est un homme qui rame, qui essaie, qui se plante, qui cherche l’étincelle partout où elle se présente, qui vit, en somme. Il a cette faculté naïve et parfois pathétique d’aller nouer le dialogue avec de parfaits inconnus, sur n’importe quel sujet qui lui passe par la tête et il est même persuadé qu’un homme est mort d’ennui à force de l’écouter.
Il fait ainsi la connaissance de Poppy, interprétée par Vimala Pons, actrice fétiche de Baya Kasmi (Je suis à vous tout de suiteet croisée dans Comme un avion de Bruno Podalydès. Poppy lui fera rencontrer son oncle Samuel (Mathieu Amalric), qui d’une certaine manière, contribuera à bouleverser sa vie en lui prêtant le livre qu’il a écrit sur un navigateur « L’étrange voyage de Donald Crowhurst ».

Photo du film LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM
© Mars Films Distribution

Le scénario de Michel Leclerc met avec intelligence en parallèle ces deux vies car cette histoire va évidemment faire écho à celle de François Sim. Plus ce dernier avancera dans sa lecture, ainsi que dans celle d’un autre document rédigé par son père, plus il comprendra qui il est, d’où il vient, et où il va. LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM traite ainsi des thématiques chères aux deux scénaristes : l’impact des origines familiales et le poids des secrets sur les vies des personnages. Cet impact n’est d’ailleurs jamais abordé frontalement par le biais de la souffrance ou du mal-être du héros mais toujours de façon plus naturelle, comme partie d’un tout que le réalisateur nous donne envie de connaître. Il nous raconte ce sentiment qu’ont certaines personnes de ne pas être complètement dans leur vie, de se laisser guider par elle, de ne pas choisir, de ne même pas se douter qu’elles peuvent changer les choses.
François découvrira qu’il existe d’autres chemins de traverse, qu’il s’autorisera à prendre. C’est le GPS de sa voiture de fonction pour son nouveau travail qui, symboliquement, va l’y aider. Sur la route vers la Provence pour vendre une improbable brosse à dents écologique en poil de sanglier, il rendra humaine cette voix de GPS (c’est la chanteuse Jeanne Cherhal qui lui prête sa voix féminine) en créant une relation virtuelle, la dénommant Emmanuelle, imaginant ses questions et faisant d’elle la confidente qu’il n’a jamais eue.

« LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM dresse le portrait émouvant et délicat d’un homme à la dérive, qui s’accroche au roc de ses souvenirs et apprend à se reconnecter à ses émotions. »

LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM dresse donc le portrait d’un homme à la dérive, qui va se raccrocher aux rocs de ses souvenirs et les revisiter avec son œil d’aujourd’hui. Nous avons pris plaisir à accompagner ce personnage sur les lieux de son enfance et le voir s’ouvrir au monde, porter un nouveau regard sur la vie, se détacher du regard des autres et sortir de la boite dans laquelle il s’est laissé enfermer. Un film émouvant qui traite sous l’angle de la comédie de la façon dont un être humain peut enfin trouver sa place dans sa vie, dès lors qu’il s’autorise à se reconnecter à ses émotions et à les exprimer. Le regard bienveillant que porte le réalisateur sur François déclenche notre empathie absolue.
La mise en scène du réalisateur est riche et nous donne presque à voir trois films. Il fait des va et vient constants entre le parcours de François et celui de Donald, dont le récit nous parvient grâce à la voix sensuelle de Mathieu Amalric. Puis entre le François d’aujourd’hui et le François de ses dix-huit ans, évoluant auprès de son ami Lino et de sa sœur Luigia (Valéria Golino).  Enfin entre son père Jacques, et le Jacques d’hier (Vincent Lacoste).

Photo du film LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM
© Mars Films Distribution

Quant à la distribution des rôles, c’est simple : les interprètes sont tous parfaits. Mention spéciale à Jean-Pierre Bacri, ni bougon, ni grognon, ni grinçant, ni cynique comme souvent dans ses rôles. Il interprète dans ce road-movie empreint d’humour son personnage le plus émouvant, avec délicatesse et subtilité. Gageons qu’il obtiendra enfin avec ce film son César de meilleur acteur ! Mathieu Amalric apporte au film cette touche sensuelle, malhabile et distanciée que nous apprécions généralement chez lui, et que nous avions trouvé trop surfaite dans Belles-Familles. Signalons pour son premier rôle au cinéma (Lino jeune) Victor Belmondo, petit fils de Jean-Paul Belmondo. Enfin, tel un Petit Poucet qui jouerait avec le spectateur, Michel Leclerc sème caméos et autres petites phrases. Nous avions croisé l’homme politique socialiste Lionel Jospin dans Le Nom des gens, Ici, c’est Jean Poperen ou le titre du dernier film de sa compagne qui seront notamment cités.
Un film poignant dont la musique romanesque signée Vincent Delerm, qui compose pour la première fois pour le cinéma, nous mène doucement vers une chute surprenante, voire déconcertante.

D’ACCORD ? PAS D’ACCORD ?

LES SORTIES DU 16 DÉCEMBRE 2015
STAR WARS VII, L’ATTENTE, HOUSE OF TIME, Mr SIM, LE GOÛT DES MERVEILLES, LE GRAND JEU, LE DERNIER JOUR D’YITZHAK RABIN…

A lire également notre interview de Michel Leclerc et Jean-Pierre Bacri

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Affiche du film LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM

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Titre original : La vie très privée de Monsieur Sim
Réalisation : Michel Leclerc
Scénario : Michel Leclerc, Baya Kasmi, d’après le roman éponyme de Jonathan Coe
Acteurs principaux : Jean-Pierre Bacri, Mathieu Amalric, Valéria Golino, Isabelle Gélinas, Vimala Pons
Pays d’origine : France
Sortie : 16 décembre 2015
Durée : 1h42min
Distributeur : Mars Films Distribution
Synopsis : Monsieur Sim n’a aucun intérêt. C’est du moins ce qu’il pense de lui-même. Sa femme l’a quitté, son boulot l’a quitté et lorsqu’il part voir son père au fin fond de l’Italie, celui-ci ne prend même pas le temps de déjeuner avec lui. C’est alors qu’il reçoit une proposition inattendue : traverser la France pour vendre des brosses à dents qui vont « révolutionner l’hygiène bucco-dentaire ». Il en profite pour revoir les visages de son enfance, son premier amour, ainsi que sa fille et faire d’étonnantes découvertes qui vont le révéler à lui-même.

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