• Réalisation : Steven Spielberg
• Acteurs principaux : Dany Boon, Ruby Barnhill, Mark Rylance
• Durée : 1h55min
Après avoir achevé sa trilogie historique (Cheval de Guerre, Lincoln & Le Pont des Espions), Steven Spielberg revient à un cinéma plus enfantin en adaptant LE BGG – LE BON GROS GEANT, tiré du roman éponyme écrit par Roald Dahl. L’histoire est celle de Sophie, une jeune orpheline au caractère bien trempé qui se fait enlever par un géant et se retrouve plongée dans un monde nouveau et merveilleux : le monde des géants.
On comprend rapidement pourquoi Steven Spielberg a voulu porter cette histoire au cinéma tant l’humanisme qui le caractérise inonde la pellicule et le scénario. Ce géant kidnappeur est en fait tout ce qu’il y a de gentil. Voir de trop gentil. Cet enlèvement est le début d’une amitié entre deux êtres qui s’opposent par la taille mais se trouvent par le caractère. Deux êtres solitaires, n’ayant pas de « meilleurs amis », qui voient dans le cœur de l’autre la bonté qui rend une personne belle. La forme et le genre change mais le discours reste le même que dans Le Pont des Espions : croire en l’autre, malgré les différences. Vouloir livrer ce message aux plus jeunes est une démarche salutaire mais encore faut-il arriver à les captiver durant presque 2h. Le gros soucis du film est son inégalité rythmique et ses enjeux trop maigres pour tenir en haleine. Le climax, certes sauvé par un plan-séquence redoutable, tombe très vite à plat et est réglé en un rien de temps. Un final à l’image du film : prometteur mais gâché. Alors que juste quelques minutes avant le long-métrage se permet d’éterniser une scène au palais de la reine d’Angleterre afin d’aboutir une série de gags à base de pets et de cocasseries sans génie. L’humour de manière général, parasite le film, et fonctionne par intermittence seulement.
A côté de ça, il faut reconnaître que LE BGG est parsemé de moments brillants. Comme cette magnifique scène où Sophie et Le BGG regardent en projection sur un mur le rêve d’un enfant. Steven Spielberg montre l’amour qu’il a pour les belles histoires (au sens le plus noble du terme). Pas étonnant que la jeune héroïne principale soit une amatrice de livres ayant une infaillible croyance en ce qu’elle lit. C’est d’ailleurs cela qui la pousse une nuit, à sortir de son lit pour « voir derrière le rideau » ce qui peut s’y cacher. Tout un pan de la filmographie de Steven Spielberg (E.T, Hook, Indiane Jones) se prolonge avec ce film, où l’on retrouve indéniablement les thématiques qui ont participé à rendre son cinéma si beau. Le problème étant cela dit, que l’histoire qui nous est contée est réduite à nous faire découvrir les spécificités du monde des géants. Au-delà de la formidable idée sur la fabrication des rêves, l’intrigue n’est motorisée par aucun enjeu ou suspense. Il ne reste qu’à se reposer sur l’humour et le merveilleux pour essayer de nous titiller. Et sur deux formidables acteurs aussi ! Un Mark Rylance en pleine bourre sous la caméra de Spielberg et la jeune Ruby Barnhill – pour ce qui est son tout premier rôle, font naître une belle alchimie.
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Ce qui est d’autant plus rageant, c’est que le message (accepter la différence des autres, exprimer sa personnalité) et sa recherche d’émotions fonctionnent. Parce que le réalisateur américain a cette naïveté, cette pureté, pour mettre des bons sentiments à l’écran sans que ce soit dégoulinant. Tout comme il affiche l’assurance habituelle qu’on lui connaît dans sa mise en scène – les très belles premières minutes en attestent. Avec les années, on s’est habitué à le voir si serein et LE BON GROS GÉANT ne vient pas amplifier notre admiration. Parce que la mise en scène ne peut tenir d’elle-même si elle n’est pas irriguée par un motif narratif nous maintenant en éveil. Par exemple, la scène de traque dans le laboratoire du BGG est plus réussie que le final parce qu’elle intègre un véritable suspense implanté plus tôt. Chose qui manque cruellement au film dans sa globalité. Doit-on accorder à Spielberg que son humanisme suffit à rafler la mise ? Oui et non. Non car maintenant, on est en droit d’attendre plus d’un tel réalisateur, bien qu’il fasse un projet à priori destiné prioritairement aux enfants. Oui car lorsqu’il s’y met, la machine fonctionne. A choisir, on préfère le voir moins sur nos écrans mais avec des propositions plus affinées. Un petit Spielberg dans une bonne grosse filmographie.
Publié le 14 mai 2016.
Maxime Bedini
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