Photo du film LE COLLIER ROUGE
© Alain Guizard / ICE 3.

LE COLLIER ROUGE, hommage un peu bourru à la guerre 14-18 – Critique

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Amputé par sa durée bien trop courte, cet hommage aux soldats de la première guerre mondiale tombe dans le simplisme et le raccourci malgré la richesse des thèmes abordés.

Il avait en partie mis de côté son univers dans Bon Rétablissement. Il le retrouve entièrement dans LE COLLIER ROUGE, histoire d’un commandant militaire (François Cluzet) qui se retrouve dans un petit village pour juger un ancien soldat de la guerre 14-18, pourtant décoré de la légion d’honneur (Nicolas Duvauchelle).

Jean Becker, c’est cet amoureux de la vie à la campagne. Celle des petits gens qui vivement chichement de pêche, d’amitiés, de friches et de comptoirs. Bien sûr, on retrouve cette France champêtre dans LE COLLIER ROUGE. Et ça se ressent, Becker prend plaisir à filmer ces bicyclettes, ces foins, ces lieux bucoliques et ces personnages simples et bourrés de bons sentiments. Comme au bon vieux temps, celui des Enfants du Marais et des Effroyables Jardins, teintés de bienveillance.

Photo du film LE COLLIER ROUGEMais cette fois-ci, il n’en fait pas le ressort principal de son propos. Lui qui a toujours été impressionné par son grand-père, ancien poilu qui n’a jamais parlé de ce qu’il avait vécu, en a fait le parallèle avec le roman de Jean-Christophe Rufin, qu’il adapte ici. Il veut parler de cette guerre ; LE COLLIER ROUGE en est le réquisitoire. Dans le contexte du centenaire, le film fait la synthèse de ce qu’est, selon le peuple de 2018, la guerre 14-18. La pluie la boue les blessés et les sacrifices, et l’arrière-front qui attend, envoie des lettres et pleure ses enfants.

Ce qui intéresse Jean Becker, ce sont les personnages éloignés de tout, du parisianisme et des préoccupations nationales. Paisibles dans leurs campagnes à vivre d’amour et d’eau fraiche, ils partent naïvement mais obligatoirement à la guerre. S’entassent dans des trains, arrivent sur les champs d’horreur, se transforment en chair à canon, donnent trop à la nation sans que la nation ne leur donne quoi que ce soit en retour. Le message est clair. Et les moments qui le mettent en scène font leur petit effet, quoique parfois grossièrement nourris de l’imaginaire collectif de la figure du poilu : la crasse en devient presque belle.Photo du film LE COLLIER ROUGEL’œuvre aurait quand même eu plus de gueule si elle n’avait pas été brouillonnée. LE COLLIER ROUGE est une succession maladroite de flashbacks. Bien sûr, on y parle de l’horreur de la guerre, de ces batailles vaines qui n’ont d’autre but que d’y trouver la mort. Mais on parle aussi d’amour (avec l’actrice Sophie Verbeeck), d’amitié, de la fidélité d’un chien à son maitre. Egalement de l’orgueil, celui de la hiérarchie, celui du soldat, celui de l’amoureux. Et, enfin, d’héroïsme. Jean Becker le critique quand il est défini comme l’accomplissement irréfléchi d’un ordre, au péril de sa vie, pour une grossière décoration sur la poitrine.
Bref… on comprend bien que tous ces éléments sont là pour nourrir le cheminement intellectuel du juge dans sa quête de compréhension. Mais c’est bourru. Ils arrivent comme un cheveu sur la soupe, sans trop de fond. La trop courte durée du long-métrage n’arrange en rien le résultat.  LE COLLIER ROUGE ne peut que caresser les thèmes en surface avec une seule petite heure et 23 minutes ! Pas de recul n’est possible pour tout digérer complètement, et surtout, pour ne pas se détourner du fil conducteur, celui de la confrontation (ou presque) entre le juge et l’accusé. Celle-ci tombe dans le simplisme et le raccourci.

Et le duo formé par les remarquables François Cluzet et Nicolas Duvauchelle ne peut rien y faire : la relation entre les deux personnages, qui par vocation ou par obligation ont souffert de la guerre, se retrouve fadasse. A peine a-t-on le temps de rentrer à l’intérieur de leurs têtes que le film est déjà fini, dans une sorte de semi-twist bien peu impactant.
On dit bien souvent le contraire quand on sort d’une salle de cinéma avec la mine déconfite, mais LE COLLIER ROUGE mériterait bien 20 à 30 minutes de plus. Avec un récit subtilement construit, où l’on prendrait le temps de rentrer au cœur des sujets, d’installer une tension et une réflexion psychologique, cet hommage sur grand écran aux poilus, aussi personnel et bienveillant soit-il, aurait eu un tout autre statut que celui de n’être… qu’anecdotique.

Yohann Sed

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Titre original : Le Collier Rouge
Réalisation :Jean Becker
Scénario :Jean Becker, Jean-Loup Dabadie, Jean-Christophe Rufin
Acteurs principaux :François Cluzet, Nicolas Duvauchelle, Sophie Verbeeck
Date de sortie : 28 mars 2018
Durée :1h23
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