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nnaud n’a plus, depuis longtemps, l’aura qu’il possédait à l’aube des années 90. Les échecs critiques successifs de DEUX FRÈRES, SA MAJESTÉ MINOR et OR NOIR auront eu raison de sa réputation, et c’est avec pas mal d’étonnement qu’on le retrouve en ce début 2015 à la tête de cette co-production franco-chinoise (quand on se remémore son passé houleux avec la Chine à la suite de la sortie de SEPT ANS AU TIBET), la troisième de l’histoire après LAO WAI de Fabien Gaillard et LE PROMENEUR D’OISEAU de Philippe Muyl, toutes trois mises en chantier à la suite du traité de 2010. Annaud adapte ici LE TOTEM DU LOUP, best-seller de Jiang Rong, vendu à près de 20 millions d’exemplaire dans l’Empire du Milieu.
Œuvre certes surprenante au premier abord mais qui trouve néanmoins une place très cohérente au sein de la filmographie du cinéaste français : des animaux dans des rôles principaux, un propos écologique, une production et un tournage d’envergure. On pense évidemment à L’OURS, film auquel LE DERNIER LOUP fait écho, mais c’est presque du côté de chez Kevin Costner qu’il faudrait aller chercher un point de comparaison : impossible de ne pas penser à DANSE AVEC LES LOUPS, dans ce choc des cultures sur fond de film d’aventure écolo-animalier.
Premier constat : Annaud n’a pas perdu la main. Malgré l’âge et ses récents déboires artistiques, LE DERNIER LOUP retrouve le souffle épique de ses anciennes productions. Les steppes mongoles forment un formidable terrain de jeu pour le réalisateur qui fait flotter sa caméra dans ces paysages grandioses. Mais c’est surtout la volonté d’Annaud d’éviter les effets numériques et d’utiliser de véritables animaux qui participe grandement à la réussite formelle du long-métrage. Certaines scènes – dont celle, incroyable, de la poursuite dans le blizzard – viennent souligner que l’on est face à un réalisateur majeur de la fin du XXème siècle. L’un des derniers grands de ce genre de cinéma presque oublié, certes très académique, mais d’une maîtrise qui force un brin d’admiration.
”Prévisible, de manière générale assez candide, mais surtout très moyennement construit”
Le problème du DERNIER LOUP c’est ce qu’il y a derrière. Si on remarque avec plaisir que le film est tout sauf conciliant avec le régime chinois, c’est avec beaucoup plus d’amertume que l’on apprécie le scénario. Prévisible, de manière générale assez candide, mais surtout très moyennement construit : difficile de s’attacher aux personnages, qui subissent pourtant des tentatives de travail, et ce n’est pas les quelques tentatives diégétiques plus courageuses qui sauvent le film de l’échec narratif. LE DERNIER LOUP aurait clairement mérité un traitement plus approfondi, un scénario plus travaillé ou plus fin, car c’est presque l’impression d’être face au brouillon d’une belle copie qui nous submerge tout du long.
LE DERNIER LOUP est un film solide, qui n’est malheureusement pas le grand comeback d’Annaud qu’on aurait pu attendre. Et ce n’est pas la très agréable bande-originale de James Horner – chose de plus en plus rare –, ni la force visuelle du film, et encore moins la qualité des interprètes qui viendront sauver le film de cette triste constatation : déception à la hauteur des espoirs qu’on avait pu fixer en lui. C’est évidemment meilleur que Sa Majesté Minor, mais on est à des kilomètres de l’étau émotionnel de L’OURS.
Les autres sorties du 25 février 2015
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• Réalisation : Jean-Jacques Annaud
• Scénario : Jean-Jacques Annaud
• Acteurs principaux : Feng Shaofeng, Shawn Dou
• Pays d’origine : France, Chine
• Sortie : 25 février 2015
• Durée : 1h55min
• Distributeur : Mars Distribution
• Synopsis : 1969. Chen Zhen, un jeune étudiant originaire de Pékin, est envoyé en Mongolie-Intérieure afin d’éduquer une tribu de bergers nomades. Mais c’est véritablement Chen qui a beaucoup à apprendre – sur la vie dans cette contrée infinie, hostile et vertigineuse, sur la notion de communauté, de liberté et de responsabilité, et sur la créature la plus crainte et vénérée des steppes – le loup. Séduit par le lien complexe et quasi mystique entre ces créatures sacrées et les bergers, il capture un louveteau afin de l’apprivoiser. Mais la relation naissante entre l’homme et l’animal – ainsi que le mode de vie traditionnel de la tribu, et l’avenir de la terre elle-même – est menacée lorsqu’un officier du gouvernement central décide par tous les moyens d’éliminer les loups de cette région.
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