[dropcap size=small]U[/dropcap]ne fois acceptés leur caractère informatif, il y a pour moi, peu de types de docus…
Il y a ceux qui utilisent l’empathie;
– soit pour convaincre le spectateur de l’importance de leur propos, comme c’est le cas cette semaine dans Citizen Four, ou Ed Snowden personnifie l’idée d’une quête de justice sincère et incontestable;
– soit pour le culpabiliser… comme c’est par exemple le cas dans les documentaires M6 ou TF1, ou dans les agressifs brulôts de Michael Moore.
Il y a également les hybrides, type Samsara, Heinrich Himmler– cette année, ou ceux de Frederic Wieseman*
Puis, comme LE GRAND MUSÉE, il y a ceux qui auscultent un univers avec une certaine froideur et par là, transmettent les informations de la façon la plus objective possible en laissant le spectateur hiérarchiser leur importance.
Ainsi, Johannes Holzhausen fixe sa caméra dans le musée de l’histoire de l’art de Vienne. Le mouvement, dans LE GRAND MUSÉE, ne sert qu’a envisager l’immensité de l’endroit.
« L’art n’est pas le véritable sujet du GRAND MUSÉE. Plutôt, la passion déployée par tous les employés pour faire vivre leur établissement, et par là, l’art. »
LE GRAND MUSÉE ausculte ainsi, tous les métiers mis-à-contribution pour faire fonctionner le musée. Du big-boss, au manutentionnaire, en passant par le directeur des ventes, les restaurateurs, etc.
Chacun est observé, pendant le temps nécessaire au spectateur pour comprendre quel est son rôle. Puis, on embraye immédiatement; Hormis un directeur de musée Anglais très enthousiaste, une gardienne affligée par le manque d’avenance de ses collègues, et un technicien découvrant un problème dans sa restauration, peu de personnages parviennent à gagner notre sympathie; seules la rigueur et l’application sont montrées par la caméra de Johannes Holzhausen.
Un schéma commence rapidement à apparaître: description d’un métier, interactions avec l’extérieur, bilan économique, et bis repetita… Ce qui peut légèrement diminuer l’intérêt pour le film, par delà la mise-en-scène chirurgicale auscultant les différents organes de ce musée personnifié.
Mais surtout, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ce n’est pas l’art, le véritable sujet du film.
Le réalisateur ne montrera quasiment jamais sa propre passion pour les nombreuses et variées œuvres présentées.
Non. Ce qu’il met en valeur, c’est plutôt la précision nécessaire à la mise en valeur de ce trésor national.
LE GRAND MUSÉE reste de ce point de vue, assez fascinant. Déjà, par la méticulosité déployée par chacun. Puis, en filigrane, lorsqu’on voit se tisser une toile sociale dans la hiérarchie du musée… L’aspect économique est d’un autre coté, montré sans fard: l’art est également un business. De plus, la mise-en-scène de l’art EST un art, à part entière.
Ces aspect sont capitaux et nécessitent de chacun, un investissement total; la (sur)vie de l’établissement dépend de leur interaction.
Au final, en totale connexion avec l’affiche et l’introduction/conclusion du film, le musée de l’histoire de l’art de Vienne doit être vu comme Une Tour de Babel: en évolution constante, ou l’Esperanto serait l’art, et dont les fondations seraient la passion et la méticulosité. Passionnant !
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• Réalisation : Johannes Holzhausen
• Scénario : Johannes Holzhausen, Constantin Wulff
• Acteurs principaux : –
• Pays d’origine : Autriche
• Sortie : 4 mars 2015
• Durée : 1h36min
• Distributeur : Jour2fête
• Synopsis : Le Grand musée pose un regard curieux et plein d’humour sur les coulisses de l’un des plus grand musées au monde, le Musée de l’Histoire de l’Art à Vienne. A l’occasion de la rénovation d’une aile du musée, le film nous plonge au coeur de cette institution colossale, et nous fait partager l’intimité de ses employés. Directeur général, conservateurs, équipes de nettoyage, manutentionnaires ou historiens d’art, tous passionnés et passionnants, nous entraînent dans leur quotidien, au service des oeuvres.
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*je n’ai pas encore vu National Gallery mais compte le voir dans la semaine prochaine, avec update de cette critique, of course 🙂