[critique] Le Limier

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Milo Tindle, un jeune comédien au chômage, se rend chez Andrew Wyke, millionnaire et auteur de romans policiers. Son objectif : convaincre le romancier de divorcer de son épouse avec qui il vit désormais. Contre toute attente, Wyke accepte. A une condition cependant : Tindle devra l’aider à simuler le cambriolage de sa propriété, afin de toucher l’argent de l’assurance… C’est le début d’un duel implacable entre deux intelligences rivales, entre deux hommes qui sont peut-être moins opposés qu’il n’y paraît…

Note de l’Auteur

[rating:7/10]


Date de sortie : 13 février 2008
Réalisé par Kenneth Branagh
Film américain
Avec Jude Law, Michael Caine, Harold Pinter
Durée : 1h 26min
Bande-Annonce :
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Il est toujours très délicat de faire le remake d’un film, surtout quand ce dernier est considéré comme un film culte. C’est le cas avec ce film. Le Limier est à l’origine un film de 1972 réalisé par Joseph L. Mankiewicz et dans lequel on ne retrouve pas moins que deux figures emblématiques du cinéma : Michael Caine et Laurence Olivier, rien que ça ! Pour la petite anecdote, les plus méticuleux et attentifs d’entre vous auront s’en doute remarqué que Michael Caine joue dans les deux versions du Limier. Cela est vrai à la différence qu’il n’interprète pas le même rôle suivant la version : dans l’original il était le jeune Milo Tindle, jeune homme séduisant confronté à un homme mystérieux, alors qu’ici il interprète ce fameux romancier mystérieux et adepte de jeux sordides. Ce revirement de bord (si l’on peut l’appeler ainsi) est très intéressant, l’acteur s’en donnant à cœur joie de faire éprouver à Jude Law ce que lui-même a dû éprouver dans l’original.

Pour en revenir à cette version, je dois avouer avoir été pas mal surpris, ne m’attendant pas du tout à un film de cette qualité, le réalisateur ayant voulu y imprégner sa griffe artistique, sa marque de fabrique. Le résultat est pour le moins efficace et, sans pour autant égaler son aîné, lui offre un très bel hommage.

Niveau scénario, pas de chichis, pas d’entrée en matière longue et pénible, on est d’emblée au cœur de l’intrigue. Nous assistons à la rencontre de ces deux personnalités qui n’ont visiblement pas grand-chose en commun si ce n’est un semblant de haine respective (je n’en dévoilerai pas plus pour ne pas tomber dans le spoiler). Le suspense se dévoile au compte-goutte laissant le temps aux spectateurs de faire, à l’image d’un lecteur de romans noirs, leurs propres « films » dans leurs têtes, de s’imaginer la suite à leurs grès. Là réside l’essence d’un thriller efficace et réussit : faire entrer le spectateur dans son univers et ne plus le lâcher jusqu’au dénouement final. C’est le cas avec Le Limier qui instaure immédiatement une tension qui ne cesse de croître au fil des minutes et qui ne nous relâche qu’à la toute dernière seconde.

Cependant, tous amateurs de thrillers et de polars tomberont d’accord sur l’aspect au combien difficile d’instaurer une véritable atmosphère à ce genre de réalisations. Pari réussit ici avec un jeu de lumières parfait en tous points nous embarquant dans un dédale où chaque recoin révèle une nouvelle perle d’ingéniosité. En clair, on en prend plein les mirettes pendant toute la durée de ce film. Maintenant, si tous ces éléments renforcent notre engouement envers à ce film, laissez-moi vous dire qu’ils ne sont que de la poudre aux yeux face à l’interprétation quasi divine de nos deux acteurs.

Le Limier ne pourrait reposer que sur la qualité de ses deux acteurs tant leur prestation est parfaite. Chaque joute verbale entre ces deux figures est une raison de plus de se prosterner quant à la qualité de ce film. Les dialogues sont tout simplement parfaits à condition de voir le film en version originale. Le voir en français serait synonyme de renoncer à un affrontement verbale dantesque qui force le respect. Le travail du scénariste Harold Pinter est ainsi à saluer.

Mais que dire de Michael Caine et de Jude Law ! Le premier a sacrément bien vieillit en gagnant en maturité et en donnant une nouvelle dimension à ce rôle de riche écrivain amoureux de la mise en scène et des défis jadis interprété par Laurence Olivier et le second renoue avec ses vieux démons pour mon plus grand plaisir (un peu d’autosatisfaction ne fait pas de mal de temps en temps). Quand il n’essaie pas de plaire à la gente féminine avec des rôles de gentleman tourmenté et un brin nostalgique que je trouve très peu intéressant, Jude Law s’avère l’un des meilleurs acteurs de sa génération avec des rôles aussi déjantés que machiavéliques que l’on retrouve dans Bienvenue A Gattaca, Les Sentiers De La Perdition ou Existenz par exemple. A eux deux seulement ils transforment ce qui aurait pu être un thriller banal et sans saveur ne reposant uniquement sur la notoriété de son aîné en un huit-clos dérangeant et dévastateur d’efficacité.

C’est si bon de nos jours de voir des films qui ne reposent pas sur une surabondance d’effets spéciaux mais uniquement sur la qualité de ses acteurs et de ses dialogues que ce Limier nouvelle génération mérite le coup d’œil. Et pour un peu que celui-ci vous plaise, foncez donc regarder l’original si ce n’est déjà fait. Du tout bon en perspective qui ne me fait que regretter un peu plus encore des films comme Les Raisins De La Colère, 12 Hommes En Colère et des milliers d’autres comme eux.

Rien que pour cette petite nostalgie qu’il suscite, Le Limier mérite toute notre attention.

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