Guy Ritchie révèle ses faiblesses de metteur en scène avec Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur, blockbuster abrutissant et incohérent.
Il est actuellement assez rare de voir des réalisateurs à la personnalité marquée prendre la tête d’un blockbuster tout en disposant d’une liberté notable sur l’oeuvre – à l’image des super-héros Marvel chez Disney et à l’éviction d’Edgar Wright d’Ant Man. C’est pourquoi, voir le fantasque Guy Ritchie revisiter la légende du Roi Arthur n’avait, de prime abord, rien de dérangeant, bien au contraire. Sa version très stylisée de Sherlock Holmes en étant la preuve, de même que son adaptation de la série des années 1960, Code UNCLE. Cependant, avec LE ROI ARTHUR : LA LÉGENDE D’EXCALIBUR, le réalisateur britannique reste dans un entre deux. Comme attiré autant par son style habituel (composé de dialogues jubilatoires et de situations délirantes), que désireux de s’essayer à de l’action bourrin, la plus abrutissante possible.
Passé une première séquence de bataille qui se veut titanesque, mais frôle le nanar – avec des éléphants géants qui s’attaquent à Camelot -, Guy Ritchie parvient à faire preuve d’un certain talent dans sa manière d’introduire son personnage central : Arthur, interprété par un solide Charlie Hunnam. Il suffit de quelques minutes, grâce à un montage efficace et bien rythmé par la musique de Daniel Pemberton – qui s’avère tout de même, sur la durée, beaucoup trop présente – pour voir Arthur grandir dans la rue et devenir une petite fripouille à la tête d’une maison close. Dès lors, Ritchie semble s’être totalement approprié la légende pour en faire un personnage propre à son cinéma (on pense principalement à Snatch). De même que par son dynamisme habituel, le réalisateur provoque un sentiment de légèreté fortement appréciable. Malheureusement, tout cela s’estompe assez vite, la pâte du réalisateur ne se faisant finalement ressentir que lors de rares interactions entre les protagonistes. Ces derniers étant dénués de tout intérêt de la part du réalisateur (également co-scénariste), peinent d’ailleurs à exister et à amener une quelconque émotion au film. La plus grande déception étant peut-être le personnage du Mage, dont la pauvre Àstrid Bergès-Frisbey ne peut tirer grand-chose.
« Scénario incohérent et réalisation abrutissante, il y a peu à sauver dans Le Roi Arthur… »
En s’appuyant sur un scénario foutraque et bourré d’incohérences (notamment au niveau des pouvoirs du Mage à l’efficacité variante), LE ROI ARTHUR : LA LÉGENDE D’EXCALIBUR peine à décoller. Éventuellement, que Guy Ritchie fasse le choix de se concentrer uniquement sur de l’action aurait pu s’avérer payant. De même qu’en soi, l’univers assumé d’heroic fantasy, rappelant autant Excalibur (John Boorman, 1981) que Conan le Barbare (John Milius, 1982), offre au film un certain charme, parfois presque old school. Mais le réel problème est qu’il est indéniable que le réalisateur n’a pas la maîtrise nécessaire pour proposer un film de ce genre avec la modernité de l’époque. On pense par exemple à Zack Snyder, qui avec 300 proposait un spectacle visuel grandiose et captivant. On sent bien que Guy Ritchie aimerait jouer dans la même cours en proposant de l’action violente ultra stylisée. Mais il ne parvient ici qu’à se contenter du strict minimum en termes de mise en scène, s’appuyant sur des effets grossiers qui épuisent plus qu’ils n’offrent de plaisir. Difficile alors de trouver grand-chose à sauver de LE ROI ARTHUR : LA LÉGENDE D’EXCALIBUR si ce n’est certains décors. Bien maigre pour un film resté indécis dans son approche et qui semble au final interminable.
Pierre Siclier
[button color= »white » size= »normal » alignment= »center » rel= »nofollow » openin= »samewindow » url= »#comments »]Votre avis ?[/button]
• Réalisation : Guy Ritchie
• Scénario : Joby Harold, Guy Ritchie, Lionel Wigram
• Acteurs principaux : Charlie Hunnam, Astrid Bergès-Frisbey, Jude Law
• Date de sortie : 17 mai 2017
• Durée : 2h06min