[dropcap size=small]V[/dropcap]éritable expérience, LE SOUFFLE est un film mutique et épuré à l’extrême, narrant l’histoire d’une jeune fille kazakh coincé entre son père, ses deux prétendants et la société dans laquelle elle évolue.
Et c’est bien de l’évolution dont il s’agit ici, de cette jeune fille évidemment, mais pas uniquement. Le réalisateur, Alexander Kott, sans un mot, avec beaucoup de justesse et de poésie, aborde à la fois le récit initiatique, la romance, la place de la femme, la pérennité d’une société traditionnelle face à la modernisation et à l’emprise soviétique, et conclu même son film sur une touche politique. Le génie de se film est de parvenir à exprimer tout cela sans fracas, toujours avec cette tendresse de la caméra et ce scénario d’une simplicité extraordinaire.
Ce qui frappe au premier abord dans LE SOUFFLE, c’est évidemment ce sens esthétique hallucinant qui ressort du long métrage, et cela dès les premiers plans. Cette beauté plastique va parcourir l’ensemble du film. Chaque cadre, sans exception, fait l’objet d’une rare justesse de composition, et se révèle être une véritable œuvre photographique à part entière.
On pourrait craindre qu’il ne se dégage rien de cette beauté des images, travaillées à l’extrême et d’une précision monstre ; et pourtant non. Bien au contraire. De la mise en scène se dégage une charge émotionnelle dingue. La poésie est permanente, et chacun des plans exprime, parfois presque littéralement, les ressenties des individus ou l’impact d’une action. Ici tout repose sur les images et l’expressivité qui s’en dégage. Les changements d’état d’esprit sont ainsi souvent exprimés par la répétition de plans ou d’action, où seul quelques légers détails sont altérés. LE SOUFFLE est précis, fin et poétique, et le récit prend alors toute son ampleur dans la durée.
« Contemplatif, magnifique, poétique et touchant. Un véritable bijou à voir absolument. »
Malgré le silence pesant, Alexander Kott nous raconte une histoire, expose des enjeux, et surtout parvient à faire ressentir. Le réalisateur prend le temps de raconter son histoire et laisse le temps aux spectateurs de la recevoir. Et qu’est ce que c’est agréable ! L’expressivité de la réalisation, à la fois épurée et complexe, donne toute sa sensibilité au film, exerçant une véritable emprise sur le spectateur qui aura su se laisser porter, ravit par l’onirisme qui émane de l’œuvre.
Comme toute expérience cinématographique, LE SOUFFLE n’est pas forcément accessible et nécessite donc un abandon total du spectateur. Abandon auquel la beauté des plans incite et le silence oblige. Il faut se laisser absorber par le long métrage pour ressentir, sans quoi le film se résumera à de belles images vides de sens. LE SOUFFLE peut donc rebuter, mais l’expérience vaut pleinement l’effort.
Sans aucun doute un des plus beaux films qu’il m’ait été donné de voir récemment, c’est aussi un film exigeant, nécessitant une attention et une concentration permanente, que l’abandon va ainsi faciliter. Contemplatif, magnifique, poétique et touchant, LE SOUFFLE est un véritable bijou à voir absolument.
Les autres sorties du 10 juin 2015
JURASSIC WORLD, UN FRANÇAIS, COMME UN AVION, CINEMA PARADISO (ressortie), UNE ÉQUIPE DE RÊVE, LE MONDE DE NATHAN, LE SOUFFLE, etc.
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• Réalisation : Alexander Kott
• Scénario : Alexander Kott
• Acteurs principaux : Elena An, Karim Pakachakov,Narinman Bekbulatov-Areshev,Danila Rassomakhin
• Pays d’origine : Russie
• Sortie : 10 juin 2015
• Durée : 1h35
• Distributeur : ZED
• Synopsis : Un homme et sa fille vivent paisiblement dans une ferme isolée des steppes kazakhes. Alors que deux garçons, un Moscovite et un Kazakh, se disputent le cœur de la jeune fille, une menace sourde se fait sentir…
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