[CRITIQUE] LES DEUX AMIS

Scénario et dialogues
8
Mise en scène
8
Casting
8.5
Photographie
7.5
Emotions
7.5
Note des lecteurs1 Note
8
7.9

[dropcap size=small]U[/dropcap]ne amitié c’est quelque chose de précieux, et c’est quand on est sur le point de la perdre que l’on s’en rend compte ! Louis Garrel est Abel,Vincent Macaigne est Clément. Tous deux sont amis depuis longtemps, mais à les voir évoluer ensemble, se parler, s’engueuler, s’envoyer balader et se mentir, on a parfois du mal à le croire…Et eux aussi !Pourtant ce qui les lie est parfois de l’ordre de l’indicible et leur amitié sera mise à mal par l’arrivée de Mona incarnée par Golshifteh Farahani.

L’intrigue, qui nous fait penser d’emblée à un trio à la Jules et Jim, mérite qu’on parte à sa découverte  pour peu qu’on la laisse venir à nous, nous séduire, nous surprendre, nous émouvoir, nous faire rire, nous cueillir.
Louis Garrel venu présenter LES DEUX AMIS en avant-première au Festival International du film de la Rochellequi s’est tenu du 26 Juin au 5 juillet, dit avoir voulu réaliser une « dramédie », à savoir un drame abordé sous l’angle de la comédie. Il est en effet beaucoup question de joies dans ce film mais aussi de renoncements et de moments forts en émotions, que le réalisateur souligne grâce à des séquences filmées au ralenti.

Ad Vitam
Ad Vitam

Louis Garrel, qui s’était jusqu’ici frotté à des courts ou moyens-métrages, porte un regard bienveillant sur tous ses personnages. Le scénario a été co-écrit avec Christophe Honoré, qui a d’ailleurs souvent  eu l’occasion de le faire tourner, comme dans La belle personne ou Les Bien-Aimés. Ces deux-là se connaissent bien et sans doute ont-ils mis beaucoup de leur propre amitié dans ce film…Et quand on sait que Vincent Macaigne est également ami avec Louis Garrel et que ce dernier était en couple avec Golshifteh Farahani…on se dit que la réalité inspire décidément (trop ?) le cinéma ! Il y a beaucoup de légèreté, de délicatesse, de poésie et de fraîcheur, souvent à des moments volontairement inappropriés, mais aussi de la gravité et du drama là où il ne saurait en être question. Le côté toujours aussi lunaire et la fragilité bouleversante de naïveté de Vincent Macaigne apportent un ton décalé aux films auxquels il participe, comme La fille du 14 Juillet. Il incarne un Clément à fleur de peau, semblable à un enfant qui n’aurait pas voulu ou pu grandir et qui trouve que tout va trop lentement quand il voudrait aller plus vite, en décalage permanent avec la vie mais pas avec ses émotions.

Louis Garrel s’est offert son rôle habituel du beau ténébreux détaché qui fait la gueule. Et même si ses intentions ne sont pas mauvaises, il est souvent à côté de la plaque.
Leurs non-dits, leur amitié qui leur permet d’affronter la dure réalité de la vie, ainsi que la protection mutuelle qu’ils s’offrent, la façon qu’ils ont de penser l’un pour l’autre et à la place de l’autre, leurs maladresses et leur incompréhension totale des femmes sont touchants. On s’attache à eux parce que les scénaristes ont su les rendre attachants, on a envie de passer du temps avec eux pour mieux les connaître parce qu’on se doute bien que derrière les apparences il y a un lien peu commun et une histoire.

« Une ‘dramédie’ joyeuse et décalée, qui nous interroge sur les valeurs et la réalité de l’amitié. »

Leur rencontre avec Mona sera spéciale. Si elle est aussi « troublante, passionnante et tellement pas ennuyeuse » pour Clément, c’est sans doute qu’une part de son mystère provient de sa vie en quartier de semi-liberté. Golshifteh Farahani, croisée dans Syngué Sabour – Pierre de patience, est lumineuse et donne, par sa présence et son charisme remarquables, une intensité profonde à Mona. Elle est sans conteste LA révélation du film.

Comme pour les deux amis, on a envie de savoir ce qui est arrivé à Mona, pour quelles raisons obscures elle a atterri en prison…on les effleure mais les scénaristes ont pris le parti de n’en rien dire…Peut être n’ont-ils pas trouvé eux mêmes ? Ou bien ont-ils eu simplement l’idée de laisser finalement le spectateur réfléchir et laisser aller son imaginaire, sans trop le guider, le laissant s’impliquer un minimum, lui offrant une part active et non seulement passive dans la vision du film…et ça marche ! La solitude ressentie par chaque personnage et leur capacité à y faire face déclenchent notre empathie non par force mais par petites touches discrètes, subtiles, l’air de rien.
La joie est le fil rouge de ce joli film telle qu’évoquée par le réalisateur lui-même à la vue de la  salle de projection remplie de spectateurs et il est vrai que le sourire qui reste accroché à notre visage à la sortie en est une belle preuve.

Photo Les deux amis 5

L’amitié entre hommes à déjà été filmée à 2, 3 ou même 5…mais peu ont finalement traité des raisons et de la solidité d’une amitié. L’amitié, c’est peut être ce qu’en disent Abel et Clément : « on s’est quand même mieux débrouillés parce qu’on était deux ».
En tous les cas, voir ce film va nous faire porter un regard sur nos propres amis et nous interrogera : qu’entend-on par amitié ? A partir de quand dépasse-t-on le stade de la simple connaissance et décide-t-on d’ouvrir le cercle de nos amis ? Devient-on ami parce qu’on se ressemble ou parce que l’un a pris l’ascendant sur l’autre ? Une amitié d’adultes peut-elle être vécue comme celle que les enfants ont entre eux ? Jusqu’où est-on prêt à aller par amitié ? Doit-on tout partager ou garder son jardin secret ? Ménager son ami ou être égoïste ? Faire une confiance absolue ou douter parfois ? Quand une amitié est-elle en danger ? Doit-on « se forcer à rester ami même si on n’y trouve plus son compte » ?

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LES AUTRES SORTIES DU 23 SEPTEMBRE 2015

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Photo affiche Les deux amis

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Titre original : Les deux amis
Réalisation : Louis Garrel
Scénario : Louis Garrel et  Christophe Honoré, d’après l’œuvre d’Alfred de Musset
Acteurs principaux : Louis Garrel, Vincent Macaigne, Golshifte Farahani
Pays d’origine : France
Sortie : 23 Septembre 2015
Durée : 1h40 min
Distributeur : Ad Vitam
Synopsis : Clément, figurant de cinéma, est fou amoureux de Mona, vendeuse dans une sandwicherie de la gare du Nord. Mais Mona a un secret, qui la rend insaisissable. Quand Clément désespère d’obtenir ses faveurs, son seul et meilleur ami, Abel, vient l’aider. Ensemble, les deux amis se lancent dans la conquête de Mona.

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