Michel Franco, maître du malaise, est de retour. Les Filles d’avril se veut plus apaisé, plus subtil mais ne reste qu’un déferlement d’images d’une violence sociale insoutenable.
Après l’insoutenable Despues de Lucia et l’ignoble Chronic, le nouveau film du « prodige » mexicain, Michel Franco, ne fera pas que des heureux. LES FILLES D’AVRIL s’inscrit en effet dans les dignes obsessions du metteur en scène : plans séquences fixes qui s’accumulent, dévoilant des situations aussi choquantes que dérangeantes. Il faut dire que Michel Franco s’est vu attribuer, en quelque sorte, une étiquette de Michael Haneke 2.0. Un faiseur d’images glaçantes et virtuoses, où le malaise chatouille les sommets, et qui nous hantent depuis ses débuts. Mais dans LES FILLES D’AVRIL, il n’est point question de lynchage scolaire ou d’aide à la personne.
Ici, Michel Franco s’attaque à un sujet fort, vu et rebattu, qu’est la grossesse adolescente. L’idée lui serait venue lors d’un déplacement à Mexico, à la vue d’une jeune fille enceinte. Dans LES FILLES D’AVRIL, il s’agit de Valéria, 17 ans, en attente d’un prochain et heureux événement. Mais au retour de la mère jadis absente, Avril (interprétée par l’excellente Emma Suárez), les nuages s’amoncellent à grande vitesse dans ce ciel insouciant. Et au moment même où la vie éclate du cadre, la noirceur d’une mère manipulatrice privée de jeunesse se révèle devant nous. Dès lors, LES FILLES D’AVRIL va chercher du côté social de Ken Loach et provoquant de Michael Haneke, par d’intenses séquences aussi interminables que gratuites.
« LES FILLES D’AVRIL, comme les précédents essais, n’est qu’une progression de violence sociale à la limite du supportable. »
Michel Franco est un grand cynique, doté d’une vision nauséabonde de l’humanité, où il se mue en véritable tortionnaire vis à vis de ses personnages. D’une froideur implacable, nihiliste, LES FILLES D’AVRIL, comme les précédents essais, n’est qu’une progression de violence sociale à la limite du supportable tant il tourmente Valéria, Clara et Matéo. Il faut s’armer de courage pour affronter les déambulations infâmes et égoïste d’Avril, reléguant au statut de pantins ceux qui l’entourent. Le plan séquence final, véritable signature du Mexicain, offre toutefois, et c’est une première, une lueur d’espoir dans ce monde fou. Débarrassé de ses hideuses coutures de mise en scène, Michel Franco déposera un jour un grand film, c’est indéniable. Mais à l’heure actuelle, il n’est qu’un réalisateur branché de festival que l’on invite bien volontiers pour la traditionnelle cérémonie de remise des prix sur la croisette.
Sofiane
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• Réalisation & Scénario : Michel Franco
• Acteurs principaux : Emma Suárez, Ana Valeria Becerril, Enrique Arrizon
• Date de sortie : 2 Août 2017
• Durée : 1h4.3min