À moins que vous n’ayez un cœur de pierre, LES HÉRITIERS va à coup sûr vous émouvoir. Ce film positif et optimiste, tiré d’une histoire vraie sur la rencontre entre des lycéens en difficulté et leur professeur d’histoire, touche par sa sensibilité.
Oui, la formule est déjà connue. Oui, l’histoire est prévisible. Le thème des classes turbulentes transformées par un professeur est loin d’être un sujet nouveau. On pense immédiatement au touchant et très populaire Esprits rebelles de John N. Smith ou au personnage de Robin Williams dans le Cercle des Poètes disparus de Peter Weir. Sans être un habitué du cinéma, on peut voir défiler le scénario dès le début du film et en prévoir la fin sans trop de difficultés.
Pourtant, la magie opère. On se laisse porter par la poésie du film et par la justesse du jeu des acteurs, professionnels comme amateurs. Le travail de montage – remarquable – apporte un rythme soutenu et donne une sensation de coups de pinceaux qui révèlent petit-à petit l’œuvre finale.
L’introduction nous plonge dans le quotidien du lycée Léon-Blum de Créteil et, plus particulièrement, dans celui de la Seconde 1. En avançant dans l’histoire on comprend rapidement que cette classe rassemble les agitateurs, les « nuls », les rejetés du système scolaire. Leur relation avec Anne Gueguen, leur professeur principal, jouée par Ariane Ascaride, se crée au fil des scènes. On découvre avec plaisir cette professeur d’histoire-géographie empathique qui, à force de persévérance et de provocation, gagne le respect de cette classe difficile, voir intenable.
Ici, chaque détail a son importance. L’histoire d’amour entre Malik (Ahmed Dramé), un musulman et Camélia (Alicia Dadoun), une juive, n’est pas anodine, de même que la présence d’Olivier (Mohamed Seddiki), jeune français qui se converti à l’Islam. On s’intéresse au timide et renfermé Théo (Adrien Hurdubae), on s’attache à l’agressive Mélanie (Noémie Merlant) et à sa passion naissante pour Simone Weil et on se désole pour Jamila (Wendy Nieto), menacée à cause de ses choix vestimentaires. Ces multiples histoires créent l’atmosphère du film, plantent le décor et ajoutent une dynamique à l’ensemble sans jamais prendre le pas sur l’histoire principale. Car le cœur du sujet, c’est cette classe entière qui va se transformer, se surpasser pour gagner le concours national de la Résistance et de la Déportation.
La scène de rencontre avec Léon Zyguel, point culminant du film, est pleine de sincérité, toute en émotion. La musique s’arrête pour laisser place aux paroles de cet ancien déporté venu témoigner devant les lycéens. Quant on sait qu’elle a été tournée d’une traite, sans script, la réaction spontanée des élèves prend encore plus d’ampleur.
Marie-Castille Mention-Schaar s’attaque à un sujet casse-gueule et elle s’en tire remarquablement bien.
A travers les élèves de la Seconde 1, on découvre également les enfants et adolescents victimes de la Seconde Guerre mondiale. Le parallèle entre le quotidien de ces derniers et celui des jeunes qui les étudient choque profondément les héros et on sent leur vision du monde, et d’eux-mêmes, changer. On les encourage, on tremble pour eux et on est aussi fier qu’Anne Gueguen, progressivement devenue spectatrice, devant l’évolution de cette classe.
Le film est parfois naïf. On frôle le mélo à plusieurs reprises, notamment lorsque les élèves déclament des passages de livres ou de poèmes devant les images de l’Holocauste. Mais Marie-Castille Mention-Schaar s’attaque à un sujet casse-gueule et elle s’en tire remarquablement bien. Elle jongle de façon adroite entre les problèmes des jeunes et l’hommage à la mémoire des disparus pour créer un film galvanisant, d’une fraîcheur incroyable et, surtout, qui ne laisse pas indifférent.
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