353346 - [CRITIQUE] LES NOUVEAUX HÉROS
© Walt Disney Animation Studio

[CRITIQUE] LES NOUVEAUX HÉROS

big hero 6
• Sortie : 11 février 2015
• Réalisation : Don Hall, Chris Williams
• Durée : 1h42min
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Le prochain Disney, BIG HERO 6 (LES NOUVEAUX HÉROS en VF), est à l’image des précédents : à la fois génial et imparfait… À la fois hyper-attirant, et archaïque dans son fonctionnement…

Le Pitch : un génie de la robotique nommé Hiro Hamada, se retrouve embarqué dans un complot criminel qui menace de détruire la paisible ville high-tech de San Fransokyo. Avec l’aide d’un de ses plus proche compagnon – un robot nommé Baymax, Hiro s’associe à une équipe de jeunes amateurs qui s’est donnée pour mission de sauver la population.

Petit retour en arrière. Début du 21ème siècle : le studio Disney est dans le rouge.
Les long métrages d’animation, devenus  globalement très moyens, reposent sur le désormais classicisme des anciens succès, ne créent plus.
Lorsque John Lasseter, le papa de Toy Story et Cars, issu de chez Pixar, reprend la tête du département animation du studio en 2006, on assiste à un réel renouveau des productions Walt Disney.
Un renouveau synonyme de succès, mais également de qualité hybride pour ces nouveaux long-métrages étendards. Ainsi, ils peuvent TOUS, sans exception, être qualifiés de films Pixar / Walt Disney. Un schéma « qualités/défauts » qui compose chaque nouvelle production, et ce, pour des raisons systématiquement différentes :

La princesse et la grenouille – un univers foisonnant, musical et empreint de nostalgie -à l’image du premier Cars, de Lasseter… mais un classicisme confondant (lié en grande partie, au choix de revenir à la 2D) ;
Raiponce – Un story-telling en béton, des personnage attachants… Mais des enjeux dilués, flous ;
Les Mondes de Ralph – un univers encore une fois riche et dense, mais des personnages trop peu développés pour être attirants/crédibles ;
La Reine des Neiges : un discours plus mature, un conte de fée ou l’héroïsme ou l’amour n’ont quasiment aucune place… Mais du coup, un film très « froid », d’ou presque aucun personnage ne ressort vraiment.

Chaque film réussit à toucher deux publics. Les parents (mères élevées aux contes de fées Disney, parents geeks, les nostalgiques, les mélomanes…), et les enfants ; un peu à la manière d’un Pixar. Mais par contre, la où le studio à la lampe misait tout sur l’émotion sincère, la puissance d’un récit, la mise-en-scène sans faille, et la richesse de ses univers… Les films Walt Disney DOIVENT respecter un certain cahier des charges. À base de conception de personnages et de story-telling – d’accessibilité. Une formule mise en pratique et développée depuis depuis Blanche-Neige, depuis plus de 75 ans.

C’est précisément dans cet entre deux Pixar/Walt Disney qu’échouent et réussissent ces NOUVEAUX HÉROS.

Photo du film LES NOUVEAUX HÉROS

Cette fascination pour le discours réaliste et peu naïf… Le point de vue de Hiro est évidemment très Lasseter-ien !
Malheureusement, il est aussi contre-balancé par la simplicité de TOUS les autres personnages. Ainsi, ils souffrent d’un déjà-vu chronique, d’un aspect « facile d’accès » qui frôle parfois le ridicule ; leur caractérisation les rend tellement prévisibles qu’ils en sont malheureusement peu crédibles, et bien mal insérés dans un univers pourtant foisonnant.

Hiro est le moins touché par ce constat. En tant que héros principal, il est doté d’un background plus complet et complexe, expliquant ses quelques choix et réflexions ambigus.
Par contre, son frère Tadashi, les autres « Big Hero » ou le grand méchant Mr « Kabuki mask », sont finalement définis par une simple phrase, à deux-trois composantes antagoniques ou complémentaires :
– Personnage méticuleux et peureux aimant pourtant détruire des trucs,
– Personnage sombre animé par un désir de vengeance,
– Personnage sympathique et chaleureux dont les armes sont un reflet de son caractère,
– Personnage gentil , courageux et protecteur,
– Personnage bougon mais profondément gentil, etc.

Les nuances sont extrêmement rares, et de toutes façons peu exploitées : Fred est un poil plus complexe… pendant deux minutes, avant de redevenir le bouffon sans personnalité. Cette simplification des personnages à une répercussion directe sur les enjeux du film. Le méchant veut se venger, les gentils vont l’arrêter. Point.

BAYMAX est un cas à part. Un personnage EXTRÊMEMENT attachant. Un toy-seller. Il peut se voir comme une actualisation pacifique du T-800 de Terminator 2 :
drivé par un sentiment unique (à l’image des autres personnages) il finira malgré tout par comprendre ce que signifient les émotions humaines.
Le talent des animateurs et réalisateurs est de réussir à créer l’empathie envers Baymax, par le contre-temps. Le robot est ainsi toujours en décalage avec ce qui se passe autour de lui… Et ça fonctionne du tonnerre !
Comment ne pas craquer, pour son poing explosion/lalolalolalolay, ou son corps tout chaud, ou son  » je marche touuuuuuut doucement avec mes gros bourrelets »…
L’émotion qu’il véhicule est remarquable, car simple, minimaliste. Très Wall-E, très « Pixar« .

Mais la encore, on peut constater le pervers effet Disney : Baymax doit être « commercialisable ».
Cela se traduit par un certain bourrage de crane, destiné aux plus jeunes : cette tendance à l’exploitation d’attributs mignon plutôt qu’à l’étoffement ou la complexité.
Chaque gag vire ainsi au gimmick. L’émotion qui filtrait au travers du récit se retrouve progressivement diluée dans la répétition, et finit par lasser.

Baymax, si agréable la première heure finit par n’être qu’une coquille vide dont l’unique intérêt est de faire avancer l’histoire et de s’assurer de bien rester en tête pour favoriser l’achat de la figurine à la sortie.

Photo du film LES NOUVEAUX HÉROS

Quant au scénario… Il n’amène rien de nouveau.
En gros : l’entraide et l’acceptation de la perte d’être chers aideront à traverser les épreuves… Comme dans 80 % des Walt-Disney.

Le second degré de lecture est quasiment absent. Le thème du super héros véhicule pourtant souvent un double discours, sur l’acceptation de la différence (X-Men) ou sur la prise de responsabilités (Spider-Man… Vu par Sam Raimi). Point de tout cela ici. Simplement le combat des gentils contre le méchant, avec un soupçon de vengeance, pour re-contextualiser.
On lorgne plus du coté du divertissement accessible et bourrin, à la Avengers, que d’une quelconque identification sociétale ou d’un portrait complexe de personnages – à la Indestructibles.
L’héroïsme correspond donc à la tendance initiée par Marvel et Disney au cinéma : ce sont les choix et actions spectaculaires qui transforment les personnages ordinaires en héros… Pas leur habilité à appréhender et comprendre toutes sortes de paramètres avant d’agir.

« Un schéma qualités / défauts traduisible par : les Nouveaux Héros est un hybride Pixar / Disney. »

Derniers éléments notables : la technique et la direction artistique du film.

Absolument parfaits tous deux, dans le plus pur style Pixar ; les images sont d’un réalisme bluffant, malgré le style cartoon.
La direction artistique, elle, place dans un environnement futuriste deux cultures radicalement opposées, la japonaise, et l’américaine :
San Fransokyo, quoi. Concept génial.
Pourtant, force est de constater que l’imbrication des deux cultures, loin d’être un prétexte à une étude ethnologique d’us et coutumes ou d’économies diamétralement opposés, se résume à quelques noms et visages japonisés et à une architecture hybride. Les éléments typiques de San Fransisco (les maisons à 2-3 étages, le Golden Gate, les tramways) sont mixés avec ceux typique du Japon médiéval (les éclairages à base de Ballons,les toits pyramidaux, les Torii – grandes portes de temples bouddhistes, les portes coulissantes, etc.)
Une simplification qui évite tout mindfuck brisant l’immersion dans le film :
San Fransokyo, quoi. Faut pas déconner, déjà que c’est dur à dire.

Cette ville foisonnante ne relève au final, que du détail. Certes extrêmement dense, esthétique et stylisé, mais très accessoire. Cette ville n’est définitivement pas un personnage du film – à l’inverse par exemple, de la nouvelle Orléans dans La Princesse et la grenouille, ou de l’univers des jeux-vidéo dans Les Monde de Ralph. Il s’agit juste un décor agréable à l’œil mais jamais vraiment exploité.

Photo du film LES NOUVEAUX HÉROS

LES NOUVEAUX HÉROS est un vrai spectacle, beau, dynamique, drôle, même parfois émouvant – si l’on fait abstraction d’autres films Walt Disney / Marvel utilisant les mêmes recettes. Pourtant le pitch et l’univers du film induisaient une certaine complexité ; psychologique, esthétique, scénaristique, ethnique… Celle-ci est présente, mais grandement occultée au profit de l’accessibilité.

Georgeslechameau

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