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LES RECETTES DU BONHEUR e1410817365902 - [critique] LES RECETTES DU BONHEUR
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[critique] LES RECETTES DU BONHEUR

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Casting
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Photographie
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4.4

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ifficile de définir LES RECETTES DU BONHEUR : film de commande ? Film personnel ? Impersonnel ? Adapté d’un best-seller américain, produit par Steven Spielberg et Oprah Winfrey, réalisé par le suédois Lasse Hallström, c’est surtout un film aux origines variées à l’image de son scénario, qui raconte les mésaventures d’une famille indienne décidant d’ouvrir un restaurant en France mais se heurte à la concurrence d’une femme acariâtre prête à tout pour les voir fermer boutique.

Le parallèle entre LES RECETTES DU BONHEUR et LE CHOCOLAT semble assez évident : les deux films de Hallström illustrent un choc culturel sur fond de gastronomie française, une romance improbable entre deux êtres que tout oppose et la peinture d’une France rurale fantasmée. Formellement il y a pourtant énormément de différences, car si ce point de départ est relativement similaire, on peine à croire que Hallström soit derrière ces deux longs-métrages. Cinéaste sans personnalité par excellence, il semble ici tenter de s’adapter à un matériel d’origine qui lui est totalement étranger. La réponse à cette impasse ? Les stéréotypes. Tenter de les compter parait tâche impossible tant le nombre assommant de clichés sur la France (et tout ce qui s’y rapporte de plus ou moins près) est amené avec autant de subtilité qu’un éléphant. Des exemples ? Le père indien qui définit – très sérieusement et sans effet comique – la gastronomie française comme « des cuisses de grenouille, des escargots et de la ratatouille », la jeune femme du nom de Marguerite habillée comme en 1950 ne se déplaçant qu’en vélo ou encore le français lambda qui s’autoalimente avec des légumes, du fromage et de la viande faits maison. Pas que tout ceci soit sans fondements, mais chaque seconde du film transpire l’image de la France carte postale habituelle, que ça soit visuellement – les décors, les costumes – ou scénaristiquement. Une vision aussi niaise et romantique inspire cependant un peu de sympathie, c’est ce qui permet sans doute à la pilule de mieux passer.

© Constantin Film Verleih GmbH
© Constantin Film Verleih GmbH

Au-delà des stéréotypes, LES RECETTES DU BONHEUR est aussi une prévisibilité aberrante, et se permet en plus de cela d’étirer son dénouement en longueur. On devine la fin assez rapidement, mais au lieu d’expédier celle-ci, Hallström fait traîner la résolution sur plus d’une demi-heure, peinant à clore son récit et ouvrant de nouvelles intrigues complètement inintéressantes, factices et développées à la va-vite. Le film est trop long, pas ennuyeux, mais indéniablement épuisé jusqu’à la moelle. Alors bien sûr, cela évite toute frustration et on a bien conscience d’avoir eu un aperçu de tout ce que le réalisateur avait à nous offrir, mais la dernière partie de LES RECETTES DU BONHEUR en devient terriblement superficielle et encore plus repoussante que le reste du film.
N’en demeure pas moins la présence d’un casting au fort capital sympathie : Helen Mirren est toujours aussi gracieuse, Om Puri est très drôle, Manish Dayal fait le boulot. On en viendrait presque à oublier le peu de profondeur et d’originalité de leurs personnages. Car c’est là l’un des gros points noir du film : il n’y a rien de surprenant, cousu de fil blanc de bout en bout, sans aucune épaisseur que ça soit dans son scénario ou dans sa mise en scène. Hallström filme des acteurs mais ne leur donne pas vie, il réalise un boulot correct mais avec une prise de risque proche du néant, livrant ce qui ressemble au final à un patchwork ethnique candide et gamin. Pour une comédie familiale, c’est réussi – mais ce film on l’a déjà vu cent fois, et ça, c’est difficilement pardonnable.

”Une vision aussi niaise et romantique inspire un peu de sympathie, c’est ce qui permet sans doute à la pilule de mieux passer.”

LES RECETTES DU BONHEUR a tout du long-métrage qui fera passer un bon moment aux spectateurs en quête d’émotions faciles, de happy-ends guimauves et d’absence de prise de tête. Il y a tout : les clichés, l’histoire d’amour artificielle, l’ouverture heureuse et le côté feel good movie bien-pensant. Était-on en droit d’en demander plus de la part de Hallström ? Il va sans doute ici contenter une certaine cible, mais il se met par la même occasion à dos tout une partie du public qui n’hésitera pas à rire devant tant de simplicité abrutissante déblatérée à un tel débit de « Je t’aime. » et de « Rien n’est plus fort que l’amour. ». Un peu d’objectivité nous fera répondre qu’il n’y a aussi rien de plus faible que l’émotion facile.

[divider]CASTING[/divider]

Titre original : The Hundred-Foot Journey
Réalisation : Lasse Hallström
Scénario : Steven Knight, d’après Richard C. Morais
Acteurs principaux : Helen Mirren, Om Puri, Manish Dayal, Charlotte Le Bon, Michel Blanc
Pays d’origine : États-Unis
Sortie : 10 septembre 2014
Durée : 2h03mn
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Synopsis : Hassan Kadam a un don inné pour la cuisine : il possède ce que l’on pourrait appeler « le goût absolu »… Après avoir quitté leur Inde natale, Hassan et sa famille, sous la conduite du père, s’installent dans le sud de la France, dans le paisible petit village de Saint-Antonin-Noble-Val. C’est l’endroit idéal pour vivre, et ils projettent bientôt d’y ouvrir un restaurant indien, la Maison Mumbai. Mais lorsque Madame Mallory, propriétaire hautaine et chef du célèbre restaurant étoilé au Michelin Le Saule Pleureur, entend parler du projet de la famille Kadam, c’est le début d’une guerre sans pitié.

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