[critique] Les Vies Privées De Pippa Lee

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Pippa Lee s’est construite une vie confortable dans une atmosphère feutrée. Elle est dévouée à son mari plus âgé, ainsi qu’à ses enfants déjà adultes. Mais à l’approche de la cinquantaine, cette sérénité en apparence parfaite s’effrite. Pippa a connu une enfance tumultueuse et délurée où se sont mêlés sexe, drogue et rock’n’roll. Désormais, elle doit donc trouver un équilibre entre sa jeunesse troublée et la femme « trop rangée » qu’elle est devenue. Sa rencontre avec un mystérieux jeune homme va lui permettre de trouver un nouveau sens à sa vie…

Note de l’Auteur

[rating:4/10]


Date de sortie : 11 novembre 2009
Réalisé par Rebecca Miller
Film américain
Avec Robin Wright Penn, Julianne Moore, Winona Ryder
Durée : 1h 33min
Bande-Annonce :

Les Vies Privées De Pippa Lee est le genre de film que votre copine vous pousse à aller voir en vous regardant avec ses yeux de biche et en vous disant « tu vas voir on va bien se marrer ! ». Autant vous le dire de suite, avec ce genre d’argument ça casse à tous les coups ! Mais bon, d’humeur à faire des concessions ce soir-là, je me suis dis pourquoi pas après tout, qui ne tente rien n’a rien comme dit le proverbe. Et puis il faut bien l’avouer ,le film de Rebecca Miller, qui m’avait surpris avec le très beau The Ballad Of Jack And Rose, possède un casting alléchant susceptible de nous divertir au plus haut point grâce à des performances que je savourais déjà.

Malheureusement mon engouement fut de courte durée et je fus vite rattrapé par mes craintes initiales.

Si les performances des acteurs sont honorables (chacun joue très bien le jeu et arrive à nous faire croire à la situation souvent loufoque et pathétique de son personnage) le reste est une toute autre histoire. Non pas que l’écriture soit mauvaise (le scénario est tout à fait correct et affirme un travail indiscutable) mais on n’arrive simplement pas à entrer complètement dans le film et dans 60% des cas, on n’en à rien à faire. La faute à qui ? La faute à quoi ? Rebecca Miller a loupé le coche et n’a pas réussi à instaurer un rythme à son récit.

Je veux bien que l’on essaie de retranscrire l’ennui d’une femme vivant au sein d’une famille américaine puritaine bien propre sur elle mais de là à ce que cet ennui nous envahisse à notre tour il y a des limites ! D’autres réalisateurs comme Todd Field avec Little Children ont décrit ce même mal être qui ronge les protagonistes du récit avec une énergie et une force inépuisables. Avec Les Vies Privées De Pippa Lee, l’atmosphère devient très vite soporifique et les quelques scènes dynamiques n’arrivent malheureusement pas à nous arracher des bras de Morphée.

Alors si cette histoire platonique au final manque cruellement de personnalité et de saveur, que reste-t-il à se mettre sous la dent ? Restera pour les plus courageux qui n’ont pas sombré dans un sommeil profond ou qui n’ont pas quitté la salle quelques dialogues savoureux qui proviennent la plupart du temps de l’excellent Alan Arkin (Little Miss Sunshine, Jakob Le Menteur). C’est lui qui arrive le plus à véhiculer des émotions à travers une interprétation tout en finesse d’où émane une sensibilité et une sauvagerie à fleur de peau (le propre de l’américain qui ne veut que des conquêtes jeunes et désorientées voir psychopathes pour combler son plaisir).

Malheureusement ses petites pépites parsemées de-ci de-là n’arrivent pas à nous faire oublier un ensemble inégal, témoignage de la difficulté à véhiculer des émotions avec un rythme et un fil conducteur qui tiennent la route. Rebecca Miller est tombée dans le piège du facile et du cliché, n’en témoigne la présence d’un Keanu Reeves une nouvelle fois très limité en terme de crédibilité. Son personnage de vieux roublard ringard paumé n’est pas pertinent une seule seconde.

Au final, Les Vies Privées De Pippa Lee ne possède qu’un seul et unique intérêt : son casting prestigieux qui arrive plus ou moins à se distinguer et à nous faire avaler une pilule bien trop grosse à avaler. Pour le reste, l’histoire de cette femme dont on suit le parcours de l’enfance jusqu’à la cinquantaine n’est pas très nouvelle ni dans son traitement, ni dans la réalisation de Rebecca Miller.

Il manque ce petit quelque chose, ce petit grain de folie à ce film qui est très loin de nous laisser un souvenir impérissable.

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