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linstitutrice - L'INSTITUTRICE - Critique

L’INSTITUTRICE – Critique

Mise en scène
4
Scénario
4
Casting
7.5
Photographie
7
Musique
6.5
Note des lecteurs0 Note
0
5.8

[dropcap size=small]A[/dropcap] sa sortie dans les salles, L’INSTITUTRICE a été décrit comme une œuvre malsaine, aux personnages ambigus et à la mise en scène particulièrement soignée. Le long-métrage de Nadav Lapid met en scène une institutrice rêveuse, désespérée devant le matérialisme d’une société profondément terre-à-terre. Sa relation avec Yoav, un enfant de 5 ans instinctivement doué pour la poésie, est la base d’un drame social qui s’avère être particulièrement étonnant et complexe. Le moins que l’on puisse dire, c’est que L’institutrice est un film jusqu’au-boutiste qui assume ses prises de positions, quitte à laisser le spectateur sur la touche.

Nadav Lapid ne manque pas d’idées pour filmer ses histoires, et celle-ci marque par sa radicalité. En nous présentant une galerie de personnages tous plus haïssables les uns que les autres, le cinéaste dépeint une société pourrie jusqu’à la moelle, au sein de laquelle grandit Yoav, un enfant possédant un don pour la poésie. Exploité par sa baby-sitter, incompris par sa famille, ce garçon sera repéré par l’institutrice qui en fera vite un surhomme, presque un envoyé divin chargé de redonner au monde sa poésie. Une relation quasi-obsessionnelle qui deviendra vite malsaine, mais le réalisateur refuse de faire de l’enfant ou de n’importe quel autre personnage une victime ; tous sont manipulateurs et imparfaits, tous agissent sans aucune morale. Un scénario qui aurait donné un chef d’oeuvre dans les mains d’un Lars Von Trier, mais qui ici fonctionne malheureusement bien mal. Le film n’évite pas les clichés, s’attarde trop sur des scènes superflues, et en oublie l’essentiel ; être captivant. Entre des réactions prévisibles ou absurdes et des idées de mise en scène qu’on nous présente dès l’introduction pour finalement les oublier, les réduisant à de simples effets de style, le film est loin d’être exempt de défauts. Ces défauts sont des partis-pris du réalisateur, à n’en pas douter. Ils sont tous justifiables par la thématique de l’œuvre. Mais si tel est le cas, cet extrémisme et ce refus de brosser le spectateur dans le sens du poil font de L’INSTITUTRICE un film aussi déplaisant qu’il est cohérent, et la démarche a déjà été faite depuis bien longtemps, ne serait-ce que par les cinéastes du Dogme95 qui font du « déplaisir cinématographique » des œuvres autrement plus fascinante que celle de Nadav Lapid.

Le réalisateur israélien crée un film sur la poésie, mais sans poésie. Le film est froid, lent, terne. Les quelques séquences musicales ou lyriques sont toutes ratées, volontairement ou non, car envahies de clichés. Le spectateur, laissé sur la touche, ne peut décemment pas s’intéresser à des personnages présentés comme manipulateurs, extrémiste, ou méprisables. Pendant deux heures, le film m’a laissé en dehors de son univers, et si rarement il parvient à capter l’attention, il se ferme automatiquement à la séquence suivante. Cela est bien sûr lié au scénario, la mise en scène de Nadav Lapid ne fait que s’adapter à la société qu’il décrit. Bien sûr, le découpage est bien construit, les longs plans très européens et les travellings circulaires sont réussis, mais à quoi bon puisque cela ne fait qu’accentuer l’idée que le cinéaste en fait des tonnes pour pas grand chose ? Les enjeux sont obscures, la caractérisation est parfois expédiée, et le film oublie d’être captivant. Il est bien pensé, certes, mais lorsqu’une mise en scène se met autant au service d’un scénario, au point d’être volontairement triste et plate, l’écriture se doit d’être un énorme atout. Ici, elle n’est clairement pas à la hauteur et le film peine à intéresser. Les acteurs sont tous bons, bien dirigés, particulièrement le très jeune Avi Shnaidman, mais malheureusement encore, on ne parvient pas à croire à leurs réactions, à leur histoire – mention spéciale aux réactions particulièrement ridicule des participants à un concours de poésie – et Nadav Lapid nous laisse une fois de plus sur la touche.

A trop vouloir dépeindre un monde sans poésie, le cinéaste rend son film aussi froid et plat que la société qu’il met en scène.

Le film n’est pas particulièrement exigeant, il n’est pas difficile d’accès non plus ; il est simplement pensé pour laisser le spectateur sur la touche. A trop vouloir dépeindre un monde sans poésie, peuplé d’individus profondément matérialiste et illogique, le cinéaste rend son film aussi froid et plat que la société qu’il met en scène. Un procédé cohérent et logique, certes, mais poussé tellement à l’extrême qu’il fait de L’INSTITUTRICE un film véritablement désagréable à regarder. La note finale, plus encore que d’habitude, est emplie de subjectivité et face à une œuvre aussi radicale, la réaction de chacun sera sans doute totalement différente.

En partenariat avec Blaq Out

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Rédacteur depuis le 12.07.2014
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