Lost River 6 e1429547241865 - [critique] LOST RIVER
© Bold Films Productions

[critique] LOST RIVER

Mise en scène
9
Scénario
8.5
Casting
8.5
Photographie
9
Musique
8
Émotion
9.5
Note des lecteurs5 Notes
8.1
8.8

À LIRE ÉGALEMENT – notre critique négative du film !

[dropcap size=small]A[/dropcap]lors, Ryan Gosling derrière la caméra, est-ce le début d’une nouvelle vocation ou bien une franche déception ?

Ce qui frappe au premier à bord dans les plans du jeune réalisateur, c’est leur esthétique très travaillée, véritable synthèse des réalisateurs qu’il admire. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, cela débouche sur un rendu très personnel et émouvant qui intègrent avec harmonie décors et protagonistes. Ryan Gosling s’inspire de plusieurs réalisateurs. Terrence Malick tout d’abord pour les plans de maisons en proie aux flammes qui rappellent l’immense incendie dans Les Moissons du Ciel, David Lynch ensuite pour le scénario tortueux et complexe, et puis Nicolas Winding Refn, son mentor, à qui il emprunte ce style lent et lascif, improbable de magnétisme. LOST RIVER s’inspire de Drive sur la musique, électrisante et débordante de tension, sur les personnages, qui n’ont aucun moyen d’exprimer leur frustration, qui sont coincés dans cette vie sans aucun échappatoire et sur la photographie, avec cette alternance entre plans fixes et courses-poursuites impitoyables, véritable kaléidoscope de sensations trop longtemps refoulées qui explosent.

© Bold Films Productions
© Bold Films Productions

Le scénario ou plutôt l’absence d’une trame définie attise la curiosité. Le film nous plonge dans une ville en perdition (une sorte de Détroit fantasmagorique qui possède quelques similitudes avec celui vu dans Only Lovers Left Alive) désertée par ses habitants, au milieu de baraques branlantes livrées à l’abandon. Seule rescapée de ces décombres, une femme célibataire (Christina Hendricks) avec ses deux enfants tente de survivre. Néanmoins les raisons de cet isolement deviennent bien vite secondaires, supplantées par une atmosphère étouffante qui asphyxie les personnages aussi bien que le spectateur. L’histoire est servie par un casting relativement méconnu du grand public. Entre les prometteurs Ian de Caesteker et Saoirse Ronan et la toujours troublante Christina Hendricks (vu récemment dans Dark Places), l’alchimie fonctionne à merveille.

« LOST RIVER, c’est une plongée en apnée dans l’envers du conte de fée, dont on ressort souillé, dégoulinant des miasmes d’une société corrompue. »

On a l’impression de s’enfoncer progressivement dans un huis-clos suffoquant, sans porte de sortie. On désenchante devant cette Amérique délaissée et qui est tombée dans ses bassesses les plus innommables. L’homme est devenu son propre prédateur, sa compassion n’est jamais désintéressée, son seul souhait n’est pas la domination, mais l’assouvissement de son prochain. Ryan Gosling parvient à faire ressortir une noirceur abyssale qu’il confronte à une amertume douce-amère. Mais même ce manichéisme criant ne parvient pas à étouffer la richesse du film. Les personnages sont caricaturés à l’extrême par dessein, chacun d’entre eux évoluant dans une bulle close qui se referme inexorablement, jusqu’à ce qu’ils deviennent prisonniers de leur propre condition. « Billy », la mère se sacrifie pour ses enfants, Rat en est réduite à imaginer un monde où elle aurait pu être heureuse, le jeune Bones s’échine au péril de sa vie à s’échapper de cet endroit tout en sachant intérieurement qu’il n’y parviendra jamais.

Quand la résignation rencontre l’affliction, quand l’espoir se noie avant même d’avoir pu exister, quand même la fin se révèle être en trompe l’œil. LOST RIVER, c’est une plongée en apnée dans l’envers du conte de fée, dont on ressort souillé, dégoulinant des miasmes d’une société corrompue.

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8 avril 2015 - Lost River

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[column size=one_half position=last ]CRITIQUE
CONTRE-CRITIQUE
 RENCONTRE avec Ryan Gosling et Reda Kateb

• Titre original : Lost River
• Réalisation : Ryan Gosling
• Scénario : Ryan Gosling
• Acteurs principaux : Christina Hendricks, Saoirse Ronan, Iain De Caestecker
• Pays d’origine : États-Unis
• Sortie : 8 avril 2015
• Durée : 1h45min
• Distributeur : Warner Bros (États-Unis) The Jokers/Le Pacte (France)
• Synopsis : Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une cité engloutie. Billy et son fils devront aller jusqu’au bout pour que leur famille s’en sorte.

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Auteur·rice

  • Né le 04.09.1995 | Profession : Étudiant | Réalisateurs préférés : Terrence Malick, Wes Anderson, Paul Thomas Anderson, David Lynch, Giuseppe Tornatore, Xavier Dolan, Woody Allen, Ingmar Bergman, Hayao Miyasaki, Andreï Tarkovsky, Wim Wenders, David Lean, Denis Villeneuve, James Gray | Films préférés : Le Parrain, Gattaca, Alabama Monroe, Blade Runner, Drive, La Cité de Dieu, Voyage au Bout de l’Enfer, Gladiator, La Vie est Belle, L’Échange, Bellflower, Les Noces Rebelles, American Beauty, Seven, Vol au-dessus d’un Nid de Coucou, Barry Lyndon, Into the Wild, Barton Fink, Royal Affair, La Leçon de Piano, American History X, La Vie d'Adèle, Loin des Hommes, 12 Years as a Slave, Memento, Alice dans les Villes, Her, Sin City, Mustang, Victoria | Séries préférées : Scrubs, Dexter, How I Met Your Mother, Friends, The Americans, Rectify, Generation War, Masters of Sex, Utopia, Shameless

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