men, women & children
© Paramount Pictures/Dale Robinette

[CRITIQUE] MEN, WOMEN & CHILDREN

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Mise en scène
4
Scénario
4
Casting
7
Photographie
5
Musique
6
Note des lecteurs2 Notes
7.9
5.2

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‘arrivée d’Internet et d’un monde tout-connecté a changé, qu’on le veuille ou non, notre façon de vivre. C’est ce thème que Jason Reitman, réalisateur du très connu Juno, décide d’aborder pour son nouveau long, un an après Last Days of Summer. Le fils d’Ivan Reitman, réalisateur de Ghostbusters, a toujours aimé scruter notre société, ses failles et les beaux monstres qu’elle engendre.

Sur quoi repose la réussite d’un film choral ? Avant tout, avant la mise en scène ou la scénario, il y a les personnages. Le film choral, par définition, implique une grande palette de personnages, différents, qui vont se croiser, se lier, se séparer. La multitude d’intrigues n’a pour but que de les faire cohabiter au sein d’un scénario prétexte à évoquer un grand thème. Rompons le suspense d’emblée, Men, Whomen & Children flanche sur ce point infiniment important à cause, notamment, d’une galerie de protagonistes trop inégale et de leur traitement manquant d’une bonne dose de subtilité. L’anorexique, la mère castratrice qui espionne sa fille et ne lui laisse aucune liberté, le père qui veut absolument que son fils fasse du sport, la cheerleader avide de gloire, voilà des figures qui traversent le(s) récit(s) mais qui ne dépassent pas leur statut de figure et n’arrivent logiquement pas à jouer sur le terrain de l’humain. Reitman en fait des cas et non des personnages, ce qui les décharge immédiatement de toute empathie. Le cas de Patricia (Jennifer Garner), la mère de la Brandy, est une parfaite illustration du reproche que je fais au film. Son personnage de mère craintive, voulant tout contrôler de la vie de sa fille est agaçant au possible de par son traitement monolithique. Et ce ne sont pas les quelques larmes de regrets qu’elle lâchera face aux conséquences de ses actes qui lui donneront accès à une quelconque rédemption. On pourra tout autant grincer des dents devant d’autres personnages éminemment ancrés dans ce qu’ils représentent. A force de vouloir brasser trop d’exemples, Reitman alourdi son propos. Pire, l’étude sociologique qu’il entreprend de mener n’ouvre pas le débat. La démonstration faite par son scénario referme toute réflexion possible à cause de son écriture parfois lourdingue. Est-ce que c’est mal de trop surveiller ses enfants sur les réseaux sociaux ? « oui, regardez, ça engendre des drames » répond le metteur en scène. Est-ce que l’anorexie est un phénomène dangereux alimenté par nos médias ? « oui, regardez, ça engendre des drames » répond-t-il encore. On est sans cesse pris par la main afin de guider notre pensée.

© Paramount Pictures/Dale Robinette
© Paramount Pictures/Dale Robinette

Tous ces points négatifs sont d’autant plus rageants que Men, Women & Children propose aussi d’autres personnages plus réussis qui méritaient un film à leur hauteur. Les plus beaux moments naissent dés lors de Reitman se met à dessiner des personnages plus contrastés. Au fond, Men, Women & Children est bien plus fort sur le terrain de l’amour que lorsqu’il s’évertue à vouloir scruter le monde contemporain. Deux arcs scénaristiques relèvent considérablement le métrage. D’abord la love-story adolescente entre Tim et Brandy, ponctué de doux moments délicats, poétiques. Rien n’est réinventé et pourtant c’est ce qu’on retient du film tant le reste est en-dessous. Ansel Elgort, la star montante de Nos Etoiles Contraires, trouve un beau rôle en compagnie de Kaitlyn Dever (States of Grace). L’autre arc ne peut pas être considéré comme une love-story puisqu’il s’agit d’un couple de quarantenaires. Sans atteindre non plus le niveau d’un 5 ans de Réflexion ou 40 ans : mode d’emploi, on est forcé de constater que la chronique de ce couple qui s’ennuie l’un de l’autre fonctionne agréablement. En grande partie grâce à un Adam Sandler qui livre sans aucun doute une des ses meilleurs prestations, loin de ses rôles de rigolos auxquels il a un peu trop souvent été abonné. Il faut voir le regard qu’il lance à sa femme, dans ce bar, au moment où il la découvre en compagnie d’un autre homme. La scène est simple, directe, efficace. Un champ/contre-champ, des bons acteurs et le tour est joué pour livrer une scène forte. La confrontation des générations est bien plus salutaire sous cette angle qu’en dépeignant les rapports des uns et des autres avec les nouvelles technologies.

”Au fond, Men, Women & Children est bien plus fort sur le terrain de l’amour que lorsqu’il s’évertue à vouloir scruter le monde contemporain.”

Si je m’attaque aux personnages, j’aurais plus de mal à faire de même avec les acteurs. Revenons à Jennifer Garner (Dalles Buyers Club), par exemple. Elle incarne très bien cette mère, le véritable problème ne se situe pas dans sa prestation intrinsèquement. La preuve ? On la déteste une fois les 2 heures passées ! Olivia Crocicchia (Terri) s’en sort aussi bien en pom-pom girl à la recherche de célébrité. Globalement, la troupe d’acteur tire son épingle du jeu. On notera que c’est un vrai plaisir de voir Dean Norris (Breaking Bad) et J.K. Simmons (que l’on a hâte de voir prochainement dans Whiplash !) au sein de la distribution, même s’ils sont cantonnés à des rôles un peu plus en retrait. Au risque de me répéter, le réel soucis vient de Jason Reitman qui livre, à mon avis, son film le plus faible. Sa mise en scène se laisse aller à des effets visuels faciles comme des bulles qui apparaissent au-dessus des personnages pour montrer qu’ils s’envoient des textos ou des fenêtres d’ordinateurs incrustés dans l’image. Au-delà de petites fausses notes visuelles comme celle-ci, le metteur en scène emballe convenablement son film. Il semblerait que Jason Reitman ait visé un peu trop haut avec ce film choral. La dimension cosmique qu’il tente d’aborder avec la surprenante première scène traduit bien l’ambition de l’homme. On s’est même surpris à croire, à tort, en voyant dans la scène suivante Sandler utiliser l’ordi de son fils afin d’aller sur un site porno, que le film allait être une comédie mordante. Et même pas. Dommage.

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10 dcembre 2014 Men, Women & Children

 

BANDE-ANNONCE

Titre original : Men, Women & Children
Réalisation : Jason Reitman
Scénario : Jason Reitman, Erin Cressida Wilson, D’après l’oeuvre de Chad Kultgen
Acteurs principaux : Ansel Elgort, Jennifer Garner, Adam Sandler
Pays d’origine : U.S.A.
Sortie : 10 décembre 2014
Durée : 1h59min
Distributeur : Paramount Pictures France
Synopsis : Men, Women & Children brosse le portrait de lycéens leurs rapports, leurs modes de communication, l’image qu’ils ont d’eux-mêmes et leur vie amoureuse. Le film aborde ainsi plusieurs enjeux sociétaux, comme la culture des jeux vidéo, l’anorexie, l’infidélité, la course à la célébrité et la prolifération de contenus illicites sur Internet.

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Mise en scène
Scénario
Casting
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