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[CRITIQUE] MR. HOLMES

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REALISATION
6
SCENARIO (ADAPTATION)
7.5
CASTING
8.5
PHOTOGRAPHIE
6
REFLEXION/EMOTION
8.5
Note des lecteurs7 Notes
6.5
7.3

[dropcap size=small]Q[/dropcap]ui n’a jamais imaginé pour lui-même la suite des aventures de son héros préféré ? Lorsque le dernier chapitre du dernier livre se referme, on aimerait parfois attiser une curiosité bien humaine en poursuivant l’objet de notre admiration dans ses pérégrinations ultérieures. Et ensuite, qu’arrive-t-il ensuite ? Ensuite, il y a Mr Holmes, rêve incarné de voir le mythe au-delà du mythe, porté à l’écran par un Ian McKellen plus fringant que jamais.

En 1947, dans une Angleterre pastorale encore toute étourdie de la guerre, le célèbre détective Sherlock Holmes, sur qui on se retourne toujours en l’apercevant sur un quai de gare, vit une retraite monotone dans un cottage en compagnie de sa gouvernante, Mrs. Munro (Laura Linney), et du fils de celle-ci, le jeune Roger (Milo Parker). Si son intelligence demeure vive, sa mémoire flanche et son corps amaigri vacille du haut de ses 93 ans. Mais il y a plus important pour ce grand escogriffe que les ruches dont il s’occupe avec passion: ses souvenirs. Les réminiscences des affaires résolues qui ont fait sa gloire et sa réputation. L’image flottante du cas Ann Kelmot (Hattie Morahan), juste avant de tirer sa révérence, trente-cinq ans plus tôt…

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L’esprit aiguisé de Mr Holmes tangue ainsi entre réalité présente, passé imparfait et cauchemars nocturnes. Le film joue sur ces trois tableaux, allant, revenant, repartant. Le grabataire rajeunit, vieillit, croise une femme (celle de son affaire), puis une autre (sa gouvernante), oublie et recommence. Les vastes méandres de la mémoire sont explorés de fond en comble, magistralement. Le temps est assassin et enlève même aux plus brillants leurs facultés des mains. Triste fatalité, rappelée par les gestes précis de l’acteur, incarnation vivante de la sénescence. Une prouesse.

L’œuvre s’amuse aussi à flouter la frontière entre fiction et vérité. Holmes se plaint d’avoir été transformé en caricature par son fidèle Watson, qui aurait déformé ses aventures sous la forme de romans à succès. Pourtant lorsqu’il doit apaiser la conscience d’un mystérieux japonais avec lequel il a voyagé dans une Hiroshima en cendres (la bombe H a éclaté deux ans auparavant), le détective devient lui-même un maître du mensonge en rédigeant une lettre de son invention. Écrivant un bout de son histoire au milieu d’une autre histoire, Sherlock devient donc son créateur, Arthur Conan Doyle, le génial écrivain écossais qui lui donna la vie, dans notre dimension.

« Une adaptation riche et pleine de malice. »

Tel Saturne, le dieu mythologique, l’auteur dévore l’enfant qu’il a engendré, de peur qu’il ne le tue. Le nonagénaire Sherlock Holmes, devenu aux yeux de sa société un personnage de policiers, doit se changer en personnage de sa propre main afin de rompre la malédiction. Après avoir lutté toute sa vie pour briser les clichés à son encontre, le vieillard cède à l’image que l’on a donné de lui et la fait enfin sienne, pour trouver la paix. Ce qui rappelle un sondage mené par le Daily Telegraph et qui en 2011 avait révélé un résultat surprenant: 20% des Britanniques interrogés étaient en effet convaincus de l’existence réelle de Holmes, lui qui ne fut qu’une fabuleuse trouvaille littéraire.

Ce sont tous ces niveaux qui s’entremêlent, dans cette adaptation riche et pleine de malice, son couronnement résidant dans son esthétique léchée et ses dialogues percutants. On saluera Laura Linney, qui fait des merveilles et que l’on voit trop peu au premier plan ces dernières années. En mère ouvrière méfiante de l’influence du vieux Sherlock sur son fils, elle crève les yeux de sincérité. Et la scène de clôture, de toute beauté, martèle une ultime fois la morale d’une longue vie remplie de péripéties: faites mille destins d’une existence, du moment qu’en fin de piste vous trouvez la magnifique certitude d’avoir accompli quelque chose. Élémentaire mon cher Watson ?

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Titre original : Mr. Holmes
Réalisation : Bill Condon
Scénario : Jeffrey Hatcher, d’après le roman de Mitch Cullin ‘A Slight Trick of the Mind’
Acteurs principaux : Sir Ian McKellen, Laura Linney, Milo Parker
Pays d’origine : Royaume-Uni, Etats-Unis
Sortie : 19 juin 2015 (UK), prochainement en France
Durée : 1h44
Distributeur : Miramax, Roadside Attractions
Synopsis : En 1947, un Sherlock Holmes nonagénaire tente de se remémorer sa dernière affaire, alors qu’il s’est depuis longtemps retiré à la campagne.
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Rédacteur depuis le 09.03.2015

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REALISATION
SCENARIO (ADAPTATION)
CASTING
PHOTOGRAPHIE
REFLEXION/EMOTION
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