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[critique] Mr. Nobody

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Un enfant sur le quai d’une gare. Le train va partir. Doit-il monter avec sa mère ou rester avec son père ? Une multitude de vies possibles découlent de ce choix. Tant qu’il n’a pas choisi, tout reste possible. Toutes les vies méritent d’être vécues.

Note de l’Auteur

[rating:9/10]


Date de sortie : 13 janvier 2010
Réalisé par Jaco Van Dormael
Film français, britannique, belge, canadien
Avec Jared Leto, Sarah Polley, Diane Kruger
Durée : 2h 29min
Bande-Annonce : [dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x9fuex_mr-nobody-bande-annonce_shortfilms[/dailymotion]

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Parfois, il faut savoir accepter de ne pas avoir toutes les cartes en main dès les premières minutes pour pouvoir apprécier pleinement le spectacle qui se déroule devant soi. Car avec Mr. Nobody, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un spectacle. Mais quel spectacle ! Quelle expérience ! Voguant sur les genres et les registres avec une telle décontraction, Jaco Van Dormael (Le Huitième Jour) nous livre sans doute son film le plus abouti et le plus maîtrisé. Sous ses airs de décontraction royale, Mr. Nobody est d’une richesse labyrinthique incroyable. Ceux qui avaient opté pour un petit divertissement simpliste permettant de poser ses neurones sur la commode d’à côté seront bien déçus car le film éveille nos sens et nos interrogations et ce bien après sa projection. D’ailleurs, la seule envie qui nous gagne le générique de fin commencé, c’est de méditer un peu sur le fond de l’histoire et de la remettre illico presto tant les niveaux de lecture sont importants. La marque d’un grand film ? Assurément !

Là où certains réalisateurs auraient opté pour une mise en scène sobre voir un tantinet simpliste pour mettre sur pellicule cet enfant apercevant les différents tournants que sa vie prendra s’il va vivre avec sa mère plutôt qu’avec son père et inversement, Jaco Van Dormael n’a pas fait les choses à moitié, bien au contraire. Visuellement éblouissant, Mr. Nobody prend un malin plaisir à nous aiguiller sur tous les terrains avec pour seul leitmotiv nous faire ressortir de la séance avec des images plein la tête un peu comme l’avait déjà fait Darren Aronofsky avec The Fountain. Les images et la mise en scène sont d’une beauté inébranlable et les tournures de la vie de Nemo Nobody nous apparaissent d’une poésie insoupçonnable au départ. Si l’on ajoute en plus l’une des bandes originales les plus marquantes de cette année, ce Mr. Nobody a tout de la réussite surprise de 2010.

Le seul défaut (si l’on peut l’appeler comme tel) que l’on pourrait faire à ce métrage apparaît au niveau de ses acteurs. Ces derniers sont certes très doués pour véhiculer des émotions mais certaines séquences sont un peu too-much et dénaturent un peu le propos originel. Par exemple, lors de certaines scènes, la désagréable impression d’assister à un Jared Leto Show avec ces gros plans très lent où l’on s’attarde sur l’ondulation des cheveux longs et les yeux immensément bleus de l’acteur se fait ressentir. Un tel procédé n’a pas lieu d’être ici et à vrai dire je ne comprends toujours pas ce choix du réalisateur. Peut-être avait-il besoin de cela pour étendre sa cible à toute la gente féminine salivant d’avance d’apercevoir le beau gosse sous toutes les coutures. Un tel procédé peu marcher avec un film comme Troie où le Brad Pitt Show avait fait son petit effet mais avec un film comme Mr. Nobody l’effet est tout autre. Dommage. Cette petite erreur restera néanmoins un grain de sable dans cet océan d’ingéniosité et de talent.

Au final, Mr. Nobody est un film d’une très rare intensité qui nous fait vivre une véritable expérience cinématographique. Le cinéma doit rester un Art faisant rêver les foules et Jaco Van Dormael l’a parfaitement compris. En résulte un film d’une aura magistrale qui, même s’il n’a pas forcément rencontré le succès mérité dans les salles à cause d’une distribution pour la moins écœurante, a toutes les cartes en main pour toucher du doigt la postérité et devenir l’une des œuvres majeures de ce 21ème siècle.

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