[dropcap size=small]M[/dropcap]Y OLD LADY de Israël Horovitz est l’adaptation de la pièce de théâtre éponyme écrite par le réalisateur, c’est aussi un premier long métrage pour cet auteur de 75 ans. Ces deux dernières anecdotes semblent importantes pour appréhender les qualités et les défauts du film.
Mathias est un cinquantenaire New Yorkais, un peu dandy, franchement loser, qui débarque sans un sou à Paris, afin de prendre possession de l’immense hôtel particulier dont il vient d’hériter de son père. Alors plein d’espoir de commencer une nouvelle vie grâce au fruit de la vente de cet appartement, il découvre que son père lui a encore « planté un couteau en argent dans le dos ». La propriété est en effet en « viager », cette spécificité française consistant à acheter à bas prix un bien immobilier tout en garantissant une rente mensuelle aux propriétaires jusqu’à… leurs morts. Le personnage hérite donc des murs et de la bien portante old lady de 92 ans, jouée par une piquante Maggie Smith.
Le film commence donc comme une sympathique comédie, jouant sur ce quiproquo initial et le décalage culturel du personnage face aux « spécificités » françaises. Cependant ceci finit par en devenir très agaçant, car il en est fait beaucoup trop. A force de toujours jouer sur les mêmes ressorts comiques dans cette première partie, MY OLD LADY en devient lassant et on finit par peiner à décrocher un sourire, car tout semble forcé. Le tempérament du personnage principal accentue cette distanciation. Mathias, interprété par un Kevin Kline qui n’hésite pas à gentiment cabotiner, devient en effet assez vite agaçant par son égocentrisme et son arrogance. Difficile donc d’être accroché par ce début de film sympathique mais assez vide, et parfois même assez exaspérant.
Israël Horovitz, opère cependant une rupture de ton assez impressionnante au cours du second tier du film. MY OLD LADY abandonne alors brutalement et quasi intégralement la comédie, pour se tourner avec brio vers le drame familiale. Et c’est à ce moment que le film prend tout son intérêt, d’une part pour son écriture et l’émotion qui se dégage, et d’autre part pour son trio d’acteur magnifique, en particulier Kristin Scott Thomas très touchante.
La légèreté de ton et des dialogues de la première partie laisse alors place à des émotions assez dures et une intensité impressionnante : les personnages règlent leurs différents familiaux, les non-dits sont dévoilés et les sentiments exposés. L’évolution des personnages devient alors très intéressante à suivre, en particulier du fait de leur âge. On est en effet plus habitué à voir ce genre de règlement de compte enfants/parents avec des personnages jeunes face aux adultes, alors qu’ici le clivage est transposé à la génération suivante, ce qui en devient d’autant plus captivant. Le propos en est en outre enrichi par la réflexion des personnages sur leur propre parcours, et la sensibilité du regard du metteur en scène sur ces deux générations.
« Un film très inégal, mais loin d’être dénué d’intérêt. Au contraire. »
Le contraste entre les deux registres est donc clairement impressionnant, et la rupture qui est opérée bienvenue. Cependant la réussite de cette seconde partie ne parvient pas à faire oublier la trop longue et pesante introduction, qui en devient de ce fait d’autant plus inutile. MY OLD LADY se révèle être un film très inégale mais loin d’être dénué d’intérêt. Au contraire. Bien qu’un peu décevant le film mérite le visionnage.
Les autres sorties du 6 mai 2015
PYRAMIDE, LES JARDINS DU ROI, L’ÉPREUVE, MELODY, HYENA, UN PEU BEAUCOUP AVEUGLÉMENT, ZANETA, LADYGREY, LE TALENT DE MES AMIS, etc.
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• Réalisation : Israël Horovitz
• Scénario : Israël Horovitz
• Acteurs principaux : Kevin Kline, Maggie Smith, Kristin Scott Thomas, Dominique Pinon, Stéphane De Groodt
• Pays d’origine : France, Angleterre
• Sortie : 6 mai 2015
• Durée : 1h42
• Distributeur : Zelig Films Distribution
• Synopsis : Mathias, la cinquantaine, new-yorkais, divorcé et sans ressources, débarque à Paris pour vendre la maison qu’il a héritée de son père. Il découvre alors que ce magnifique hôtel particulier du Marais est habité par une vieille dame de 92 ans, Mathilde, et sa fille, Chloé. Un hôtel particulier que Mathilde a placé il y a bien longtemps en viager, coutume typiquement française que ne comprend évidemment pas cet Américain pragmatique, qui, non seulement se retrouve en plus à devoir payer une rente.
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