Samson, âgé de 11 ans, voit sa mère assassinée par un soldat. Désormais, il a au coeur une haine implacable pour l’envahisseur. Son grand-père lui transmet des pouvoirs surnaturels et le rend invulnérable. Devenu adulte, Samson est prêt pour la vengeance : aucune force ne l’arrête, il échappe aux pires violences, aux pouvoirs occultes de ses ennemis et par ses actions, gagne la sympathie du peuple. C’est alors que la somptueuse Dalilah décide de le séduire. Les sortilèges de l’amour auront-ils raison de Samson ?…
Pifomètre Nanar
• Date de sortie : 1985
• Réalisé par Sisworo Gautama Putra
• Film indonésien
• Avec Paul Hay, Suzzanna, Eddy Gunawan, H.I.M. Damsyik, Soendjoto Adibroto
• Durée : 1h27min
• Titre original : Samson Dan Delilah
• Extraits :
L’Héroïc Fantasy est riche en perles dans le monde du nanar. Forcément puisque le genre en lui-même demande tout de même certains moyens et peut par conséquent vite sombrer dans le ridicule. La Revanche De Samson en est un des plus brillants exemples. Rien que les premières secondes filent une véritable claque au spectateur qui voit un type bodybuildé joué par Paul Hay balancer des rochers sur un vieux qui les rattrape et les lui relance. Le même vieux essaie même d’écraser le héros fort en muscle contre une paroi rocheuse avec l’aide d’une énorme pierre mais ce-dernier résiste tellement il est fort. Voilà, le ton est donné, ce film va être joyeusement lamentable.
Le personnage principal sublimement incarné par Paul Hay s’appelle Daman, il est né dans une région indonésienne dominée par l’oppression du régime Hollandais. Sa naissance est le fruit d’un viol envers sa mère par un soldat Hollandais. Ainsi, contrairement à ses proches, Daman n’a pas la peau mate, n’est pas brun mais bien blanc et blond mais également doté de supra-pectoraux entre autres. Doté d’une force surhumaine, on lui confie la mission de protéger son peuple de l’armée Hollandaise mais voilà qu’il va croiser la princesse Delilah et sa vie va alors changer à jamais.
Commençons par les personnages : Daman, aussi appelé Samson en référence à sa super force. Et bien, pour faire court, ce n’est qu’un sous-abruti aux tendances schizophrènes. Si ce n’est pas le cas, c’est que le scénariste qui a écrit ça était en permanence sous l’effet d’une gueule de bois carabinée. La princesse Delilah, elle, est aussi amoureuse que manipulatrice et on la déteste tant à cause de sa niaiserie que de son caractère insupportable. Rajoutez-y les méchants d’usage comme le colonel Hollandais qui se tartine du liner sur l’œil et pense qu’une fausse moustache trouvée chez Center Fête en dessous du pif, ça donne un style.
Il y a lui aussi, vous allez d’abord penser qu’il s’agit d’un type avec un morceau en terre cuite sur le visage fabriqué par son fils de cinq ans pour la fête des pères mais vous allez lourdement vous tromper. C’est un cyclope !
Sinon il y a encore cet espèce d’excité surnommé « l’homme qui connaît tous les secrets », il collectionne les pouvoirs débiles dont celui de pouvoir commander ses jambes à distance. Vu la tronche de ses secrets, on se dit qu’il y en a qui devraient rester cachés, voir le héros se friter contre une paire de guiboles, ça en fout un coup quand même.
La Revanche De Samson propose des scènes d’action tout simplement faramineuses. Avec l’aide d’un coordinateur des cascades porté sur la bouteille et de tout un approvisionnement de mannequin 100% faux, tout est fait pour que le spectateur ne décroche pas ses yeux de l’écran. On retient notamment la scène où Samson affronte un taureau à main nues, un grand moment qui fait toute la gloire des animaux en mousse. Mais là où La Revanche De Samson surprend, c’est que ce ne sont pas ses scènes d’actions grotesques qui font les morceaux de bravoure du film mais les scènes intimistes entre Samson et son amour Delilah. Répliques au rabais, jeu des acteurs à se rouler par terre, un Samson qui malmène sa princesse par des élans schizophrènes inexpliqués et inexplicables ainsi qu’une scène culte s’amusant à vanter les mérites aphrodisiaques de la gastronomie avec une audace réelle qui ne manquera pas de vous laisser sans voix.
Je me dois de dédier un paragraphe entier à CETTE scène extraordinaire du film, celle où Delilah piège Samson en cherchant à le capturer pour son père. Mais avant qu’elle ne le drogue, les deux tourtereaux vont entamer un rituel de séduction très chaud teinté d’une ambiance culinaire unique. Appuyé par des symboles très parlants, on assiste à un délire érotique dans sa forme la plus pure, une poésie grivoise outrancière avec en prime une musique qu’on n’oubliera pas de sitôt. Il semble en effet qu’un flûtiste donne sa vie en jouant de son instrument alors bloqué dans sa trachée. Autour de ces mets raffinés et de ces métaphores pas très propres, quelques interventions dialoguées achèveront de défoncer les barrières du politiquement incorrects et laisseront le spectateur pantois.
Pour finir, La Revanche De Samson représente 1h27mn absolument délirante et inoubliable. Un nanar accessible à tous puisqu’il évite les prises de têtes psychédéliques mais reste terriblement bête avec toutes les caractéristiques propre au genre.