[critique] Nouvelle Donne

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Depuis l’enfance, Erik et Phillip, unis par une profonde amitié, ont pour ambition de devenir écrivains. Alors que le manuscrit d’Erik est rejeté, celui de Phillip est publié et le jeune homme devient du jour au lendemain une figure de la scène culturelle norvégienne. Six mois plus tard, Erik et ses amis vont chercher Phillip à l’hôpital psychiatrique…

Note de l’Auteur

[rating:6/10]

Date de sortie : 18 juin 2008
Réalisé par Joachim Trier
Film norvégien
Avec Epsen Klouman Hoiner, Anders Danielsen Lie
Durée : 1h43min
Bande-Annonce :

Anders Danielsen Lie, Epsen Klouman Hoiner, Ingmar Bergman, James Dean, Joachim Trier, Lars Von Trier, Millenium, Nouvelle Donne

Il faut bien que l’une des plus riches et des plus poétiques cultures d’Europe fasse son cinéma. Des sagas norroises à Millenium, les bardes scandinaves ont créé des images puissantes. Ces images n’adoucissent pas notre monde rêche, il y est toujours question de sang, de funérailles, de résurrections, tout ceci mijoté dans de la vraie beauté. Rejeton des Ingmar Bergman et des Lars Von Trier, le norvégien Joachim Trier mélange le soleil et le froid au pays de la jeunesse, de sa beauté, de ses contradictions. Nouvelle Donne est un premier long-métrage influencé, maladroit mais son bon parfum remplace son inexpérience.

Phillip et Erik sont amis depuis l’âge tendre et cimentent cette amitié d’une passion commune pour la littérature. Ils ambitionnent d’être de grands écrivains. Oslo est leur terrain de beuveries et d’observation, Paris leur fantasme. Le manuscrit de Phillip est retenu, celui d’Erik est rejeté. Le sort étant ce qu’il est, Phillip subit son succès. Il entre à l’hôpital psychiatrique tandis que son ami se fortifie dans l’anonymat.

La Nouvelle Vague française, brillante parenthèse d’un cinéma cocorico moribond, sert de calque à Joachim Trier. Récit éclaté, chronologie chahutée, bande-son mouvementée, esprit déjanté, le réalisateur du Nord fait ses gammes sur un solfège devenu cosmopolite et incontournable. Il convoque l’artisanat des sixties pour donner à son projet un cachet que n’atteint pas le dégueulis des effets spéciaux modernes. Phillip et Erik sont nos contemporains mais vivent dans un Oslo vintage et pensent comme au café de Flore. Leur vie est fraîche. On aimerait manger chez eux et jeter la 3D par la fenêtre. Refaire le monde, c’est le métier des jeunes, c’est leur CDI. Mais attention, paradoxe ! Ces jeunes Turcs de la révolution se connaissent moins bien qu’ils ne connaissent leur propre monde. Ils citent ce qu’ils n’ont pas encore écrit, ils lisent ce qu’ils n’ont pas encore vécu. Wittgenstein. Dahl. Ils sautent sur du punk par principe. Leur estomac, lui, ne contient aucun germe de fureur. Phillip tombe dans la dépression parce qu’il sent bien que l’artiste créateur vit de son courage comme du calcium sur ses os. Erik tergiverse, Erik flâne, erre, ne sait pas s’il doit avoir une muse ou pratiquer le sexe fétichiste avec des prostituées, s’il doit être parisien pour être écrivain ou rester en Norvège pour être une idole indigène. Il a soif du monde mais boit sa vie du bout des lèvres et autour d’eux des amis qui ne servent à rien, aucun guide.

La grande problématique de l’identité imprègne l’histoire de ces deux post-adolescents de notre époque à la boussole cassée. Depuis James Dean, le sort des jeunes occidentaux fascinent le cinéma, ces jeunes héritiers des derniers empires, ces princes en jean qui peinent à trouver le contrôle d’eux-mêmes. Joachim Trier marche sur des plates-bandes déjà foulées et qui doivent l’être encore. Son film est juste, attirant, touchant. On regrette son manque de caféine. Sur le papier, l’énergie de la Nouvelle Vague soutient Nouvelle Donne mais à l’écran, la monotonie étouffe la vitalité. Les comédiens aux sourires éclatants restent mesurés, trop mesurés, ne lâchent pas les chiens. La direction d’acteurs est sage, polie, modeste. On voudrait des cris, on voudrait de l’hystérie, des rires gras, de l’exubérance, de la passion, du foutre ! Joachim Trier l’entend d’une autre oreille. Il semble accorder plus d’importance au vague à l’âme qu’à la bestialité joyeuse et formatrice qui dort quelque part dans le squelette de nos jeunes. Il n’y a pas d’écart. La langue norvégienne, un murmure dans le film, aurait peut-être aimé monter plus haut. En dehors de Epsen Klouman Hoiner et Anders Danielsen Lie, les personnages secondaires sont artificiels, faire-valoir sans vie propre. Ils sont décoratifs. L’ensemble est décoratif et manque de viande mais il reste un parfum. Le parfum. Un échantillon de ce parfum pour tous les films, s’il vous plaît.

Anders Danielsen Lie, Epsen Klouman Hoiner, Ingmar Bergman, James Dean, Joachim Trier, Lars Von Trier, Millenium, Nouvelle Donne

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