[critique] Ondine

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Syracuse, un pêcheur irlandais, découvre un jour dans son filet une femme prénommée Ondine, dont il est persuadé qu’il s’agit d’une sirène. Au fur et à mesure qu’Ondine s’intègre dans la communauté, plusieurs théories émergent quant à sa nature, tandis que Syracuse commence à tomber amoureux d’elle…

Note de l’Auteur

[rating:7/10]

Date de sortie : 25 août 2010
Réalisé par Neil Jordan
Film américain, irlandais
Avec Colin Farrell, Alison Barry, Alicja Bechlada, Stephen Rea, Tony Curran
Durée : 1h51min
Titre original : Ondine
Bande-Annonce :

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En 1994, Neil Jordan réactivait le mythe du vampire au cinéma en compagnie de Tom Cruise et de Brad Pitt. La soif de mythologie paraît inextinguible et c’est sans doute pourquoi le réalisateur irlandais veut nous abreuver aujourd’hui de Ondine, un conte de fée celtique au réalisme magique et à la portée transgénérationnelle.

Syracuse est pêcheur dans un petit village d’Irlande du sud. Il est salao comme dirait Ernest Hemingway, un pêcheur malchanceux, ancien alcoolique déprécié par la communauté. Séparé de sa femme, il assiste impuissant à la maladie de sa fille, la petite et ravissante Annie à qui il manque un rein valide. Empêtré dans ses tourments, Syracuse se réfugie en mer où brusquement il fait une pêche miraculeuse : une jolie jeune femme à demi-noyée qui dit s’appeler Ondine. Cette femme, à l’identité brouillée par la mer et ses secrets, offre à Syracuse l’occasion de renverser le cours de sa vie et celle de sa fille. Elle a le don de porter chance. Cependant, chacun sait que les contes de fée ont leur part de ténèbres…

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L’esthétique de Ondine ne doit rien à Alice Au Pays Des Merveilles de Tim Burton, Les Frères Grimm de Terry Gilliam ou Le Petit Poucet de Olivier Dahan. Situé dans le creuset de la vie courante, ce long-métrage n’a pas tablé sur la sophistication des images pour apporter le rêve. C’est un pari que Neil Jordan a remporté. L’Irlande lumineuse, venteuse, froide et salée lui a suffi à créer une atmosphère de vertiges et d’horizon sans borne. La beauté naturelle de l’étendue marine communique à l’histoire sa capacité d’absorption. L’histoire se développe et enveloppe sans heurts. L’attirance de Syracuse pour Ondine et vice-versa coule de source. Elle le transcende, il la comble, transcendance et plénitude sont deux propriétés océanes. Annie associe Ondine aux Selkies, une famille de créatures amphibiennes liées au destin de l’homme. L’homme est aussi un amphibien. Il peut nager dans plusieurs sortes d’ivresse, comme Syracuse rendu ivre de chagrin par l’accident de voiture de sa fille, ivre d’amour pour son porte-bonheur féminin, ivre de l’alcool et de la désillusion qu’il partage avec son ex-épouse. Puis l’homme refait surface.

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Colin Farrell prouve de films en films qu’il descend en droite ligne de James Dean pour une chose : la tendre rudesse. Son rapport aux femmes est empreint d’une douceur presque féminine qui ne contredit pas mais anoblit sa nerveuse virilité. Alicja Bechlada, sa partenaire polonaise, sirène d’un autre genre devant Poséidon, ensorcèle à force d’érotisme ingénu, de charme ignorant de lui-même, d’absence de manières. Elle est crue au sens littéral. Mention spécial pour la précoce Alison Barry, la fille fictive de Colin Farrell, solennelle et mutine. Elle organise le conte et c’est par son regard exercé que nous captons l’étrange et précieux savoir que la magie, au fond, n’est qu’une affaire de lucidité.

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