Abandonné à sa naissance, Kang-do est un homme seul qui n’a ni famille, ni ami. Recouvreur de dettes sans pitié et sans compassion, il menace ou mutile les personnes endettées dans un quartier destiné à être rasé. Un jour, Kang-do reçoit la visite d’une femme qu’il ne connaît pas et qui lui dit être sa mère. Pour la première fois de sa vie, le doute s’installe en lui…
Note de l’Auteur
[rating:5/10]
• Date de sortie : 10 Avril 2013
• Réalisé par Kim Ki-Duk
• Avec Lee Jung-Jin, Min-soo Jo, Ki-Hong Woo
• Film coréen
• Durée : 1h45min
• Titre original : 피에타
• Bande-annonce :
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Il y a cette fâcheuse tradition en Asie que l’on peut constater depuis longtemps. Celle où le cinéma coréen perpétue à nous montrer des films simplets. En quelque sorte, il y a une forme de candeur dans ces films coréens qui adoucissent la machination de l’histoire. Les thèmes restent les mêmes, ils ne vont pas chercher très loin dans les sujets. Et on dirait que ça leur va comme ça, qu’ils ne veulent pas essayer de faire plus. On le remarque avec ce nouveau film de Kim Ki-Duk. Il y a cette petite chose inachevée qui reste coller à son film, même quand le film est fini quand on sort de la salle.
Un jour soudain, une femme frappe à la porte de Kang-do. Après une vingtaine d’années, elle lui confie être sa mère. Mais elle ne lui dira pas aussitôt. Kim Ki-Duk veut faire dans la complexité et le doute. Il veut inculquer au spectateur le doute qu’il a intégré à son protagoniste. Mais ça en devient pesant et long (il suffit de relever tous les « pardonne-moi » dit en une heure). En effet, cette femme suit le personnage principal partout. Et quand elle entre dans son appartement pour lui faire sa vaiselle et son ménage, c’est le comble. Tout le long du film, la mère essaiera de remplir son désir de rédemption auprès de son fils. Mais ça tombera très vite dans le maniérisme.
De plus, il y a Kang-do qui menace et torture ses employés pour de l’argent. Tout ce qui est traité tourne à l’obsession. Le vrai problème est la facilité avec laquelle ces deux histoires sont traitées. Pour le pardon demandé au fils, ce sont les pleurs. Pour la pitié afin d’éviter la torture, ce sont les cris. A l’instar de L’homme qui viendra (de Giorgio Diritti) cette même année, tout est fait pour choquer. Kim Ki-Duk choisi alors d’enchaîner les scènes malsaines. Il suffit de relever les moyens de torture, la pendaison, Kang-do qui se couche aux côtés de sa défunte famille, etc.
Sans sensibilité et avec l’horreur à répétition, Kim Ki-Duk enchaîne les scènes malsaines et maniéristes avec une réalisation pas très inspirée.
Il n’y a alors aucune sensibilité et aucune émotion qui s’empare du film. Tout est fait pour faire passer un mauvais moment au spectateur dans le fauteuil (un peu comme le remake de Maniac, aussi cette année). Kim Ki-Duk, avec son ton malsain et son maniérisme facile, n’a pas non plus une réalisation très inspirée. A la surenchère gratuite, le cinéaste coréen ajoute une austérité dégueulasse et grotesque. Il a choisit de filmer ses acteurs en gros plan lors des moments de tension ou lors de confrontations. La mise en scène n’est donc pas difficile à comprendre, et ainsi dès le début : Kim Ki-Duk veut adopter le principe de rapprochement.
Il filme les corps au plus près, reproduisant même avec sa caméra ce que les acteurs font. Exemple flagrant : dès qu’un personnage se prend une claque, la caméra bouge comme si la claque faisait écho. Indigeste et inutile. Il faudra dire à Kim Ki-Duk que le sentiment de rapprochement ne se fait pas avec des gros plans, sinon Les Misérables de Tom Hooper (2013) serait un chef d’oeuvre. Ceci doit d’abord passer par le jeu des acteurs. Et quand on voit les prestations des acteurs et actrices dans ce film, on se demande avec quoi ils se sont drogués. Au grand jamais on sent de haine, ni de pitié, ni de sensibilité dans les personnages, on ne sent qu’un sadisme inavoué entre le réalisateur et ses acteurs.
Mais être au plus près de ses personnages et pousser à chaque fois plus loin le sadisme ne veut pas dire aller plus loin dans le récit. Que ce soit la rédemption, livrée vite fait, ou le côté malsain, Kim Ki-Duk ne fait que survoler les relations entres les personnages. A chaque fois, un personnage apparait au milieu de quelque chose et tout s’arrête. Pourquoi ? Là où certains personnages pourraient déranger une situation, ils ne font que la stopper. Et là le cinéaste crée un creux dans son récit. Du coup, le film manque cruellement de conséquences des actes des personnages.
Finalement, Pietà est un film sous forme de rédemption bien trop austère et facile. Et avec une réalisation pas très inspirée, Kim Ki-Duk enchaîne les scènes malsaines et maniéristes. Sans parler de ses acteurs complètement à côté de leurs pompes qui ne font qu’accélérer un sadisme grotesque. Le cinéaste a enlevé toute sensibilité de son récit pour ne montrer que de l’horreur à répétition, sauf que ça ne va jamais très loin, toujours à peine touché du doigt. On se demande bien comment il a réussi à avoir le Lion d’Or à Venise face à The Master…