[dropcap size=small]L[/dropcap]ors de la performance des bellas à l’occasion de l’anniversaire du Président de la République des États-Unis, le pantalon de Fat Amy craque. Ce scandale provoque l’exclusion des bellas aux prochains championnats nationaux et leur interdit d’auditionner de nouvelles recrues. Le seul moyen pour le groupe de maintenir son existence est de remporter les championnats internationaux de chanteurs a cappella. Prêtes à tout pour survivre, les bellas doivent affronter un redoutable adversaire : les allemands du groupe Das Sounds Machine.
Certains des membres atypiques du groupe sont quasi inexistants ou invisibles, des nouvelles silhouettes bimbos font de la figuration en arrière plan des performances musicales et les bellas reprennent des chansons « comme il faut », le groupe a changé… et ce n’est pas pour le meilleur. L’originalité, la diversité et la « non respectabilité » des personnages ont été vendus pour un retour à la tradition et à la discipline. Les bellas n’ont plus rien des looseuses que nous avons pu apprécier dans le premier volume. Elles sont devenues des gentilles filles à papa/maman pour plaire à un public plus large et plus conformiste.
Beca est désormais stagiaire dans une maison de production à mixer des chants de noël (sérieusement au mois de juillet en France mais surtout au mois de mai aux États Unis vous préparez déjà noël???). Fat Amy se décide enfin à se « caser » pour de bon avec Bumper et à mener une vie « normale ». Et la nouvelle venue Emily perpétue l’héritage de sa mère et de Chloé (qui s’est transformé en dragon régnant sans pitié sur le groupe). Ça déborde et ça dégouline de bons sentiments à en devenir écoeurant. Tout le charme des personnages caricaturaux et souvent extrémistes du premier volet s’est évaporé. Seule la courte apparition du personnage d’ Aubrey parvient à sauver quelques séquences du film. Pendant quelques minutes on retrouve les doutes et les caractères bien trempés de nos héroïnes…avant qu’elles ne redeviennent les portes paroles et les lances de fer de la tradition.
Mais plus étrange encore, le film se disperse sans réussir à donner vie à ses personnages principaux (Beca, Emily, Chloé ou encore Fat Amy) ni à faire exister ses personnages secondaires tous genres confondus. Le sort le plus terrible est probablement celui réservé aux personnages masculins qui ne deviennent dans ce second volet que le faire valoir et accessoirement les « petits copains » des personnages féminins ou un boss tyrannique. Avec la multiplication des pistes narratives (championnat, affrontement avec les Das Sounds Machine, histoire d’amour, stage professionnel) les histoires s’étirent sans convaincre et sans nous toucher.
« Le film a perdu toute la saveur et la spécificité du premier volet. Le film s’éparpille dans des intrigues sans intérêt en faisant de looseuses extrémistes, des gentilles filles à papa. »
Pourtant toutes les difficultés sont prévues pour faire des bellas des warriors (à commencer par le groupe concurrent qui a tout d’une machine rodée dans le but d’anéantir tout opposant). Mais même cette piste tourne au ridicule lors de l’affrontement final des deux groupes et de l’épouvantable commentaire de John (et oui on retrouve cet abruti sexiste dans ce chapitre également) sur le « plus grand combat que se livrent les États Unis et l’Allemagne » lors de ce championnat international. Sérieusement ? Se moque-t-on de la culture moyenne des américains, de la notre, de celle des personnages? Le film va encore plus loin lorsque les Das Sounds Machine imitent la pause de la célèbre photo Raising the flat on Iwo Jima (photo qui est au centre du film de Clint Eastwood : Mémoires de nos pères) pour laquelle Joe Rosenthal reçut le Prix Putlizer. C’est la goutte de trop. Contrairement au premier volet qui réussissait à se moquer de tout assez efficacement, l’humour du second volet fait grincer des dents par son mauvais goût.
Certains films de divertissement parviennent à combler une mise en scène quasi inexistante par un humour, un sous texte et des personnages fouillés et efficaces. Les jeux de mots et les traits d’esprit peuvent faire oublier un certain manque d’originalité dans un scénario trop classique, des personnages décalés peuvent colmater l’absence d’une mise en scène, des numéros musicaux chorégraphiés avec soin peuvent se substituer à des jeux de lumière léchés. Ce n’est pas le cas pour PITCH PERFECT 2. Le film s’éparpille dans des intrigues sans saveur. Un échec sur toute la ligne.
@Marie9Pons
À LIRE ÉGALEMENT: LA CRITIQUE DE PITCH PERFECT vol. 1
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[/column]- CRITIQUE
– critique de HIT GIRLS (Pitch Perfect 1)
• Titre original : Pitch Perfect 2
• Réalisation : Elizabeth Banks
• Scénario : Kay Cannon d’après l’oeuvre de Mickey Rapkin
• Acteurs principaux : Anna Kendrick, Skylab Astin, Anna Camp, Brittany Snow, Rebel Wilson, Ester Dean, Adam DeVine, Hailee Steinfeld, Hana Mae Lee, Ben Platt, Birgitte Hjort Storensen, Flula Borg
• Pays d’origine : américain
• Sortie : 22 juillet 2015
• Durée : 1h54min
• Distributeur : Universal Pictures International France
• Synopsis :Les Barden Bellas sont de retour pour faire vibrer le monde dans Pitch Perfect 2, suite de The Hit Girls qui racontait l’histoire d’une bande d’adorables jeunes filles un brin marginales qui n’avaient qu’un point commun : leurs voix inoubliables lorsqu’elles chantaient ensemble et ne formaient plus qu’un. Cela fait trois ans que les Bellas se sont imposées comme le premier groupe exclusivement féminin à remporter un titre national grâce à leurs voix, leur style et leur attitude reconnaissables entre toutes. Mais lorsqu’elles se retrouvent radiées suite à un scandale qui risque de compromettre leur dernière année à Barden, nos trois championnes à l’esprit combatif estiment que, cette fois, elles ont perdu la partie…
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