Critique du film Requiem For A Dream réalisé par Darren Aronofsky avec Jared Leto, Ellen Burstyn, Jennifer Connelly

[critique] Requiem For A Dream

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Affiche REQUIEM FOR A DREAM

Harry Goldfarb est un junkie. Il passe ses journées en compagnie de sa petite amie Marion et son copain Tyrone. Ensemble, ils s’inventent un paradis artificiel. En quête d’une vie meilleure, le trio est entraîné dans une spirale infernale qui les enfonce toujours un peu plus dans l’angoisse et le désespoir.
La mère d’Harry, Sara, souffre d’une autre forme d’addiction, la télévision. Juive, fantasque et veuve depuis des années, elle vit seule à Coney Island et nourrit dans le secret l’espoir de participer un jour à son émission préférée. Afin de satisfaire aux canons esthétiques de la télévision, elle s’astreint à un régime draconien. Un jour, elle le sait, elle passera de l’autre côté de l’écran.

Note de l’Auteur

[rating:9/10]

Date de sortie : 21 mars 2001
Réalisé par Darren Aronofsky
Film américain
Avec Jared Leto, Ellen Burstyn, Jennifer Connelly
Durée : 1h50min
Bande-annonce :

Ceux qui n’ont pas encore vu ce film en connaissent au moins la musique. C’est le second long métrage réalisé en 2000 par Darren Aronofsky (qui s’est récemment démarqué avec Black Swan), et il fut largement nominé et récompensé. Plus de dix ans plus tard, ce chef d’œuvre n’a pas pris une ride.

Requiem for a Dream est l’adaptation d’un livre lui-même culte : Last Exit to Brooklyn d’Hubert Selby Jr. Le thème du film est pourtant racoleur et fréquemment usité : l’addiction. A La drogue, bien évidemment, mais aussi à la télévision, ou au sexe. A chacun sa pilule. Pour la traduire à l’écran, Darren Aronofsky utilise même certains procédés peu originaux : la vision se trouble, le temps se distord, et les visages se cernent. Mais la différence tient dans la poésie, le parfait timing et la respiration de chaque instant. La mise en scène de ce film est si incisive qu’elle pourrait se suffire à elle-même. A elles seules, les images suffisent pour comprendre le film dans ces moindres détails. Le réalisateur échappe à tous les clichés en ne filmant pas les protagonistes en train de se droguer. Trois images quasi chirurgicales suffisent à traduire l’instant qui enfonce un peu plus dans la drogue. Ce procédé, particulièrement efficace, se trouve déjà dans le premier long métrage de Darren Aronofsky : Pi. Dans Requiem for a Dream, le réalisateur le pousse à son extrême, saisissant dans le détail chaque personne, chaque objet, comme à la loupe. Accolés les uns aux autres, les plans se répondent et le protagoniste apparaît soudain changé, planant. Et si au début du film l’écran est souvent coupé en deux, traduisant un monde qui, bien que violent, dialogue encore ; il se terminera sur un long et étouffant crescendo de plans serrés sur les visages. Darren Aronofsky nous expose sans détour des drogués dont le monde se rétrécie à eux-mêmes.

Au cinéma comme ailleurs, certaines œuvres s’imposent comme monuments. Requiem For A Dream en est un.

Au traitement chirurgical des images se joint celui du son : celui de la seringue, ou encore celui d’une respiration. On suit la déchéance physique des quatre personnages principaux dans un rythme haletant, poussé par une musique déchirante. Il n’y a pas de mystères, aucun coup de théâtre ni happy end possible. Dès lors que la drogue est consommée, on sait que l’issue ne pourra être qu’extrêmement douloureuse. Mais c’est bien de cela que traite le film : d’une spirale infernale, entrainant chaque protagoniste dans sa fin la plus misérable et la plus pitoyable possible. A ce sujet, il faut particulièrement retenir la prestation d’Ellen Burstyn, littéralement bouleversante dans son rôle de veuve esseulée et triste.

Requiem for a Dream ne laissera personne indifférent. Cette exploration sans relâche de la perdition est menée par Darren Aronofsky sur un ton cru, sale, et d’une rare puissance. L’humour est là, au début, en petite touches subtiles et particulièrement cruelles. Mais très vite, il n’y a plus de place pour même un sourire. Mais c’est aussi pour cela qu’il faut l’avoir vu, parce que Darren Aronofsky traite de son sujet sans détours ni faux semblants. C’est sordide, choquant, et déprimant. Dans sa catégorie, Requiem for a Dream conserve une virtuosité encore inégalée.

Photo REQUIEM FOR A DREAM

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