SCUM

[CRITIQUE] SCUM (1979)

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Mise en scène
8
Scénario
8
Interprétation
7.5
Photographie
7
Satire
9
Note des lecteurs0 Note
0
7.9

[dropcap size=small]D[/dropcap]écédé en 1990, Alan Clarke est un auteur britannique dont l’œuvre porte un regard sur la situation sociale anglaise. Pour certains, il est à classer dans cette lignée de réalisateurs du « cinéma social »  au même rang que le maitre en la matière – Ken Loach. De manière générale, Clarke s’est intéressé aux travers de la société au Royaume Uni. SCUM est une œuvre qui a traversé les âges puisque son influence est palpable dans le très acclamé HUNGER (Steve Mcqueen, 2008) et a fait l’objet d’un remake réalisé par Kim Chapiron (DOG POUND, 2010).

A l’origine, SCUM était destiné à un format télévisuel, mais devant la dureté des images et des sujets traités (homicides, agressions sexuelles, racisme), l’auteur tombe sous la censure. Devant une telle radicalité, Alan Clarke reprend depuis le début et lance de nouveau un tournage en  1979, cette fois-ci pour une projection en salles. Au début des années 1900, le gouvernement britannique fait construire de nombreuses maisons de redressement qui accueilleront des jeunes délinquants. Connus pour leur intransigeance et la discipline de fer qui y est exercée, « les Borstals » acquièrent rapidement une inquiétante réputation. Le film aura participé à la fermeture de ces centres, puisqu’en 1982, soit 3 ans après SCUM,  le Criminal Justice Act en décide ainsi.

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Angleterre, fin des années 1970. Trois jeunes voyous, Carlin, Davis et Angel sont incarcérés dans un Borstal. Ils vont devoir y affronter des conditions éprouvantes et dès les premières scènes, c’est la violence des images qui frappent. Le visionnage de « Scum » est choquant,  poignant et viscéral. Le postulat de Clarke est d’une intelligence remarquable : Ici, il n’y a pas de vision manichéenne, chaque prisonnier tente de survivre dans ce monde où tout ou presque se dresse contre lui. Non seulement la direction – quasi dictatoriale – mais également ses codétenus, faisant preuve d’une détermination impitoyable. Une seule règle du jeu s’applique : la loi du silence. Avec le consentement voire la participation de la direction, le Borstal impose ses nouvelles règles de fonctionnement : Mène la danse ou meurt.  Les plus solides se transforment en bourreaux alors que les plus fragiles se suicident, écrasés par le poids de l’insécurité, des souffrances et de l’humiliation. Chaque détenu arrive avec son vécu et ses aspirations qui sont brutalement effacés et formatés par la direction. Gardiens, directeur, gouverneur ont la main mise sur l’intellect des détenus – imposant la manière de penser, la foi et les croyances, ôtant le reste d’humanité de ces jeunes adultes jusqu’à banaliser la perte d’un être cher. Dénués d’une quelconque empathie, ils manipulent les adolescents avec un plaisir sadique – tout simplement révoltant.

Alan Clarke dénonce sans concessions l’échec cuisant de ces établissements. Cette jeune génération, prise au piège, se mue alors en une bande d’individus composée de caïds, de violeurs et de meurtriers. Il filme ces âmes perdues dans cette situation infernale sans aucun jugement malgré les crimes qui y sont commis – montrés en victime d’un système totalitaire écrasant – il vise juste.

« Tourné à la manière d’un documentaire, le long métrage est saisissant de réalisme et n’épargne en aucun cas le spectateur. On en sort secoué, traumatisé. »

A mon sens, SCUM n’aurait pas eu l’influence qu’on lui attribue sans la qualité de ses interprètes. Ils sont tous impeccables dans leurs registres. La prestation de Ray Winstone (Carlin) contribuera à lancer définitivement sa carrière. Mick Ford est également touchant dans ce jeune Archer, symbole de l’idéalisme et de la liberté. Ses interventions sont des bouées de sauvetage lancées au spectateur – un instant de répit – avant  de replonger dans la réalité carcérale.

L’ensemble du récit est servi par la mise en scène d’Alan Clarke qui offre ici un huit clos étouffant.  Les plans resserrés sur les personnages et les travelling dans ces couloirs sans fins renforcent cette sensation d’enfermement et de désorientation. La désaturation des couleurs accentue l’austérité du métrage, le regard de l’auteur est glacial. Il ne tombe pas dans le pathos où il n’utilise pas de musique, les choses sont montrées telles qu’elles le sont.La réalisation très froide, donc, rend chaque minute qui passe plus insoutenable que la précédente – jusqu’à son final Ainsi, la dernière partie de SCUM est une explosion de violence atroce. Tourné à la manière d’un documentaire, le long métrage est saisissant de réalisme et n’épargne en aucun cas le spectateur. On en sort secoué, traumatisé.

SCUM se termine brutalement, sans ponctuation tangible du récit. On pourrait donc deviner que ce lugubre quotidien reprendra ses droits –  comme si rien ne s’était passé –  et cela fait froid dans le dos.

SOFIANE

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[divider]INFORMATIONS[/divider]

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Titre original : Scum
Réalisation : Alan Clarke
Scénario : Roy Minton
Acteurs principaux :  Ray Winstone, Mick Ford, Julian Firth
Pays d’origine : Royaume-Uni
Sortie : 19 Mars 1979
Ressortie : 26 Août 2015
Durée : 1h38min
Distributeur : Solaris Distribution
Synopsis : Angleterre, années 1970. Trois jeunes, Carlin, Davis et Angel arrivent dans un borstal, un centre de détention pour mineurs. Ils ont peur. Ils ont raison, car ils vont connaître l’enfer. Dans le centre, c’est la loi du plus fort, la loi du plus méchant, le règne de la terreur et de l’humiliation. Pris dans l’engrenage infernal d’un système sans issue, Carlin, Davis et Angel n’ont plus qu’un but : survivre

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