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[critique] Shortbus

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Shortbus suit plusieurs personnages new-yorkais dont les aventures tragi-comiques naviguent entre sexualité et sentiments. Tous fréquentent un club underground moderne, Shortbus, où s’expriment toutes les sexualités.
Sofia est sexologue et n’a jamais connu l’orgasme. Avec son mari Rob, elle simule le plaisir depuis des années. Sofia croise Severin, une maîtresse dominatrice qui tente de l’aider.

Parmi les patients de Sofia, James et Jamie sont un couple gay qui tente d’ouvrir ses relations sexuelles à un troisième partenaire. James propose une relation avec Ceth, mais Jamie reste sur ses gardes. James semble avoir un projet secret. Il est suivi par un mystérieux observateur, Caleb…

Note de l’Auteur

[rating:8/10]


Date de sortie : 08 novembre 2006
Réalisé par John Cameron Mitchell
Film américain
Avec Sook-Yin Lee, Paul Dawson, Lindsay Beamish
Durée : 1h 42min
Bande-Annonce :


Bande annonce Shortbus
envoyé par GayClic.

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John Cameron Mitchell. Ce nom ne vous dit sans doute pas grand chose (honnêtement à moi non plus) et pour cause : il n’a réalisé que deux films à ce jour, Shortbus donc et Hedwig And The Angry Inch (pour ceux qui connaissent).

Cependant, Mitchell a marqué d’un fer blanc le 21ème siècle un réalisant un petit ovni du cinéma qui a suscité la division du grand public à cause de nombreuses scènes pornographiques.

Alors Shortbus n’est-il au final qu’un porno chic de plus, simpliste et minimaliste d’un américain en manque de sexe ? Bien sûr que non ! Le film est plus profond que ça. Evidemment il y a du sexe en abondance, des images chocs qui dégouteront pas mal d’hétéros, mais il faut regarder plus loin. Il y a là un véritable malaise qui s’installe tout au long du film, un malaise indescriptible qui n’est pas sans rappeler American Beauty ou Little Miss Sunshine mais dans une ambiance différente à une époque différente.

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Shortbus nous embarque sur les pas de trois personnes : un couple gay qui vit une crise passagère et une jeune femme asiatique qui n’a jamais connu l’orgasme de sa vie.

A travers ces trois personnalités se dessine peu à peu l’atmosphère de Shortbus, une atmosphère de spleen profond, de frustrations envahissantes, de plaisirs inavouables et d’amour.

C’est dans ce contexte qu’entre en scène le Shortbus : endroit underground du tout New-York, sorte de musée orgiastique qui n’est pas sans rappeler la douce époque romaine, où les plus folles passions peuvent être assouvies sans préjugés. Sorte de caverne d’Ali Baba moderne où les passions sexuelles n’ont d’égales que l’imagination utilisée pour les mettre en scène. Ainsi, de nombreuses scènes naissent sous l’œil sceptique du spectateur qui peut soit rentrer dans cet univers magnétique faits de partouzes, de fellations, d’auto-fellations (pour ceux qui sont intrigués par le point zéro chez l’homme, ce film est fait pour vous !), soit littéralement décrocher et fermer les portes de ce lieu mythique.

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Mais là où d’autres réalisateurs auraient mis en scène de tels actes d’une manière crue et très vulgaire (on peut penser à Larry Clarke pour ne citer que lui), John Cameron Mitchell réussit, tout en finesse, ce challenge délicat, faisant passer la pilule de certaines scènes plus facilement.

Le résultat en est assez déroutant puisque la mise en scène d’une originalité certaine avec un univers riche en couleurs et une bande originale des plus envoûtantes confèrent à Shortbus un goût très prononcé de poésie contemporaine à l’esthétisme assumé tout en traitant de sujets sensibles tels que l’homosexualité ou le suicide.

Mais tout cela n’aurait pas été possible sans une direction minutieuse des acteurs qui sont tous des amateurs. En effet, par soucis de réalisme, le réalisateur a voulu que tous les rapports sexuels ne soient pas simulés pour accroître le réalisme. Or, la plupart des têtes d’affiches refusèrent d’associer leur nom à un projet aussi délicat et contestable. C’est ainsi que Mitchell, accompagné de sa directrice de casting et de son producteur, a fait appel à des comédiens amateurs par le biais de plusieurs magazines. On se croirait presque dans un casting de la Nouvelle Star. C’est sur ce pari risqué que réside la principale force du film car le résultat final est d’un réalisme incroyable.

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En conclusion, Shortbus est un très bon film de genre, orchestré d’une main d’orfèvre par un John Cameron Mitchell béni des dieux.

Shortbus est un film rare, puissant, magnétique, inclassable car pas tout à fait une comédie dramatique ni une comédie musicale, c’est un genre nouveau, une expérience nouvelle qui se ressent, s’écoute, se regarde, se vit.

L’une des œuvres les plus aboutis et les plus personnelles de ce siècle, un hymne au plaisir et à l’amour que beaucoup devrait prendre pour exemple.

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Auteur·rice

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  1. A mon avis ce film fait très calcul marketing sinon fashion & d’autre part sa rébellion laisse à désirer, tout comme d’ailleurs son naturalisme quelque peu de pacotille. Cependant comme vos critiques semblent fouillées et sincères, il me semble bon de vous faire profiter de celle d’un ami me semblant plutôt juste, BlindTheseus, sur Allo-Ciné: Caveat Emptor, Wesley!..

    « Pour certains panégyrique de la vie estudiantine avec ses partouzes sans heurts et les parties sans fin de ses communautés; ce film représente pour d’autres le triomphe de la pensée unique plutôt fade. En tout cas à voir. » (**)

    Amicalement, licensedmadness.