[critique] Somewhere

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Johnny Marco, auteur à la réputation sulfureuse vit à l’hôtel du Château Marmont à Los Angeles. Il va recevoir une visite inattendue : sa fille de 11 ans.

Note de l’Auteur

[rating:7/10]

Date de sortie : 5 janvier 2011
Réalisé par Sofia Coppola
Film Américain
Avec Stephen Dorff, Elle Fanning, Chris Pontius, Michelle Monaghan
Durée : 1h38min
Titre original : Somewhere
Bande-Annonce :

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Les jupes plissées virevoltent dans l’air saturé d’une chambre d’hôtel. Elles montent, descendent, tournoient comme des toupies fascinantes, elles dessinent des volutes blanches qui se perdent dans l’esprit esseulé de Johnny Marco. Acteur plus connu pour sa belle gueule que pour sa filmographie, il erre dans Le Château Marmont, hôtel mythique hollywoodien. Jay McInerney disait de ce lieu culte « Dans une ville où règne un soleil aveuglant, c’est un recoin sombre, où l’on a toujours le sentiment d’être au crépuscule, même au bord de la piscine. » Johnny est seul entre deux tournages. Il ne croise que des fantômes dans ces couloirs, des longues tiges aux jambes infinies, figures désincarnées car il n’y a rien derrière leurs yeux. Il profite de leurs étreintes sans réussir jamais à établir ce contact qui le guérirait. Alcool, médicaments, Le Château Marmont n’est pas le meilleur endroit pour se délasser à l’écart du tumulte du star- système. Johnny se perd dans le néant, la frivolité d’une existence sans but. En Ferrari, on est loin de La Fureur De Vivre car ici pas de fuite en avant. On tourne en rond.

Mais une apparition arrive dans le cadre et dans la vie de Johnny. Cléo réveille son père, le tirant peut être d’un cauchemar pour le ramener à la vie. Du haut de ses onze ans, elle est la richesse de Johnny qui n’est pas très présent et attentif à ses attentes. Sa mère part réfléchir. Alors pendant ces quelques jours elle va remplir le vide. Il a besoin d’elle autant qu’elle a besoin de lui. Il s’agit d’une transmission silencieuse, faite de regards dans la même direction. Évidemment il y a quelque chose de biographique dans cette fille qui cherche la reconnaissance dans les yeux du père, dans ce passage entre l’enfance et l’adolescence. Cléo est une poupée qui ne joue plus, consciente des réalités, elle aussi connait le luxe des chambres d’hôtel. Mais pendant qu’elle joue ou dessine, son père sur le balcon fume une cigarette et se fait draguer par une amazone qui lui montre ses seins.

Il y a trois personnages dans ce film, Johnny, Cléo et Le Château Marmont qui les réunis. On croise pour notre plus grand plaisir Benicio Del Toro et notre frenchi Aurélien Wiik dans une soirée bercée par le son de Sébastien Tellier. A la sortie du parking une voiture s’encastre dans le mur d’en face sans doute en référence à Helmut Newton qui trouva la mort dans sa Cadillac. On ressent cette atmosphère si particulière aux grands hôtels cultes comme le Chelsea à New York, un mélange de décadence et de grandeur, nostalgique d’un temps révolu et pourtant lieu de toutes les convoitises. Une odeur de tabac froid, de chlore, d’huile solaire, de parfum entêtant.

Il est toujours question de solitude dans les films de la cinéaste, d’un spleen, d’une mélancolie lancinante. Parfum de notre époque, le propos est le même que dans Lost In Translation. Une impossibilité d’être complet, le sentiment d’avoir toujours un manque impalpable et de se perdre dans des échappatoires faciles.

Il est regrettable qu’elle soit parfois aussi explicative. La scène du début répond à la dernière du film. Johnny fait des tours de pistes avec sa voiture de course, illustration de son angoisse existentielle. A la fin il roule sur une route de campagne, arrête le moteur et sort marcher vers l’horizon. Cliché trop facile pour nous faire comprendre qu’il s’est révélé à lui même. La photographie de Harris Savides (The Yards, Elephant, Zodiac,…) rend le film moins pop que dans les précédents, la mise en scène est plus minimaliste avec de longs plans fixes, et il y a peu de dialogue. Et cette manière de concevoir le cinéma peut agacer car c’est sans doute un peu trop arty, trop formaliste, se regardant le nombril au soleil sur un transat dans un maniérisme appuyé. Mais Sofia Coppola arrive à saisir quelque chose qui traverse l’atmosphère viciée de ces chambres d’hôtels. Johnny a changé. Imperceptiblement il s’est vu dans les yeux de sa fille. Je repense souvent à la tête de Scarlett Johansson sur l’épaule de Bill Murray et je vais aimer me souvenir de Stephen Dorff partant à la dérive sur un matelas gonflable jaune.

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CINEDINGUE
CINEDINGUE
Invité.e
27 mai 2011 10 h 46 min

Voilà un film sur l’ennui pas ennuyeux du tout! J’ai adoré ce film même si je conçois que son rythme en rebutera plus d’un!

logan morpheus
logan morpheus
Invité.e
14 janvier 2011 16 h 01 min

Rien, d’ailleurs je n’ai même pas envie de le voir.

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