TAMPOPO
Tampopo, Films Sans Frontières

[CRITIQUE] TAMPOPO (1987)

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Mise en scène
9
Sens de l'observation/ soucis du détail
10
Dialogues
9
Image
6.5
Montage
7
Casting / Direction d'acteurs
8.5
Note des lecteurs0 Note
0
8.3
Note du rédacteur

Ne faîtes pas comme moi : mangez avant d’aller voir TAMPOPO ! Pendant près de 2h j’ai vu défiler des plats succulents, dont le moindre détail était commenté avec finesse et malice. Spectacle pour les yeux et le palais (je croyais sentir l’odeur des plats à l’écran !), TAMPOPO fut un délice pour mes sens et un supplice pour mon estomac. Le film terminé je n’avais qu’une hâte : avaler un des plats présentés dans le film. TAMPOPO prend l’excuse d’une intrigue minimaliste pour nous embarquer dans une série de sketchs (parfois sans rapport avec l’histoire principale), autour de la nourriture, et plus particulièrement de l’amour inconditionnel des japonais pour les « ramens », nouilles préparées en bouillons aux déclinaisons innombrables.

Tampopo, une veuve qui vivote avec son garçon au bord de l’autoroute grâce à une médiocre cantine pour routiers, va tout faire pour apprendre LA recette ultime des nouilles. Les gourmets principaux ne sont pas les chefs ou les critiques, mais les tenanciers de minuscules gargotes, routiers savants ou sans-abris esthètes. Ces 1001 nuits des pâtes en sauce invitent au rire mais aussi à l’observation des comportements extravagants que provoquent la nourriture. TAMPOPO est un voyage picaresque qui propose au spectateur de traverser toutes les strates de la société japonaise, guidé par la quête mystique du « je ne sais quoi » qui transformera un banal bouillon en orgasme pour les papilles.

TAMPOPO bien qu’antérieur à la vague récente des comédies sur la cuisine (#Chef, Le goût de la vie, etc.) dépasse largement ces films en qualité d’écriture. Le film japonais de 1985 conclut un pacte honnête avec les spectateurs : pas de sentimentalisme, seulement une expérience des sens et de l’esprit. Difficile donc de parler de scénario, tant le réalisateur prend des libertés avec l’intrigue principale. Le but est de nous faire rire et réfléchir, dans un style de mise en scène qui rappelle Jacques Tati. Ces scènes sont drôles, absurdes mais aussi terriblement crédibles. On sent derrière leur écriture de longues journées passées à observer les gens manger, parler nourriture et cuisiner. Juzo Itami signe un film entier et honnête, dont l’enthousiasme pour la nourriture est directement communicable au spectateur.

Tampopo, un sketch érotique sans conséquence sur l'intrigue et pourtant un pure moment de cinéma.
Tampopo, un sketch érotique sans conséquence sur l’intrigue et pourtant un pure moment de cinéma.

Sous couvert de parler de la nourriture, le réalisateur dessine en creux les obsessions de la société japonaise : sexualité, mort, stress, honneur, hiérarchie, fascination / répulsion pour l’étranger, etc. On ne s’ennuie jamais, même si parfois le film déroute. Lorsque le générique de fin arrive, une pointe de mélancolie nous envahit : on aurait bien demandé du rab.

Le délire comique et gastronomique de Juzo Itami est accessible aussi grâce à la performance des acteurs, tous investis à fond dans ces scènes d’un quotidien sublimé. Tsutomu Yamazaki traverse le film comme s’il s’était perdu entre deux aventures à la Crocodile Dundee, le temps de sauver la veuve et l’orphelin de la mal-bouffe. Son charisme et son humour rendent épique ce qui aurait pu être une banale comédie sur la nourriture. Nobuko Miyamoto qui incarne Tampopo, joue à la perfection l’abnégation du disciple qui souhaite plus que tout apprendre de ses maîtres. La relation qui se tisse entre les deux permet d’imaginer d’autres scènes invisibles dans le film.

TAMPOPO installe un genre. On se surprend à continuer le film dans notre tête, comme s’il s’engendrait lui-même autour des scènes que nous avons véritablement vu, ou cru voir.

« Juzo Itami signe un film entier et honnête, dont l’enthousiasme pour la nourriture est directement communicable au spectateur. »

Le plus grand mérite de TAMPOPO est sans doute de ne pas résoudre le mystère qui a poussé Juzo Itami à réaliser un film sur ce thème. L’image final du film apporte toutes les réponses, faut-il encore que le spectateur se formule la question. Avec TAMPOPO, la préparation et la dégustation gagnent une dimension mystique. Sans tambour ni trompette, sans envolée lyrique ou photographie sublimée, Juzo Itami provoque chez le spectateur une révélation comique et quasi-religieuse : le monde se reflète tout entier dans un bouillon, tout le cinéma se trouve dans un bol de nouilles.

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Tampopo poster[/column]

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Titre original : Tampopo
Réalisation : Juzo Itami
Scénario : Juzo Itami
Acteurs principaux : Nobuko Miyamoto, Tsutomu Yamazaki, Ken Watanabe
Pays d’origine : Japon
Sortie : 25/11/87 sortie française, 23/09/15 (version restaurée)
Durée : 1h54mn
Distributeur : Films Sans Frontières
Synopsis : Une veuve qui vivote au bord de l’autoroute grâce à une médiocre cantine pour routiers, va tout faire pour apprendre LA recette ultime des nouilles.

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[divider]BANDE-ANNONCE[/divider]
https://youtu.be/W_KctoG0bAE

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Rédacteur depuis le 20.06.2015
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