[critique] Tetro

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Tetro est un homme sans passé. Il y a dix ans, il a rompu tout lien avec sa famille pour s’exiler en Argentine.
A l’aube de ses 18 ans, Bennie, son frère cadet, part le retrouver à Buenos Aires.
Entre les deux frères, l’ombre d’un père despotique, illustre chef d’orchestre, continue de planer et de les opposer.
Mais, Bennie veut comprendre. A tout prix. Quitte à rouvrir certaines blessures et à faire remonter à la surface des secrets de famille jusqu’ici bien enfouis.

Note de l’Auteur

[rating:8/10]

Date de sortie : 23 décembre 2009
Réalisé par Francis Ford Coppola
Film américain,argentin
Avec Vincent Gallo, Alden Ehrenreich, Maribel Verdu
Durée : 2h07min
Titre original : Tetro
Bande-Annonce :
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xb6ebx_tetro-bandeannonce-vost-fr-francis_shortfilms[/dailymotion]

Francis Ford Coppola signe ici un film intimiste et particulièrement esthétique. Il faut dire que les sujets abordés s’y prêtent : il est bien sûr question de famille, mais aussi d’art et d’aventure humaine. Il n’est donc pas besoin de connaître le travail de Coppola pour en apprécier le talent : Le travail de l’image dans Tetro pourrait être celui d’un photographe et parfois d’un peintre. C’est par la construction de certains plans que les dialogues trouvent une étonnante poésie : il n’est pas rare de voir l’un parler à l’ombre ou au reflet de l’autre.
Le réalisateur joue ici avec plusieurs univers et plusieurs genres, nous faisant basculer de l’un à l’autre, comme les personnages qui passent de l’anglais à l’espagnol parfois dans un même dialogue. Ce mouvement constant nous imprègne d’une ambiance particulière, que l’on retiendra beaucoup plus facilement que l’histoire en elle-même. Coppola metteur en scène en impose davantage que Coppola scénariste.

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La première particularité de ce film est bien sûr la volonté de Francis Ford Coppola de tourner les scènes du présent en noir et blanc. Il est fortement contrasté, donnant plus de force aux personnages, face aux souvenirs du passé, en couleurs sur un plan resserré, comme étouffés par la présence de la famille.
C’est aussi par la transposition en couleur et à la scène que les personnages semblent se réconcilier avec leur passé et les souffrances qu’ils portent. Ce soin et cette richesse de l’image reste l’un des points forts du film.

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La musique aussi : deux univers musicaux se rencontrent et s’affrontent dans ce film. La vie actuelle de Tetro est à La Boca (un quartier de Buenos Aires), et flotte dans des airs de tango ou de milonga. L’atmosphère de la Boca y est étrangement intemporelle, presque flottante. La vie passée de Tetro, au sein de sa famille, est elle imprégnée de l’univers du Père, illustre chef d’orchestre.
La musique y est donc envahissante, classique et imposante malgré sa beauté. On apprécie particulièrement cette coloration en second plan du film, qui nous aide à y rentrer plus facilement. La musique semble d’ailleurs être la fibre de ces personnages, et la relation qui se crée entre les deux frères prend elle aussi des airs de tango : ils oscillent entre amour, réconciliation, et rivalité.

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Les personnages et les comédiens se devaient donc d’être à la hauteur. Le trio qui se joue entre Tetro (Vincent Gallo), Bennie (Alden Ehrenreich) et Miranda (Maribel Verdu) est remarquable : ils se complètent, se suivent, se soutiennent. Au côté d’une Maribel Verdu particulièrement touchante, Vincent Gallo y illustre un Tetro marqué d’une blessure encore à vif, sorte de génie frustré, un peu à part, qui en devient fascinant. Mais sa position passive, toujours en refus, alourdit parfois le film, le tirant sur ces longueurs. Malgré des personnages pittoresques, le jeu des comédiens semble parfois rester en second plan.
L’histoire de Tetro est au fond un peu trop simpliste. Elle pourrait se suffire à elle-même, la famille représentant un sujet déjà lourd et emprunt d’une violence terrible, même si elle demeure silencieuse. On regrette alors l’atmosphère plus intime, poétique et légère du début, qui se perd un peu dans l’apothéose finale, avec un retournement de situation prévisible. On perd l’univers émouvant du départ et le film porte malgré tout ses longueurs, même si il ne tombe pas dans l’ennui.

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Valerie
Valerie
Invité.e
22 janvier 2010 17 h 31 min

Je ne trouve pas ce film intimiste, je trouve qu’il se déploie avec un lyrisme d’opéra, c’est étrange de percevoir un film de façon si éloigné, tout le monde se focalise sur la famille alors que l’art en est le centre: comment transformer son histoire personnelle, en quelque chose qui va au delà: l’art!

Lannehard
Lannehard
Invité.e
11 janvier 2010 12 h 55 min

Bonjour à tous,
Je cherche les références de l’oeuvre musicale jouée à la fin du film Tetro. Cet extrait est joué par un petit orchestre devant le cercueil ouvert de Carlo Tetrocini. Merci – Sylvain Lannehard

le mouton sauvage
le mouton sauvage
Invité.e
8 janvier 2010 22 h 18 min

Je l’ai vu le 1er Janvier, ma première impression fut de me dire quelle magnifique façon de débuter l’année dans une petite salle obscure. Il n’y avait rien d’autres qui me tentait. Le dernier Coppola ? Pourquoi pas ? Il parait qu’il est assez intimiste…

J’ai adoré ! Vincent Gallo et Alden Ehrenreich, les 2 frères sont magnifiques, l’Argentine, son tango et ses danses, et la Patagonie, même en noir et blanc, elle me fait rêver…

calloc'h
calloc'h
Invité.e
3 janvier 2010 1 h 06 min

je sors de la salle
tetro; du cinema de gens riches et peu enclins aux risques
belles images ( encore heureux c est du copo)belles musiques mais ce sont deja des musiques entendues 1000 fois.
en bref c est pas bref mais tres long a vivre,
dommage cet argent gaspillé , tchao a la prochaine

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