BIRTH OF A NATION

[CRITIQUE] THE BIRTH OF A NATION

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• Sortie : 11 janvier 2017
• Réalisation : Nate Parker
• Acteurs principaux : Nate Parker, Armie Hammer
• Durée : 1h50min
Note des lecteurs7 Notes
5
Note du rédacteur

On comprend sans peine les raisons de son double Grand Prix du Jury et Prix du Public au Festival de Sundance cette année ! On vous prévient tout de suite : ce film est magnifique ! Magnifique parce qu’il provoque tout ce que l’on aime au cinéma : il bouleverse et touche profondément l’âme humaine ! Il comble nos sens en éveil par sa mise en scène parfois un peu trop grandiloquente mais diablement efficace, et par la musique qui l’accompagne.  À la fois percutant, violent et romanesque, il scotche littéralement le spectateur au fauteuil !

Inspiré d’une histoire vraie, THE BIRTH OF A NATION décrit les fondements de la révolte des esclaves américains et donc de l’histoire de l’Amérique. Son traitement par Nate Parker (extraordinaire) à la fois producteur, scénariste, réalisateur et acteur principal, fait pourtant polémique aux Etats-Unis.Photo du film THE BIRTH OF A NATION

THE BIRTH OF A NATION est un film sur la frustration et l’humiliation à l’origine de la colère progressive de Nat Turner. On voit les graines de la révolte semées au début de sa vie et de la pratique de sa foi, arrosées par la haine et la honte face aux actes effrayants des maîtres sur les esclaves. Le réalisateur le présente comme un enfant de Dieu qui guidera les siens, et il a d’ailleurs très bien contextualisé l’influence de la religion sur tous les actes de la vie des colons et des esclaves au cœur de cet État de Virginie de 1809. On voit la ferveur de Nat à citer les versets de la Bible et donner espoir à ses semblables. Puis il s’approprie peu à peu les citations qui lui sont interdites et s’égare dans ses interprétations et les signes qu’il voit dans la nature pour son passage à l’acte désespéré.

La force de la réalisation est de ne pas uniquement s’attacher au point de vue de Nat, ni d’inciter le spectateur à une totale empathie avec lui. La violence dont il fait preuve est tout aussi inexcusable que celle dont sont capables les colons. Il y a évidemment dans THE BIRTH OF A NATION le vilain chasseur d’esclaves qui poursuit Nat durant toute sa vie… Mais l’intérêt du film est de ne pas être aussi manichéen que la plupart des films traitant de l’esclavagisme, qui présentent généralement les maîtres planteurs de coton blancs seulement racistes et sans humanité.

[bctt tweet= »« Il faut voir THE BIRTH OF A NATION comme un devoir, un hommage à la souffrance » » username= »LeBlogDuCinema »]

Le film dresse ainsi surtout le portrait d’une famille de planteurs assez progressiste, traitant plutôt bien ses esclaves. Bien sûr, ils sont conscients des limites qu’ils ne doivent pas dépasser : celles que la société leur impose et celles qu’ils se fixent. Le réalisateur dépeint l’ouverture d’esprit dont ils font preuve en permettant au jeune Nat d’apprendre à lire certains passages de la Bible et de prêcher auprès des siens puis dans les plantations voisines.

Le personnage de Sam Turner (Armie Hammer), élevé avec Nat, est particulièrement touchant. Confronté à l’inhumanité du traitement affligé à leurs esclaves par ses voisins,  brisé par la honte, écartelé entre son état de maître et son empathie, il se noie dans une forme de déni et surtout dans l’alcool. La difficulté de positionner correctement le curseur de son âme le perdra pourtant, comme les pires esclavagistes. Les regards que s’échangent les deux hommes au moment de [SPOIL] [spoiler mode= »inline »] la scène violente du meurtre de Sam en état de sidération, par Nat en état de transe [/spoiler], sont bouleversants. Car pour Nat, pas de pitié.

Photo du film THE BIRTH OF A NATION

De violence il est évidemment beaucoup question dans THE BIRTH OF A NATION et le réalisateur n’épargne rien au spectateur. Il montre les meurtres à la hache, les décapitations, les pendaisons. C’est assez difficile à supporter, même si l’on en comprend la nécessité cinématographique.  Mais on peut aussi détourner le regard et ne pas s’infliger toutes ces scènes. L’émotion est à fleur de peau. Ainsi, on ne se remet toujours pas de la scène épouvantable et pourtant majestueuse des pendus, accompagnée par Strange Fruit de Nina Simone. Il faut voir THE BIRTH OF A NATION, comme il faut voir Le fils de Saul. Comme un devoir, un hommage à la souffrance de ces femmes, hommes et enfants. Parce qu’il faut affronter l’effroi et ne jamais oublier l’histoire et les horreurs dont les hommes sont capables.

Sylvie-Noëlle

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