• Réalisation : Danny Boyle
• Acteurs principaux : Ewan McGregor, Ewen Bremner, Jonny Lee Miller
• Durée : 1h33min
« Choisissez le meilleur film britannique de ces dix années. Choisissez TRAINSPOTTING » nous fait savoir la promo du film. Par habitude et en général, on ne fait pas trop confiance à la promo d’un film. Trop trompeur, trop direct, trop faux. Sauf que dans ce cas présent, la promo ne nous ment pas.
Voilà un film coup de poing, un film rentre-dedans, un film qui nous donne la gerbe, un film qui en veut, un film qui s’en fiche de l’histoire, un film qui se vit, un film qui se regarde. Danny Boyle, réalisateur qu’on a été obligé d’encenser suite à ce long-métrage. Il ne pouvait en être autrement vu la façon dont il a adapté le premier roman de l’écossais Irvine Welsh. L’écrivain fait d’ailleurs une apparition dans le film, il y joue Mikey Forrester, petit dealer qui donne des suppositoires à l’opium à Mark Renton quand ce dernier veut décrocher de l’héroïne.
Ce roman est d’ailleurs très décousu, faits de petits chapitres et rédigé à la première personne. Mark Renton, interprété par Ewan McGregor, en est d’ailleurs le bénéficiaire dans le film. La scène d’intro nous met d’ailleurs tout de suite dans la bain avec une suite mémorable de choix à faire ou non finissant par « J’ai choisi de ne pas choisir la vie. J’ai choisi autre chose. Les raisons ? Y’a pas de raison. On n’a pas besoin de raisons quand on a l’héroïne ».
S’en suit le début du film, l’histoire de jeunes marginaux, écossais, « rebuts de l’humanité » selon Mark Renton. L’histoire de ces jeunes totalement perdus, déconnectés du monde réel. Et l’histoire de l’héroïne. Cette héroïne si présente dans le film qu’on pourrait la sentir en nous. Une certaine façon d’exorciser la drogue, guérir le mal par le mal en nous mettant face à elle, aussi longtemps et aussi intensément que possible. L’héroïne et tout ce qui se trouve dans la phase « après fix » : hallucinations diverses et variées, état latent et psychédélique. Jusqu’au moment où Renton décide pour de bon d’arrêter la came.
Mark « Rent-boy » Renton, Daniel « Spud » Murphy, Simon David « Sick Boy » Williamson, Francis « Franco » Begbie et Thomas « Tommy » MacKenzie. 5 garçons, 5 caractères différents avec un seul et unique point commun : leur addiction à l’héroïne.
Petits Meurtres Entre Amis – de Danny Boyle également – le fera découvrir au grand public, TRAINSPOTTING va littéralement le transcender aux yeux du monde : Ewan McGregor tient là un rôle sur-mesure, loin de Trader, Le Voyeur, Moulin Rouge ! ou la trilogie Star Wars avec laquelle il connaîtra réellement le succès et la renommée. Il habite son personnage et ne le quitte qu’au clap de fin de scène.
Ewen Bremner joue Spud, un brin déjanté et cette douce impression de le voir toujours ailleurs, hors du monde. Il sera 4 ans plus tard aux côtés de Werner Herzog dans Julien Donkey-Boy sorti en 2000.
Il tenait le premier rôle avec Angelina Jolie – les deux partenaires étaient mariés dans la vie – dans Hackers un an avant TRAINSPOTTING, Jonny Lee Miller campe ici Sick Boy, un gars bien en surface mais relativement mal dans sa peau à l’intérieur. Il a deux passions : le cinéma et les filles. L’acteur est le personnage principal de la série Eli Stone.
Robert Carlyle, Franco dans le film, connu avec TRAINSPOTTING, reconnu avec Full Monty un an après. Un acteur poignant et qui le fait savoir à la caméra avec ses envies de toujours chercher les emmerdes, peu importe l’endroit où il se trouve.
Enfin Tommy, le plus sage d’entre les cinq, qui ne touche à rien et qui mène une vie sereine et saine. Jusqu’à ce que lui aussi craque pour la poudre blanche. Kevin McKidd a ensuite poursuivi dans le cinéma avec Dog Soldiers de Neil Marshall par exemple. Il est aussi dans les séries Grey’s Anatomy et Rome.
« « Le » film d’une génération. On ne peut pas s’adonner pleinement au cinéma britannique sans avoir vu Trainspotting. »
Danny Boyle, après avoir réalisé Petits Meurtres Entre Amis, a eu cette idée géniale de transposer cette histoire sur pellicule. Le casting est plus que bien choisi, le montage est carré et décousu à la fois. Certains plans fixes sont calculés au millimètre alors que d’autres ont été tourné dans le rythme de l’action, sans essayer d’être parfaits. Les effets spéciaux sont assez bien réalisés pour la plupart hormis certainement un seul, celui où l’on voit le petit bébé marcher au plafond, perché la tête en bas. Ce bébé au milieu de cette « famille » de drogués, dans un endroit malsain et malpropre…
Il y a une grande place à la bande originale dans TRAINSPOTTING, avec des groupes tout aussi éclectique que grandiose : Iggy Pop, Brian Eno, Primal Scream, Blur, New Order, Lou Reed, Pulp, Elastica, Underworld… L’album de cette B.O. a eu un énorme succès, voire tout autant que celui du film. TRAINSPOTTING ne fonctionne pas sans sa B.O. et la B.O. ne fonctionne pas sans TRAINSPOTTING.
Des clins d’œil font aussi leur apparition, notamment aux Beatles et au film Orange Mécanique de Stanley Kubrick. Par contre cela perdrait tout sens et distraction si on ne vous laissait pas chercher les scènes.
La drogue ne reflète pas seulement la définition première de la chose, à savoir juste prendre son fix, délirer et planer. Le film dépeint avec gravité – mais sans une certaine dose d’humour – le cul de sac, l’impasse dans lesquels vivent ces jeunes. Quand on ne sait plus quoi faire de ces journées, de son temps, on commence à faire tout et n’importe quoi. On veut pouvoir s’échapper, ne serait-ce qu’un laps de temps, à toute cette routine, cet ennui qui pèse sur sa vie. Quoi de mieux qu’un fix pour ça ?
A contrario, on peut se rendre compte du total basculement de vie entre jeunes et parents, qui mènent une existence carrée, soignée, entre repas sur une table avec une nappe parfaitement mise et soirées devant la télévision avec des émissions culturelles. Et là où le bât blesse, c’est que ces derniers ne se rendent absolument pas compte de la vie torturée que subissent leurs enfants.
En conclusion, TRAINSPOTTING est « le » film d’une génération. On ne peut pas s’adonner pleinement au cinéma britannique sans avoir vu TRAINSPOTTING. Danny Boyle a réussi là son premier coup de maître en réalisant un film coup de poing, mélangeant subtilement drame et comédie, avec un casting troublant et suintant de vérité. Ce n’est pas pour rien que le film a été le plus gros succès de l’année 1996 en Grande-Bretagne.
Porno, la suite de TRAINSPOTTING tant au niveau roman – écrit également par Irvine Welsh en 2002 – que film, est en projet par le réalisateur. Gageons que ce dernier saura mieux que quiconque le transposer à l’écran et nous faire revivre à nouveau ces moments d’émotion qu’on ne voit que trop rarement au cinéma.
Yannick
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