un ange acc80 ma table e1442841194562 - [CRITIQUE] UN ANGE À MA TABLE (1990)

[CRITIQUE] UN ANGE À MA TABLE (1990)

Mise en scène
6
Scénario
8
Casting
8
Photographie
7.5
Sensibilité
7.5
7.4

UN ANGE À MA TABLE  a été chroniqué dans le cadre d’une rétrospective consacrée à Jane Campion. Un coffret DVD rassemblant tous les films de la réalisatrice sera disponible à partir du 28 octobre 2015.

Jane Campion s’attache dans son second long métrage UN ANGE À MA TABLE  à suivre la vie d’un personnage réel, l’écrivain néo-zélandaise (1924-2004) Janet Frame, qui a collaboré au scénario du film, Grand Prix du Jury à la Mostra de Venise en 1990.

Un récit découpé en trois parties quasi égales et linéaires, de l’enfance à l’âge adulte qui portent le nom de livres qu’elle a écrit : To the Island, An Angel at my table et The envoy from mirror city.

[toggler title= »Résumé des deux premières parties du film » ]

Les deux premières parties sont les plus intéressantes, fondatrices de l’écrivain qu’elle deviendra. Nous suivons dans son enfance et adolescence très pauvre cette petite fille grassouillette à la chevelure rousse. Les détails des vêtements rapiécés, et du manque d’hygiène sont très bien montrés. A l’école, puis en institut de jeunes filles, elle est, se sait différente, plus sensible que les autres, souffre de la solitude, voire de phobie sociale et pourtant s’y complaît. Elle est toujours en train de dévorer de la nourriture et des livres. Par le regard naïf et décalé qu’elle porte sur le monde, comme observatrice de sa propre vie, son innocence touchante, la complicité a qu’elle a avec son père qui lui offre des livres et la grappe unie qu’elle forme avec ses 3 sœurs, dont les deux aînées décéderont brutalement, nous comprenons pourquoi Jane Campion a choisi de lui consacrer un film. Elle y a retrouvé des thématiques chères à son cœur : la solitude, la famille et plus particulièrement les sœurs, le rapport au corps, la place de l’homme et le désir, la folie, le rapport à la mort. Elle aurait aussi pu creuser le fait que la sœur jumelle de Janet est morte deux semaines après leur naissance.

On la voit faire des études pour devenir institutrice, parce qu’il faut bien gagner sa vie, et échouer lors d’une inspection, mais cela lui permettra d’assumer le fait qu’elle veut être écrivain.

Photo du film UN ANGE À MA TABLE
© SND

Ce qui nous accroche dans la seconde partie, c’est la retranscription très réaliste et sans concession par Jane Campion de l’univers de l’hôpital psychiatrique pour les femmes dans lequel sera internée Janet diagnostiquée schizophrène. Son corps et ses dents qui peu à peu se dégradent, les électrochocs qu’elle subit (plus de 200), la folie de ses comparses, les traitements bizarres effectués par les infirmières et le pouvoir incroyable des médecins des années 50. Mais tant que Janet a de quoi écrire, tout va bien, ce qui n’est pas toujours le cas. Jane Campion porte également un regard dur sur le monde des « valides ». Puis, grâce à un prix littéraire, elle est libérée après 8 années et n’a pas à subir la lobotomie prévue. Elle est alors mise en contact avec l’écrivain Franck Sagerson, qui l’encourage à écrire en l’accueillant, comme un frère et un mentor, chez lui. Cette relation platonique et intellectuelle, de pair à pair, reconnaissant son talent lui ouvre les portes du monde de l’édition. Fin de la seconde partie, elle part en Europe, s’ouvrir au monde.

[/toggler]

La 3ème partie est franchement très ennuyeuse, il est en effet lassant de voir Janet, interprétée par l’actrice Kerry Fox, ouvrir ses grands yeux ébahis devant les paysages, les rencontres, même si cela consolide sa confiance en elle et lui permet de rencontrer l’amour, de subir une fausse couche, de travailler comme nurse dans un hôpital psychiatrique… et en revenant en Nouvelle-Zélande à la mort de son père, de s’affirmer totalement en tant qu’écrivain reconnu. Notre empathie pour cette femme s’émousse réellement à ce moment ! C’est toute la difficulté d’un biopic dont le scénario est écrit par la personne source d’inspiration même du biopic : où est la patte de Jane Campion et où est celle de Janet Frame dans cette partie ?  Cela, on pourrait le savoir en comparant le livre Un ange à ma Table au film.

Photo du film UN ANGE À MA TABLE
© SND

Quant au choix de reléguer l’homme à cette présence presque maléfique capable de sceller en deux mots un destin, en dit long autant sur l’époque, que sur la place de la femme dans la société (quelle que soit l’époque d’ailleurs)
D’un autre coté, Janet Frame est une femme douée, mais sans aucun caractère, qui se laisse aussi porter par ces hommes qu’elle idolâtre mais qu’elle ne connait, ni ne comprend. Ce qui rend d’autant plus bouleversant son destin ! La façon dont est traité le désir est tout aussi fascinante : sa virginité est de ce point de vue la cause de son talent, mais aussi celle de sa perte. Ce désir qu’elle n’assouvit jamais, qu’elle reçoit et/ou transpose dans ce qu’elle peut (chocolats, fantasmes, voisines espagnoles, gramophone, etc.).

Et se faire déflorer n’est plus un moyen de l’assouvir. Il reste chez Janet Frame et pour nous, ce manque, cette sensation d’avoir raté quelque chose. La recherche du désir se transforme chez Janet Frame, en recherche d’amour. Mais au bout de 30 ans, n’est-ce pas un peu trop tard pour découvrir ces choses ?

« Poésie, beauté et magie dans UN ANGE À MA TABLE, film simple et pur, qui retrace la vie d’une personnalité touchante en marge de la société. »

Nous avons regretté la facilité quasi systématique de la part de la réalisatrice de vouloir surprendre et troubler la linéarité du récit par la mort des sœurs ou l’internement, sans presque se soucier de vouloir l’intégrer d’une façon cinématographique, et de prendre un spectateur pourtant acquis à sa cause, en otage par cette décision égocentrique un tantinet opportuniste ! Mais, terminons sur une note positive : certains d’entre nous ont vu poésie, beauté et magie dans ce film simple et pur qui retrace la vie d’une personnalité touchante en marge de la société.

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[divider]JANE CAMPION SUR LE BLOG DU CINÉMA[/divider]

[toggler title= »PORTRAIT DE LA RÉALISATRICE » ]

[dropcap]A[/dropcap]rtiste et cinéaste marquante de ces dernières années, Jane Campion s’est illustrée en parcourant des thèmes singuliers et universels, personnels et communs à tous, originaux et intemporels. Nous profitons de la réédition de sa filmographie en vidéo pour dresser un portrait de la cinéaste à travers l’analyse de l’intégralité de son oeuvre.

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[toggler title= »CRITIQUES DE SES DIFFÉRENTS FILMS » ]

Analyses des courts métrages, Peel, Passionless Moments, A Girl’s Own Story, After Hours et The Water Diary;

Critique des Longs métrages
– SWEETIE, 1989
 UN ANGE A MA TABLE, 1990
– LA LEÇON DE PIANO, 1993
PORTRAIT DE FEMME, 1996
– HOLY SMOKE, 1998
– IN THE CUT, 2003
– BRIGHT STAR, 2009

Critique de la série
TOP OF THE LAKE, 2013

[/toggler]

[toggler title= »INTÉGRALE JANE CAMPION: le contenu du coffret » ]

http://video.fnac.com/a8932259/Coffret-Jane-Campion-12-films-Edition-speciale-Fnac-DVD-DVD-Zone-2ob_d32b08_3d-boxset-br

Contenu du coffret DVD 

Courts métrages :
– PEEL, 1982
– PASSIONLESS MOMENTS, 1983
 A GIRL’S OWN STORY, 1984
– AFTER HOURS, 1984
– THE WATER DIARY, 2006 (inédit, tous territoires)
– THE LADY BUG, 2007 (inédit, tous territoires)
Tissues (inédit, tous territoires)

Séries
– TOP OF THE LAKE, 2013

Longs métrages
– TWO FRIENDS, 1986 (TV)
– SWEETIE, 1989
 UN ANGE A MA TABLE, 1990
– LA LEÇON DE PIANO, 1993
PORTRAIT DE FEMME, 1996
– HOLY SMOKE, 1998
– IN THE CUT, 2003
– BRIGHT STAR, 2009

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[divider]INFORMATIONS[/divider]

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Affiche du film UN ANGE À MA TABLE

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Titre original : An Angel at my Table
Réalisation : Jane Campion
Scénario : Janet Frame, Laura Jones, d’après l’oeuvre de Janet Frame
Acteurs principaux : Kerry Fox, Alexia Keogh, Karen Fergusson
Pays d’origine : Nouvelle- Zélande
Sortie : 28 Mai 2003
Durée : 2h38min
Distributeur : SND
Synopsis :L’évocation de la vie de Janet Frame à travers l’adaptation de ses trois autobiographies To the Is-land, An angel at my tableet The Envoy from Mirror City. Cette femme, issue du milieu ouvrier, fut internée pendant sept ans et dut sa libération à la notoriété que lui apportèrent ses récits.

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[divider]BANDE-ANNONCE[/divider]

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