Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence
© Neue Visionen Filmverleih

[critique] UN PIGEON PERCHÉ SUR UNE BRANCHE PHILOSOPHAIT SUR L’EXISTENCE

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Mise en scène
9
Scénario
5
Casting
9
Photographie
7.5
Musique
7
Note des lecteurs0 Note
0
7.5

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etour aux affaires pour le réalisateur suédois Roy Andersson après 7 ans d’absence et son Nous, les vivants remarqué dans la section Un Certain Regard à Cannes cette année là. Et quel retour puisqu’il rafle le prix du meilleur film, le Lion d’Or, à Venise en 2014 avec UN PIGEON PERCHE SUR UNE BRANCHE PHILOSOPHAIT SUR L’EXISTENCE, un titre à rallonge qui s’inscrit purement dans le style cinématographique du suédois.

Pour ceux qui ne connaissent pas le réalisateur, ce jeune homme de 72 ans est un des génies du cinéma absurde contemporain. Son style, reconnaissable et maintes fois copié sans jamais être égalé, est un mélange de burlesque et de situations absurdes grisâtres filmées en plan large et fixe sans aucune coupe de montage. Ces films fonctionnent par le procédé de grand patchwork de scènes sans forcément de relations narratives entre elles qui dessinent au long du film un sorte de bande dessinée où chaque bulle raconte une histoire dans un cadre fixe, comme un tableau animé en sorte. Roy Andersson a d’ailleurs un longue carrière comme réalisateur de publicités toutes plus hilarantes les unes que les autres. Ingmar Bergman le qualifiait même de « plus grand réalisateur de films publicitaires au monde ». C’est dire si l’homme maîtrise l’art de la pastille vidéo.

© Neue Visionen Filmverleih
© Neue Visionen Filmverleih

Pour un public averti, ce dernier film, d’une trilogie de 15 ans après Nous, les vivants et le plus ancien et primé à Cannes en 2000 par le Prix du Jury, Chansons du deuxième étage, signifie les retrouvailles joyeuses avec un formalisme unique, toujours hilarant et morbide, mais qui, sur le temps du film laisse place à la perplexité. Même schéma que sur ces anciens films, on est happé par l’atmosphère et l’incongruité des situations, les rires se font nerveux face à cet humour noir nordique, puis l’on s’habitue et enfin l’on commence à regarder sa montre. La question du temps et du rythme est symptomatique chez Andersson, il excelle sur la courte distance mais insiste à faire durer sa course. Ca en devient déconcertant mais, en même temps, là réside toute la patte de Roy Andersson, faire vivre des personnages dans une situation incongrue en temps réel comme si le spectateur observait ces personnes à travers une fenêtre.

Par contre, pour un public novice, le choc risque d’être brutal et frontal. Les cadres fixes travaillés tels des peintures, d’ailleurs l’auteur ne cache pas sa fascination pour les peintres Otto Dix et Georg Scholz, les personnages blafards se mouvant tout en flegme et lenteur, la petite musique ridiculisant en leitmotiv et enfin cette réflexion sur l’humain, sa condition et ce qui fait toute sa futilité, peuvent à la fois déconcerter, attirer, passionner mais jamais laisser indifférent.

« Que l’on aime ou que l’on n’aime pas, le geste est là, puissant, intriguant, drôlement étrange. »

En somme, Roy Andersson est joueur avec ce film, il est joueur car il laisse toujours le spectateur entre deux chaises, entre deux silences, entre deux scènes comme pour le laisser partir dans ses pensées. Ainsi, le pigeon perché sur sa branche n’est peut-être pas celui qu’on croirait…
Mais, définitivement, ce cinéma là est encore une preuve que les artistes du 7eme art peuvent proposer des alternatives extraordinaires dans la manière de conter des histoires et nous les faire vivre. Que l’on aime ou que l’on aime pas, le geste est là, puissant, intriguant, drôlement étrange et c’est sûrement ce geste là qui a été justement récompensé à Venise. Bravo !

Les autres sorties du 29 avril 2015

CONNASSE – LE FILMBLINDUN PIGEON PERCHÉ SUR UNE BRANCHE PHILOSOPHAIT SUR L’EXISTENCEL’ÉCHAPPÉ: À LA POURSUITE D’ANNIE LE BRUNLE LABYRINTHE DU SILENCEOUIJA, LE TOURNOITHE BIG LEBOWSKI (ressortie), NOS FEMMESLES OPTIMISTES, etc.

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un pigeon affiche

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Titre original : En duva satt på en gren och funderade på tillvaron
Réalisation : Roy Andersson
Scénario : Roy Andersson
Acteurs principaux : Holger Andersson Nils Westblom
Pays d’origine : Suède
Sortie : 29 avril 2015
Durée : 1h40 min
Distributeur : Les Films du Losange
Synopsis : Sam et Jonathan, deux marchands ambulants de farces et attrapes, nous entraînent dans une promenade kaléidoscopique à travers la destinée humaine. C’est un voyage qui révèle l’humour et la tragédie cachés en nous, la grandeur de la vie, ainsi que l’extrême fragilité de l’humanité…

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