[critique] Une Affaire De Nègres

Nous souhaitons recueillir votre avis sur votre façon de nous lire. Merci de prendre 2 minutes de votre temps en cliquant ici !


Au Cameroun en mars 2000, le Président de la République institue un « commandement opérationnel » pour lutter contre le grand banditisme de la région de Douala. Le commandement procède à des rafles : 1600 personnes disparaissent ou sont tuées. Un an après, neuf jeunes garçons disparaissent.
Le haut-commissaire aux droits de l’homme aux Nations Unies est saisi. Les auteurs de ces rafles sont jugés responsables mais les procédures n’aboutissent pas. Les familles des victimes doivent vivre entre désirs de justice et pressions pour que les crimes soient à jamais effacés de la mémoire collective.

Note de l’Auteur

[rating:7/10]

Date de sortie : 23 septembre 2009
Réalisé par Osvalde Lewat
Film camerounais, français
Durée : 1h30min
Extrait du film : www.uneaffairedenegres.com/extrat-affaire.html

Il est difficile de faire la critique d’un documentaire. Toutefois un mot sur le film d’Osvalde Lewat.
C’est tout d’abord un thème dur qui est abordé, et assez méconnu des occidentaux, à savoir la situation politique en Afrique, et la difficulté du continent à trouver la bonne démocratie à adopter. Et le réalisateur traite avec justesse et poigne ce sujet.
Les témoignages sont bouleversants et effrayants. Bouleversants, pour ce qui est des témoignages des familles des victimes de cette barbarie du « commandement opérationnel ». En effet, c’est avec un certain naturel et sans trop de pudeur et d’émotion que les faits sont relatés.

On y voit la femme d’un des hommes assassinés raconter comment son mari avait été saisi par les forces de ce « commandement opérationnel ». Et juste après ce témoignage, celui effrayant d’un des acteurs de ces drames, à savoir un militaire chargé de tuer ces « bandits de pacotille » mais bandits quand même puisqu’un homme (voisin, ami, membre de la famille), par simple supposition, les avait accusés de vols superficiels.
Et ce militaire de s’empresser de mimer comment il tuait ces hommes innocents ou coupable sans l’once d’une preuve, avec en guise de cadavres, des branches de maïs fanées qu’il est fier de piétiner, et sur lesquelles il clame avec bonheur : « celui là est mort ! Mourez sales traîtres ! ».
Ce qui est également intéressant dans Une Affaire De Nègres, c’est le point de vue des avocats et journalistes qui ont dénoncés ces crimes, et qui les dénoncent encore. Ils apportent par leur témoignage une réflexion sur la politique du Cameroun en particulier et de l’Afrique en général : comment organiser une démocratie ? Est ce que le peuple est en position de voter lorsqu’il est en perpétuelle peur de se retrouver mort sur le trottoir ? Malgré les efforts de politique et de développement, on découvre une Afrique encore trop en proie à l’insécurité et aux meurtres.

Les images sont dures et poignantes. Le réalisateur pousse le spectateur à s’imaginer les cadavres étendus sur les trottoirs des villes ou dans le marché aux poissons qui sert de vide à ordures.
Malgré l’absence de pudeur des familles des victimes, on ressent au fond de nous ce que peuvent vivre ces hommes et ces femmes qui attendent, peut être en vain, une réponse à leurs questions : comment oublier ces crimes ? Une justice peut-elle exister dans un pays qui y aspirent pourtant tant ?

Nos dernières bandes-annonces

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *