Eva a mis sa vie professionnelle et ses ambitions personnelles entre parenthèses pour donner naissance à Kevin. La communication entre mère et fils s’avère d’emblée très compliquée. A l’aube de ses 16 ans, il commet l’irréparable. Eva s’interroge alors sur sa responsabilité. En se remémorant les étapes de sa vie avant et avec Kevin, elle tente de comprendre ce qu’elle aurait pu ou peut-être dû faire.
Note de l’Auteur
[rating:9/10]
• Date de sortie : 28 septembre 2011
• Réalisé par Lynne Ramsay
• Film américain, britannique
• Avec Tilda Swinton, John C. Reilly, Ezra Miller
• Durée : 1h 50min
• Titre original : We Need To Talk About Kevin
• Bande-Annonce :
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=MfB7SKn6xoo[/youtube]
Déroutant et surprenant sont les deux mots qui restent gravés dans nos mémoires dès le commencement du générique de fin et bien après. En regardant la bande-annonce ou en lisant le synopsis de ce film, on ne peut s’imaginer dans quel torrent d’émotions on s’embarque, un torrent loin d’être salvateur qui s’efforce d’exposer la noirceur de l’être humain à travers la relation toxique entre une mère et son fils.
Avec We Need To Talk About Kevin on sait pertinemment que quelque chose cloche, qu’un mal-être ronge chacun des protagonistes présents mais à l’image de cette mère de famille, on n’arrive jamais à mettre le doigt dessus. On sait également qu’un drame s’est produit mais on ne sait lequel même si on sent doute un peu, et encore, la réalité sera bien différente de notre pensée première. C’est donc dans un flou total et permanent que la réalisatrice Lynne Ramsay transporte le spectateur et l’expose à un drame humain aussi déstabilisant que magnétique.
[pullquote]We Need To Talk About Kevin n’a rien d’un drame humain remplis de rayons de lumières salvateurs, la noirceur de l’âme et le pessimisme de l’existence y sont légion et si vous êtes d’humeur dépressive, passez votre chemin sans sourciller.[/pullquote]
La mise en scène très sobre permet de centrer l’attention sur les personnages. Chacun porte un poids mort qu’il est obligé de traîner à ses côtés quotidiennement. L’actrice Tilda Swinton explose à l’écran avec ce rôle de mère écorchée vive qui connait une haine passionnelle et obsessionnelle pour son fils Kevin, une haine qui pourrait la pousser à chaque instant à ôter la vie de sa descendance tout en l’inondant de baisers réellement remplis d’amour. De son côté, le personnage de Kevin est interprété de manière magistrale par deux jeunes acteurs à l’immense talent, les biens nommés Ezra Miller (actuellement à l’affiche de Another Happy Day) et Jasper Newell. Chacun apporte l’authenticité nécessaire pour rendre ce personnage intriguant à la fois extrêmement dangereux pour lui-même et son entourage et attendrissant. Une sorte de « gueule d’ange » capable de vous planter un couteau dans le dos à la moindre occasion. Entre eux, le trop sous-estimé John C. Reilly (Carnage de Roman Polanski) sert de médiateur et donne naissance à des séquences fortes en émotions avec ce constat au combien cruel sur la difficulté de se séparer quand les enfants rentrent dans l’équation.
We Need To Talk About Kevin n’a rien d’un drame humain remplis de rayons de lumières qui laisseraient penser que le calme reviendra après l’orage, la noirceur de l’âme et le pessimisme de l’existence y sont légion et si vous êtes d’humeur dépressive, passez votre chemin sans sourciller. Pour les autres, pour ceux qui ont réussi à pénétrer au plus profond de ce film, We Need To Talk About Kevin laissera un petit goût de chef-d’œuvre au palet. Et ce n’est certainement pas la dernière séquence qui résume en un seul échange entre Kévin et sa mère la complexité d’une vie faite de virages tortueux qui viendra nous dire le contraire. Un exercice de style parfait.