DAKAR CHRONICLES n’est pas un film de rallye. Du moins, pas entièrement. Pas comme une course filmée ou un résumé d’étapes. Le documentaire de Jalil Lespert s’ambitionne plus intimiste, découvrant le mystère derrière une compétition connue pour son imprévisibilité et son caractère accidentel, autant physiquement que psychologiquement.
On le comprend très vite. La caméra ne s’embarrasse pas autant de la poussière du désert que des intérieurs de camping-car, de tentes et de paddocks à voitures. Elle passe son temps à filmer en gros plans les visages, les petites actions, les préparations et les debriefs des étapes. Ce qui intéresse le réalisateur, c’est davantage le sportif que le sport, dont il se sert comme un levier de difficulté et de pression extrêmes pour filmer les pilotes dans leurs retranchements.
Des pilotes d’ailleurs qu’il choisit : Sébastien Loeb, Toby Price, Mason Klein, Seth Quintero, Nasser Al-Attiyah, Christina Gutiérrez, Carlos Sainz. Que des noms qui claquent ! Et qui rappelle une grande diversité de catégories, d’expériences et surtout de générations.
Dakar Chronicles, trop beau pour être vrai
Malgré tout, à côté de ses ambitions d’émouvant et de personnel, le réalisateur de Yves Saint Laurent, ne peut s’empêcher d’impressionner. Parce que le Dakar reste un rallye, qui plus est, dans les montagnes chaudes d’Arabie Saoudite. Entre blessures d’après étapes et préparations mentales, Jalil Lespert s’autorise à filmer au drone d’immenses espaces orangés, souvent en slow-motion pour accentuer les envolées de sables. Il suit les véhicules, icônise la conduite et rend le tout idyllique, bien loin des difficultés décrites dans le paddock.
Et c’est en cela justement, que le documentaire perd de ses convictions. Il montre les étapes au propre, avec cadrages maîtrisés et paysages de rêves. Lorsqu’une voiture s’embourbe ou qu’un accident à lieu, la caméra reste en retrait, la musique aussi. Le drone n’insiste pas sur les douleurs, il se contente de les décrire froidement. Ce deux poids, deux mesures, empêche de vraiment ressentir et peut rapidement rendre le spectateur insensible aux désillusions, pourtant bien réelles, des pilotes.
Un mystère à moitié résolu
Alors finalement, DAKAR CHRONICLES découvre-t-il réellement tant que ça, les dessous d’une compétition qui dure depuis maintenant 46 ans ? Tout dépend pour qui. Car il montre bien l’intimité de pilotes légendaires du Dakar – Sébastien Loeb, Toby Price,… – leurs down, leurs désillusions,… Mais il veut peut-être aussi parfois tellement en montrer qu’il finit par flotter à la surface.
En seulement une heure trente minutes, le documentaire filme 7 personnalités légendaires. Des discours qui se répètent donc, à coups de perte de motivation, de dangerosité du rallye et de déception. Des messages légitimes, sensibles, mais qui, à la chaîne, font factices.
Le film peut être une bonne porte d’entrée pour un novice des sports automobiles, ou pour un fan qui chercherait à voir quelques insides du Dakar 2023. Malheureusement, il peut s’avérer décevant pour celui qui viendrait y chercher un pur plaisir de la vitesse, des sensations fortes ou même des mystères profonds entourant la course automobile la plus dangereuse au monde.
Etienne SCHNEIDER